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Assemblé Générale de l’ASPAM

(20/12/2018)

Assemblé Générale de l'ASPAM

Un bilan positif après 60 ans d'existence, malgré la faiblesse des moyens

Sous le thème "Amélioration de la rentabilité et de la compétitivité du secteur" l'AG ordinaire de l'Association des Producteurs d'Agrumes au Maroc s'est tenue à  Casablanca le 11 Octobre dernier pour examiner l'évolution du secteur agrumicole, ses problèmes et ses perspectives.

Dans son discours d'ouverture, M. Abdellah JRID, Président de l'ASPAM, a indiqué que cette assemblé coincide avec le 60éme anniversaire de la création de l'ASAM, première association professionnelle au Maroc, juste après l'indépendance en 1958. Il a également rendu hommage aux précédents présidents de l'association et proposé la lecture de la Fatihaà  la mémoire de tous ceux qui ont oeuvré pour créer et pérenniser l'ASPAM.

De même, au cours de son histoire, l'association a contribué à  des étapes marquantes pour l'agrumiculture marocaines parmi lesquelles :

- 1964 : participation à  la création de l'OCE

- Début des annèes 1970, participation à  la récupération des terres de la colonisation

- Fin des annèes 1980 réunion de réflexion à  Béni Mellal à  l'initiative de feu Hassan II sur la libéralisation du secteur des exportations

- Création de la fédération du secteur des agrumes "Maroc Citrus"

- 2008 : signature du contrat programme lors de la 3ème édition du Siam

- 2014 : participation à  la mise en place du comité de coordination des exportations, ayant un rôle fondamental dans la création des équilibres dans le secteur de l'export d'agrumes,

Les réalisations dépassent les prévisions

Dans une évaluation du contrat programme, M. Jrid a souligné que le secteur a connu un empressement des agrumiculteurs dans le choix des espéces et variétés lors des plantations. Il en résulte qu'aujourd'hui, on vit le problème des clèmentines  avec l'arrivée sur le marché de quantités importantes sur une période très courte. A signaler que l'extension du verger agrumicole a dépassé les prévisions du contrat programme qui prévoyait 105.000 ha pour 2020 alors qu'aujourd'hui les superficies d'agrumes ont atteint 126.000 ha, soit une croissance de 20% par rapport à l'objectif et de 47% depuis la signature du contrat-programme. Cependant, le renouvellement des plantations n'a pas atteint les objectifs fixés. De même, l'export a augmenté légèrement en passant de 650.000 tonnes en 2016-17 à 677.000 tonnes en 2017-18. Cependant, le développement des marchés reste insuffisant pour écouler l'importante production.

Il a également rappelé que L'ASPAM a organisé en 2017 à  Agadir les premières journées d'agrumes et qui ont permis d'adopter une série de recommandations dont la mise en oeuvre est en cours et qu'elle prévoit l'organisation des deuxièmes journées à  Berkane en février 2019.

Continuer la mobilisation

Pour sa part, M. Ahmed Ouayach (président de la Comader) a rappelé le rôle jouépar l'ASPAM depuis sa création aprés l'indépendance du Maroc et les conditions de sa création et qu'elle a été  la base de la création de la Comader, dont elle a assuré la présidence pendant des années. Aujourd'hui, estime M. Ouayach, le secteur agrumicole fait face à de nombreux défis :

- Problèmes de commercialisation

- Problématique de l'eau d'irrigation

- Entrée en production de nouvelles superficies

- Les banques ne jouent pas leur rôle dans le financement de l'agrumiculture

- Entrée en application des impôts en 2020

- Nécessité d'améliorer la rentabilité et la compétitivité du secteur par rapport à  la concurrence

- Problèmes politiques : affaires avec la justice à l’international

En tout cas, la Comader assure l’ASPAM de son soutien !

 Les petits fruits en difficulté

Concernant la commercialisation des petits fruits, M. Kacem Bennani Smires (Président de l‘Association des exportateurs, a indiqué que, avant 2008, les conditions étaient bonnes, mais que depuis et avec le PPP, de grands investissements on été effectués et aujourd’hui on est à 35 millions d’arbres d’agrumes dont plus de 50% en clémentines, dont la production est concentrée sur 5 semaines. Il a ainsi souligné qu’à l’avenir il faut s’attendre à de nombreuses difficultés :

- Le calibre 6 qui s’exportait précédemment ne l’est plus aujourd’hui. En plus et à l’instar de l’Espagne qui a arrêté le calibre 5 le Maroc devrait aussi y arriver bientôt. NB : les producteurs espagnols laissent le petit calibre sur l’arbre soit jusqu’à ce qu’il tombe ou qu’ils l’enlèvent lors de la taille

- Les conditions de production font que les quantités produites augmentent régulièrement et avec elles le petit calibre

- Malgré les forts tonnages produits, les exportations restent normales: 200-250.000 tonnes

- Plusieurs pays ont planté de grandes superficies : Turquie, Chine, Amérique latine, …

- Sur notre principal marché, la Russie, la Turquie nous concurrence avec des coûts de production et des prix de vente inférieurs aux nôtres

- Nous devons donc opter pour la qualité pour compenser ce handicap

- Le système marocain de coordination, qui n’existe dans aucun autre pays, est un grand avantage et a permis le développement sur le marché russe et américain (US) où on est passé de 20 à 100.000 t

- En cas de réduction de nos exportations sur la Russie, il faudra chercher de nouveaux marchés,

- L’Espagne vend directement aux supermarchés européens avec un conditionnement en filets que le Maroc ne peut pas proposer en raison du surcout. D’où la nécessité d’aides pour pouvoir continuer à exporter,

- La transformation de la clémentine reste faible. Des efforts ont été faits pour la mise en place d’unités de jus mais le prix de la matière première reste élevé par rapport à la concurrence. Ainsi l’Egypte exporte au Maroc des jus à moitié prix par rapport au prix local,

- Les exportations vers l’Afrique se limitent essentiellement aux écarts de triage ne supportant pas les conditions de transport. La mauvaise qualité commercialisée nuit à la réputation du produit Maroc. Il faudrait procéder à une étude en vue d’intégrer cette activité informelle dans le secteur formel pour une meilleure qualité,

- Problème du thrips apparu dernièrement dans le Souss et qui impacte l’export en augmentant le taux des écarts de triage.

 Des défis techniques à relever

M. Mustapha Zemzami, Directeur technique des Domaines Agricoles, intervenant en tant que Responsable de la commission agrotechnique de l’ASPAM, a indiqué que face à de nombreuses difficultés, la plupart des pépinières membres de l’association ont fait faillite. A ce jour, il n’en reste plus que 2. Il a également annoncé, dans le cadre des activités de la commission technique de l’ASPAM, que 40 journées techniques ont été organisées au cours des trois dernières campagnes avec la présence de 3.000 participants dans différentes régions de production. Elles ont porté essentiellement sur les techniques de récolte, la taille (surtout de la clémentine), la fertilisation, l’irrigation, la lutte contre es acariens (qui augmentent les écarts), …

De même, et parmi les problèmes nouveaux :

- L’apparition du Thrips, encouragé par les conditions climatiques favorables cette année avec une faible réactivité des professionnels due en partie au fait qu’il est indétectable au début de la production. A signaler que Nadorcott n’est pas touchée par le thrips et assure les meilleures recettes par rapport aux autres variétés

- Le Greening qui n’existait pas dans la région méditerranéenne a fait son apparition en Egypte et risque à l’avenir de s’étendre à d’autres pays dont le Maroc. Les moyens de lutte sont très compliqués et inexistants chez nous d’où la nécessité d’être vigilants par un contrôle strict et la prévention pour éviter son apparition au Maroc.

 Un bilan encourageant malgré les contraintes

Dans sa présentation des rapports d’activités de l’association au cours des 3 dernières campagnes, M. Ahmed Derrab, SG de l’ASPAM, a fait lecture des principales actions menées et donné des indication chiffrées sur l’évolution du secteur agrumicole marocain.

Il a ainsi indiqué que la poursuite de la mise en œuvre du contrat programme 2009-19 a entraîné l’augmentation progressive de la production (en Millions de tonnes) : 2 en 2015-16, 2,336 en 2016-17, 2,4 en 2017-18 et des prévisions de 2,6 Mt annoncées par le ministère de l’agriculture pour 2018-19. L’association a continué le suivi des conditions climatiques, des estimations de production et d’exportations ainsi que l’encadrement des producteurs, à l’exemple des 40 actions de formation, d’information et de sensibilisation qui ont été organisées au cours des 3 derniers exercices dans différentes régions agrumicoles du royaume (Souss, Marrakech, Béni Mellal, Gharb et Berkane). Les sujet abordés concernaient : cueillette, taille, fertigation, sauvegarde de la qualité, traçabilité, lutte contre les maladies et ravageurs des agrumes, en particulier la cératite qui a posé dernièrement des problèmes d’exportation (USA, Russie). Ainsi, des projets importants sont en cours au sein de la profession pour maitriser cette mouche (piégeage de masse, construction d’une unité de production de mâles stériles à Agadir, mise en place des certifications et des polygones). Ainsi, et malgré la faiblesse de son financement, l’ASPAM a maintenu également l’activité des bureaux des sections régionales et de leurs techniciens afin de garder le contact avec les producteurs et leur apporter le soutien technique, l’information, l’encadrement et l’accompagnement dont ils ont besoin.

Par ailleurs, l’ASPAM, par la participation à plusieurs réunions avec le ministère, assure le suivi de la réalisation du contrat programme agrumes 2009-19. Dans ce cadre, il faut signaler :

- L’augmentation des superficies à 126.000 ha en 2017-18 alors qu’elles étaient de 83.000 ha en 2007-08 avec une orientation des producteurs vers la plantation des petits fruits au détriment des oranges, ayant entrainé la crise de la clémentine en 2014 avec les pertes qui s’en sont suivies. D’où la nécessité de rééquilibrer le verger agrumicole par la fixation de l’aide à la plantation de variétés d’oranges à 11.000 dh/ha et à 28.000 dh/ha en cas d’arrachage d’arbres affectés par la tristeza, alors que les petits fruits sont exclus de ces subventions.

- Suivi de la commercialisation : Les exportations qui étaient de 531.000t en 2015-16 sont passées à 650.000t en 2016-17 et à 677.000t en 2017-18. Cette hausse reste insuffisante par rapport à la production. Quand à la répartition par marché, elle est relativement stationnaire avec autour de 40% vers l’UE, 33% vers la Russie, 11 et 7-10% respectivement pour le Canada et les USA.

Le marché local continue d’absorber 70% de la production écoulée à bas prix avec une transformation qui reste faible et concerne uniquement 2% de la production.

Un autre problème se pose à la filière agrumicole, la fiscalité agricole. Ainsi, après la période transitoire 2014-19 l’année prochaine verra l’entrée en vigueur de la fiscalité pour les exploitations réalisant 5 Mdh de chiffre d’affaires (et non de bénéfices) et plus. Certains points restent à éclaircir et plusieurs propositions sont sur la table et relatives, entre autres, aux taux de l’IS ou l’IR, TVA sur certains matériels agricoles, taxe de 7% dans les marchés de gros, …

L’ASPAM vit aussi un important problème répété par les intervenants, c’est celui de son financement puisqu’elle n’a plus les moyens nécessaires pour poursuivre ses activités. Aujourd’hui, elle vit essentiellement de la vente de certains de ses biens immobilier car le prélèvement de quelques centimes par kilo exporté qui était effectué du temps de l’OCE, … fait défaut et devrait être rétabli. Les cotisations des adhérents également ne sont pas totalement payées. La situation ne peut pas durer et il est nécessaire de réfléchir à l’avenir de son financement.

De même, et concernant l’assurance en arboriculture, les producteurs estiment que la formule retenue par la Mamda ne couvre pas les principaux risques encourus par la filière. Il faudra veiller à élargir le projet d’assurance arbo.

 Campagne 2018-19

Cette campagne a connu des problèmes climatiques qui ont causé un retard de 3 semaines dans l’entrée en production. Cependant, la production est en augmentation de 17% cette année et les prévisions du ministère de l’agriculture sont sensiblement les mêmes que celles établies par l’ASPAM : 2,660 Mt, sur une superficie de 117.000 ha avec un rendement atteignant 22 tonnes par hectare. L’Eacce a donc prévu le relèvement des tonnages export.

Toutefois, aujourd’hui le 1/3 seulement des clémentines est exporté alors que les 2/3 sont écoulés sur le marché local à des prix producteurs atteignant difficilement 0,5 DH/kg.

A signaler que le ministère a prévu cette campagne de lancer une évaluation du contrat programme et des réunions sont prévues dans plusieurs régions de production.

 

Source : Agriculture du Maghreb