Les plantes aromatiques et médicinales au Maroc

Aperçu sur la filière

La filière des plantes aromatiques et médicinales (PAM) au Maroc regorge de potentiel grâce à la diversité des espèces. Ainsi, plus de 4.200 espèces ont été identifiées dont 800 endémiques et 600 classées comme produits à usage médicinal et/ou aromatique, ce qui lui a permis d'être classé deuxième mondialement après la Turquie (Selon l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques, 2021).

Les productions annuelles sont arrivées à 140.000 tonnes tout en procurant des revenus alternatifs aux communautés locales, générant en moyenne quelque 500.000 journées de travail/an (Selon l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques, 2021).

Évolutions de la filière

Productions

La production est globalement assurée par les PAM spontanées, alors que la part des PAM cultivées demeure très faible (2%). La culture des PAM est répandue dans plusieurs régions du pays et concerne environ une trentaine d'espèces.

Répartition géographique des principales PAM naturelles actuellement exploitées au Maroc

Plante Zone de production
Thym Agadir, Azilal, Marrakech
Romarin Oujda, Taza, Boulman, Khenifra
Caroubier Azilal, Beni Mallal, Taza, Khenifra, Sefrou
Lichen Beni Mallal, Khenifra, Ifran, Taounat,
Armoise Agadir, Errachidia, Ouarzazate, Oujda
Laurier sauce Tétouan, Beni Mellal

Source : Département des Eaux et Forêts, 2016

La production de PAM met en exploitation aussi bien les plantes spontanées que les plantes cultivées, fraiches ou séchées. Selon les chiffres déclarés par l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques, les quantités moyennes cédées annuellement sont estimée de 140.000 tonnes.

Comme il a été indiqué plus haut, la cueillette des plantes spontanées représente plus de 98 % de la production nationale. Cette catégorie englobe une large gamme de plantes dont les plus importantes sont le thym, le romarin, le caroubier, la menthe pouliot, l'origan, l'arganier et les feuilles de laurier. Parmi les principales PAM cultivées au Maroc, on peut citer: le géranium, la lavande, la rose, le jasmin, la verveine, la menthe et le safran.

EXPORTATIONS

Actuellement, le Maroc est classé 12ème exportateur mondial des PAM avec 52.000 tonnes de plantes et 5.000 tonnes d'huiles. Les principales destinations des exportations marocaines en PAM sont le marché de l'UE et les Etats Unis, mais l'ouverture sur d'autres destinations (Japon, Canada, Suisse, Espagne, Allemagne) a permis d'augmenter les volumes (Selon l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques, 2021),. (Cf. graphique ci-dessous).

Exportations des PAM par marché en volume

Source : Département des Eaux et Forêts, 2016

Plus de 50% de ces exportations concernant le secteur alimentaire (caroubier, épices, arômes ...), alors que 35% sont destinées à la parfumerie et la cosmétique contre environ 5% sont exploitées pour leurs propriétés médicinales (Cf. graphique ci-dessous).

Structure des exportations de PAM

Source : Département des Eaux et Forêts, 2016

Les recettes à l'exportation sont de l'ordre de 615 millions DH. A noter que le romarin est le produit le plus demandé avec une part des PAM exportées de 63%, suivi du Thym avec 24% (Selon le Département des Eaux et Forêts, 2018),

Ainsi, les deux graphiques suivants illustrent les évolutions des exportations totales des PAM et des huiles essentielles (HE) (2002-2014):

exportations totales PAM et huiles

Source : Département des Eaux et Forêts, 2016

Depuis l'année 2005, les exportations marocaines des PAM connaissent une augmentation importante. Ainsi, la valeur des exportations de PAM est passée de 67 MDH en 2002 à 233 MDH en 2014. La valeur des exportations des HE quant à elle est passée de 62 MDH en 2005 à 139 MDH en 2014. En 2017, cette valeur à passer à près de 280 millions de DH. Selon le Département des Eaux et Forêts, les exportations de PAM pourraient atteindre 500 millions de DH à l'horizon 2030.

IMPORTATIONS

Selon le Département des Eaux et Forêts, les principaux produits importés concernent les condiments dont, à part le cumin, l'importation ne peut être remplacée par des productions locales. Il s'agit du poivre qui vient en tête avec 43% des quantités globales importées suivi du gingembre (16%), du cumin (12%), du curcuma (9%), de la cannelle (9%) et du girofle (5%).

ACTEURS DE LA FILIÈRE

Au Maroc, les principaux acteurs économiques de la filière PAM sont :

  • Coopératives PAM : mode d'organisation initié avec l'appui du Département des Eaux et Forêts Département des Eaux et Forêts Département des Eaux et Forêts Département des Eaux et Forêts Département des Eaux et Forêts qui leur donne la priorité en matière d'adjudication des nappes de collecte. Ces coopératives procèdent à une première transformation des matières premières selon les équipements et les moyens dont elles disposent. Celles ayant bénéficié de l'appui de bailleurs de fond sont arrivées à s'acquérir des technologies et équipements avancés pour la transformation de PAM ;
  • Intermédiaires : individus ayant une bonne connaissance des régions de collecte des PAM et disposant d'une importante assise financière. Ils travaillent généralement pour le compte des unités industrielles ;
  • Les professionnels du secteur : plus ou moins spécialisés dans le domaine des PAM, qui opèrent dans les diverses régions du pays. Disposant d'assise financière suffisante, ces professionnels arrivent à écouler directement leur production sur les marchés étrangers. Ils exploitent chaque région soit directement soit par l'intermédiaire de collecteurs de la région et disposent d'antennes dans plusieurs villes du Royaume.

Organisation de la filière

Depuis 1995, l'organisation de la filière a connu une grande évolution :

  • Association pour le Développement des Plantes Aromatiques et Médicinales du Maroc (ADEPAM), crée en 1995 ;
  • Société Marocaine des Plantes Aromatiques et Médicinales, créée en 2006 ;
  • Association Marocaines des Herboristes, créée en 2006 ;
  • Création de plusieurs associations et coopératives féminines ;
  • Création de plusieurs GIE et coopératives locales, avec l'appui du Département des Eaux et Forêts ;
  • Création, en 2015, de la Fédération Nationale des Coopératives des Plantes Aromatiques et Médicinales du Maroc (FENACOPAM).

La transformation

Le secteur des PAM au Maroc se caractérise par la présence d'un grand nombre d'unités de production de petites et moyennes tailles et qui, pour la plupart, ont vu le jour ces trois dernières décennies. Il s'agit principalement :

  • Des sociétés étrangères ou filiales de groupes étrangers spécialisées dans la production de molécules naturelles, d'infusettes et dérivés de PAM et dont le nombre est réduit à quelques unités ;
  • Des sociétés agro-industrielles marocaines qui essayent de couvrir tous les maillons de la filière depuis la culture passant par la transformation jusqu'à la commercialisation. Leur nombre est également limité et elles sont basées généralement dans les grandes agglomérations (Casablanca, Marrakech) ;
  • Des sociétés spécialisées dans la commercialisation des plantes séchées que ce soit de culture (verveine, bouton de roses, fleur d'oranger, sauge, feuille de vigne rouge, feuille d'olivier, fleur de cactus, racine d'iris, …) ou spontanées (romarin, myrte, menthe pouliot, mauve, ...) ;
  • Des sociétés spécialisées dans l'extraction des huiles essentielles et extraits aromatiques.

La commercialisation

Deux circuits de commercialisation sont à distinguer : La vente directe au consommateur et le négoce en vrac avec une prédominance de ce dernier.

a. Le négoce en vrac : La quasi-totalité de la production marocaine des PAM est exportée sur des marchés internationaux par le biais de négociants. Ces sociétés exportatrices assurent généralement le contrôle de qualité, le nettoyage, le tri du produit avant son emballage final.

b. La vente directe aux utilisateurs et aux consommateurs : La vente aux laboratoires, herboristes, prescripteurs et consommateur final ne représente qu'une faible portion et ne concerne que les produits prêts à l'utilisation.

Stratégie de développement

Le Département des Eaux et Forêts a mis en place, depuis 2009, une stratégie de développement de la filière qui repose sur plusieurs piliers, à savoir :

  • La consolidation des connaissances actuelles et leur développement pour aborder de manière professionnelle le marché. C'est à ce titre que le Département des Eaux et Forêts, en collaboration avec le PNUD, a préparé un plan décennal 2015/2024 comprenant la mise en place d'une cartographie nationale des ressources en PAM, ainsi qu'une échelle de priorité par rapport aux espèces les plus importantes ;
  • L'optimisation de la production et de la commercialisation en vue d'une meilleure valorisation des PAM marocaines ;
  • La réglementation, l'organisation et l'encouragement du secteur pour préparer un cadre à la fois adéquat et stimulant pour les professionnels et protecteur de la ressource ;
  • La promotion et l'animation du secteur tout en créant des synergies positives avec d'autres secteurs ;
  • La promotion des populations locales, la préservation et la gestion durable de la ressource.

Il s'agit essentiellement de préparer le secteur à opérer le passage d'un secteur fournisseur de matières premières non transformées à un véritable secteur industriel, offrant des gammes de produits de qualité, à forte valeur ajoutée, destinés aussi bien au marché local qu'au marché international.

Avec la création de l'Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques (ANPMA) en 2015 par la loi 111-12, l'Agence a élaboré sa stratégie d'intervention sur le moyen terme (2018-2022). La vision globale de cette stratégie vise la pérennité et la préservation de la ressource, à travers des programmes de recherche visant la domestication et la mise en culture, et la définition des thèmes de recherche répondant aux préoccupations des industriels ; l'objectif étant d'opérer le passage d'un secteur fournisseur de matières premières à un véritable secteur industriel modernisé.

Les axes stratégiques de l'Agence visent à :

  • Promouvoir la recherche développement innovante en PMA ;
  • Coordonner la recherche dans un cadre de complémentarité ;
  • Assurer l'expertise (analyses, études…) ;
  • Dispenser les formations pour renforcer les capacités d'un public cible varié ;
  • Améliorer les systèmes de commercialisation de la production scientifique attendue ;
  • Mobiliser des partenariats (Coopération Nationale et Internationale.

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