Potentialités de l'aquaculture marocaine

Poisson

Introduction

Actuellement, la production aquacole marocaine est de l'ordre de 1500 t, dont 1000 t en loups et daurades sont réalisées par la Société MAROST et 250 t d'huitres par les parcs ostréicoles de Oualidia.

Alors qu'on assiste globalement à un développement rapide du secteur aquacole à travers le monde, au Maroc, sur une vingtaine de projets déclarés aucun n'a réussi à devenir complètement opérationnel. Cette situationtr aduit qu'il n'existe pas encorea u Maroc un véritable secteur aquacole.

En dépit du fait que le Maroc est un grand pays de pêche (800.000 Van), il a besoin plus que jamais, d'une stratégie pour le développement de son aquaculture. Rappelons que des pays comme la Tunisie où la pêche ne dépasse pas les 80.000 Van, ont opté depuis longtemps pour le développement de l'aquaculture pour pouvoir satisfaire les besoins nutritionnels de la population.

Toutefois, même dans un pays où la production de la pêche est importante, l'aquaculture ne doit pas être marginalisée.D 'oÙ la nécessité d'élaborer une nouvelle stratégie avec l'engagemednet I'Etat de se doter des moyens nécessaires au développement du secteur dont l'impact est certain sur I'économie, l'emploi, la préservation du littoral et de la biodiversité halieutique, ainsi que sur la reconstitution et des stocks

Relation pêche-aquaculture

II n'y a ni opposition ni concurrence entre la pêche et l'aquaculture. Les deux activités sont même complémentaires, étant donné que l'aquaculture peut s'adresser à des espèces non produites par la pêche, telles l'huître japonaise, la coquille saint-Jacques ou produites en quantité insuffisante tel le turbot, le loup, la daurade etc. En augmentant la production de ces espèces, l'aquaculture serait en mesure de générer des revenus économiques et de créer des emplois

Aménagement des zones littorales

L'aquaculture peut également contribuer à la valorisation des certaines zones du littoral en les réservant à des projets déterminés, à l'image des lagunes de Moulay Bousselham et Sidi Moussa et dans un proche avenir la baie de Dakhla.

C'est la cas aussi du projet initié par I'INRH et le Ministère chargé des Pêches Maritimes visantl a régénération des stocks de palourdes disséminées le long du littoral atlantique et qui souffrent actuellement d'une pêche intensive pratiquée de manière désordonnée. II a été décidé dans ce domaine de passer à la production de naissains de palourdes dans une écloserie dans le but de repeupler le littoral. Ce projet aura également une portée socio-économique, en effet, le but est d'intégrer les ramasseurs de palourde pour en faire des petits aquaculteurs qui ne seront plus nocifs pour le littoral, mais utiles pour son repeuplemenetn cette espèce

Impact sur l'environnement et la biodiversité

Une aquaculture judicieusement bien gérée contribue également à la protection de l'environnement et de la biodiversité. Elle protège l'environnement en empêchant l'urbanisation sauvage et l'installation d'activités industrielles polluantes. Elle protège la biodiversité en favorisant le développement d'un nombre diversifié d'espèces marines.

A titre d'exemple, les moules sont actuellement ramassées dans des conditions qui rendent difficiles la surveillance. En développant une aquacultured e moule, on faciliterait considérablement la surveillance et on améliorerailta qualité de la production.

L'aquaculture présente aussi l'intérêt de contribuer à la reconstitution et à la régénération des stocks qui font l'objet d'une surexploitation. Certaines espèces constituant ces stocks sont même menacées de disparition. L'aquaculture peut venir en aide car il est possible de produire des alevins ou des naissains de manière artificielle dans des installation aquacoles avant de les remettre dans le milieu naturel pour régénérer les stocks. C'est la cas de la reconstitution des stocks de thon rouge, faisant l'objet du Projet d'Elevage du Thon Rouge à M'diq, entrepris dans le cadre de la coopération maroco-japonaise.

Potentialité du Maroc en aquaculture

Le développement del' aquaculture peut être orienté comme su

La Pisciculture (élevage de poissons

Augmenter la production marocaine en daurades, loups, sars etc., en encourageant la création de petites entreprises de grossissement dans les sites potentiels, tel que : Jebha, Ras Kebdana, M'Diq etc. Le regroupement de ces entreprises en coopératives pourra être bénéfique pour faire face à la concurrence du marché méditerranéene t contribuerà la baisse des coûts de production.
Tenter des essais d'élevage d'autres espèces (le turbot, la sole, le mérou, la sériole, etc.), en vue d'inciter le secteur privé à se lancer dans de nouveaux créneaux aquacoles. Ce qui permettra une diversification de l'offre marocainet la mise en valeur de son potentiel technique. Des expérimentations pourraient être entreprises dansle cadre de I'écloseried u Projet d'Elevage duT hon Rouge à M'Diq

La Conchyliculture

  • Vénériculture (élevage de palourdes)
    La récolte de la palourde représente l'activité principale dans les lagunes de Sidi Moussa et de Moulay Bousselham, ainsi que dans la baie de Dakhla. Ces stocks de palourde sont dans un état de surexploitation et risquent, à terme, de disparaitre complètement de ces sites. De ce fait, il faut envisager tout d'abord l'aménagement de ces ressources et leur exploitation du manière rationnelle ; ensuite une aquaculture extensive pour la reconstitution des gisements de palourde. Comme cette espèce est tres appréciée par le marché européen, il est recommandable de développer, dans une deuxième phase, une aquaculture intensive. L'élevage de palourdes peut être développé dans les zones basses des estuaires et des lagunes de la cote Atlantique qui sont facilement aménageables. Trois sites sur l'Atlantique peuvent être considérés dans ce sens, à savoir : les lagunes de Moulay Bousselham et de Sidi Moussa ainsi que l'estran de la baie de Dakhla.
  • Ostréiculture (élevage de I'huitre)
    Compte tenu de l'importance du site ostréicole de Oualidia, un plan de conservation et de protection de cette lagune est nécessaire. Une production à I'échelle industrielle de l'huître peut être développer dans la baie de Dakhla. Cette production viserait plutôt la production de produits dérivés (concentrés de protéines d'huîtres), plus que la consommation en frais.
  • Mytiliculture (élevage de la moule)
    Le développement de la mytiliculture le long du littoral national est à envisager, pour répondre'aux besoins du marché local et pour l'amélioration de cette espèce. Elle peut aussi contribuer à moyen terme à un contrôle sanitaire efficace de ce coquillage. Plusieurs sites en offshore sont disponibles pour ce genre d'aquaculture.
  • Pectiniculture (élevage de la coquille Saint-Jacques)
    L'élevage de cette coquille pourra être réalisé aussi bien sur les sites semi-abrités de la côte Méditerranéenne, que sur la côte Atlantique (Baie d'lmmessouane, lagune de Khnifiss, Baie de Dakhla, etc.).

Crustacés

  • Peneiculture (élevage de crevettes)
    Les estuaires de l'oued Tahadart et de Loukkos et la baie de Dakhla, ainsi que certaines salines (salines d'asilah, salines de Sidi Moussa, etc.),disposent de sites potentiels pour l'élevage de crevettes. A part les expériences de MAROST et de la SAM, la pénéiculture n'est pas encore parfaitement maîtrisée au Maroc, et ce, à cause des conditions climatiques qui règnent au Maroc et qui ne permettent pasu ne production concurrentielle aux pays asiatiques. II serait souhaitable de tester cet élevage sur une petite échelle et sur certaines espèces appropriées, avant d'inciter les industriels à s'y lancer. L'identification des espèces adaptéesà la fois aux conditions locales et d'intérêt commercial ainsi que la mise au point des techniques d'élevages, peuvent être réalisées par une unitdée recherche spécialisée dans ce secteur.
  • Elevage #Artémia salina
    Dans le cadre du programme destiné à la mise au point d'aliments aquacoles, la lagune de Khnifiss constitue un important site potentiel pour l'élevaged u crustacé Artemia salina.
  • Algues
    Algoculture (élevage des algues) Le littoral d'El jadida, le site d'Essaouira Kadima ainsi que la Baie de Dakhla, peuvent abriter des cultures d'algues rougese n vue de la production d'agaragar et de caraghénanes

Cadre institutionnel du développemen

Intégration des activités aquacoles danlse schéma d'aménagementd u littoral national. Mise en place d'un environnement institutionnel capable d'aider les investisseurs à bénéficier de prêts à taux préférentiels, un accès plus au moins facile aux concessions ou au foncier.

L'institution d'une réglementation portant sulr' aspect sanitaire des produits aquacoles.
Clarifier les rôles et les missions de chaque Département intervenant dans les processus visanàt délivrer les autorisations aux projets d'aquaculture déposés par des investisseurs.

Mise au point des réglementions concernant la protection de l'environnement marin littoral qui vont contribuer à donner à l'aquaculture marocaine un label de qualité. Dans ce cadre général, des études d'impact des installations aquacoles seront nécessaires pour l'autorisation de l'exploitation et l'autorisation de rejet. Pour cela, des normes des éléments polluants sont à établir en fonction des capacités du milieu et des conditions de leur contrôle.

Mise en place graduelle d'un système de formation efficace donnant des réponses concrètes et adaptées aux demandes de qualification dans le secteur économique. Le nombre très restreint de projets actifs dans ce domaine ne justifie pas actuellement la mise en place d'un véritable Centre de formation.
Mise en place d'un guide d'information destiné aux promoteurs potentiels.

Recherche scientifique et technique en aquaculture

Parmi les actions que I'Etat doit mener pour assurer le développement du secteur de l'aquaculture,
la recherche scientifique et technique occupe une place capitale.
Mise en place d'une stratégie de recherche en aquaculture au sein de I'INRH, tout en donnant à cet Institut les structures nécessaires et les moyepnosu r la réalisation de cette stratégie. Compte tenu des investissements très lourds réalisés dans la station de M'Diq, il serait souhaitable, dés la fin du projet Marocco-Japonais, de l'orienter en Station de Recherche et de Développement en Aquaculture qui aura pour mission d'entreprendre des recherches approfondies dans les domaines suivants :

Elevage larvaire

  • (i) La mise au point des systèmes d'élevages.
  • (i) La recherche de formulations d'aliments adaptés.
  • (iii) Elevage et alimentation dejse unes stades de poissons.

La nutrition de poissons

L'aliment absorbe couramment plus de la moitié des coûts de la production de l'aquaculture.
L'aliment utilisé pour l'aquaculture marocaine est importé ce qui double encore les coûts. cDee fait, il est indispensable d'envisager des recherches danles domaine de la nutrition de poissons surtout que le Maroc dispose de la farine de poissons qui est la matière de base.

En outre, cet aliment doit être utilisé d'une fac;on à réduire les dépenses aussi bien que réduire les rejets. Pour faire face donc à ce problème, un laboratoire de nutrition de poissons est nécessaire dans lequel des recherches peuvent être entamées sur :

  • (i) Détermination des besoins alimentaires et du rôle nutritionnel des apports alimentaires (besoins en protéines et en acides aminés, utilisation des glucides, alimentations lipidiques).
  • (i) Modalités de couverture de besoins (recherche de produits de substitution de la farine depoissons).

La pathologie de poissons

  • (i) Etude de certaines flores bactériennes qui ont un impact direct sur l'élevage des poissons cultivés.
  • (i¡) Etude des phénomènes de nitrifications dans le système d'élevage des poissons.

Le laboratoire central de I'INRH devrait aussi s'occuper des aspects suivants :

  • interaction entre l'aquaculture et l'environnemen; t
  • I'établissement des normes pour les éléments polluants sur les quelles se basent les autorités concernées pour délivrer un permis d'élevage aux intéress
  • contrôle sanitaire au moyen du Réseau de Surveillance de I'INRH

Autres actions

  • (i) L'évaluation des stocks coquilliers naturels.
  • (i¡) Les études de génie génétique.
  • (iii) Les actions de repeuplement des stocks de palourde.
  • (¡v) Les études relatives au fonctionnement hydrodynamique et écologique des sites potentiels en aquaculture.
  • (v) Orienter les investisseurs vers une aquaculture moins coûteuse capable de fournir une offre concurrentielle en termes de quantité, de qualité et de prix. Pour cela, des études économiques très rigoureuses s'avèrent primordiales, afin de déterminer les choix qui se posent en matière de dimensionnent des entreprises, de niveau d'intégration, de diversification et d'organisation de la production

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Source : www.vulgarisation.net - www.legume-fruit-maroc.com