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Coopératives : Mise en conformité et nouvelles dispositions de la loi 112-12

(20/03/2019)

Le gouvernement marocain a arrêté le délai du 31 décembre 2019 pour la mise en conformité réglementaire des anciennes coopératives créées avant l'entrée en vigueur de la loi n° 112-12 le 18/12/2014 (Bulletin officiel arabophone n° 6318).

La tenue d'une assemblée générale ordinaire est la première des démarches pour se conformer avec cette loi. Elle doit avoir lieu six mois après la clôture de l'exercice comptable. Pour les coopératives dont l'exercice comptable s'est terminé en décembre dernier, le dernier délai pour tenir cette assemblée annuelle se termine fin juin 2019 (pour celles dont l'exercice s'est terminé en septembre dernier, le dernier délai de la tenue de l'assemblée est fin mars 2019).

La mise en conformité peut être réalisée également par la tenue d'une assemblée générale extraordinaire et adapter les statuts aux nouvelles dispositions réglementaires. Les coopératives peuvent soit reconfigurer leurs statuts, soit en adopter de nouveaux.

Il faudra ensuite déposer un dossier administratif auprès du tribunal de première instance en trois exemplaires légalisés, composé du PV de l'Assemblée Générale Extraordinaire, une copie des nouveaux statuts et de l'ancien agrément délivré par l'Office de Développement de la Coopération « ODCo ».

En contrepartie, la coopérative reçoit une demande d'inscription au registre local, tenu par les secrétariats greffes des tribunaux de première instance. Ce dernier dispose d'un délai de 20 jours pour transmettre une copie du dossier à l'ODCo. Une procédure qui permettra l'inscription de la coopérative au niveau du registre national.

Parmi les nouveautés de la loi 112-12 sur les coopératives, il y a lieu de noter la possibilité pour les coopératives conformes à ladite loi de se transformer en société de personnes ou de capitaux, à condition que les adhérents y soient favorables et de tenir une assemblée générale extraordinaire pour décider.

Parmi les apports de ce texte et afin de prouver l' « affectio coopératif » des membres coopérateurs autour d'un projet commun, il n'est exigé qu'un capital minimum de 1.000 DH par coopérative. La valeur des parts présentées en nature doit être évaluée par un expert assermenté. La loi a fixé à cinq le  nombre minimum d'adhérents ou d'adhérentes pouvant constituer une coopérative. Un adhérent  ne peut intégrer plus d'une coopérative dans la même circonscription ou ayant le même objet. Seuls les membres qui se sont acquittés peuvent exercer leur droit de vote. La composition du Conseil d'Administration dont les membres sont élus pour 3 ans, est aussi renouvelée à hauteur du tiers, une fois par an. Les coopératives sont appelées à détenir un registre coté et paraphé par le secrétariat-greffe du tribunal de première instance comportant la liste des adhérents par ordre chronologique de leur adhésion, leur nom et prénom, profession, nombre de parts souscrites et le montant du capital souscrit et libéré.

La loi sur les coopératives a introduit également des mesures visant le renforcement de leur gouvernance, notamment l'ouverture de leur capital aux personnes morales, et l'obligation de mettre en place une commission de contrôle au sein des coopératives dont les membres ne doivent pas figurer au Conseil d'Administration, ni exercer la fonction de gestionnaire.
Selon la loi 112-12, il existe trois types de coopératives :

  • Celles auxquelles les membres fournissent des services ou des produits en vue de leur revente après transformation ;
  • Celles qui produisent elles-mêmes des biens ou fournissent des services ;
  • Et enfin, celles qui offrent une activité salariée à leurs membres.

Il y a lieu de noter qu'une coopérative peut exercer les activités des deux ou des trois types de coopératives suscités.

La loi a prévu également l'obligation de tenir une comptabilité selon
le plan comptable dédié. La comptabilité ainsi que les pièces et registres y afférents sont tenus par le président du Conseil d'Administration, les gérants ou un comptable, mais ce n'est pas le cas de toutes les structures.  Les fondateurs, à la constitution de la coopérative ou lors d'une assemblée générale peuvent nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes.

A l'inverse des Sarl pour lesquelles le seuil est de 50 millions de DH, le président de la coopérative dont le chiffre d'affaires au terme de deux exercices successifs dépasse 10 millions de DH est tenu de désigner un commissaire aux comptes. Dans le cas contraire, c'est le président du tribunal de première instance qui procède à sa nomination à condition que la requête provienne d'un adhérent ou d'une adhérente. Le mandat du commissaire aux comptes est de trois ans lorsqu'il est désigné par l'assemblée générale et d'un exercice s'il est désigné en vertu des statuts. Il peut être renouvelé sans limitation dans le temps.

Au niveau fiscal, les coopératives ou les unions de coopératives dont l'activité se limite à la collecte de matières premières auprès de leurs membres adhérents, et à leur commercialisation sont exonérées d’IS. Le même traitement fiscal s'applique aux structures dont le chiffre d'affaires annuel est inférieur à 10 millions de DH HT, à condition qu'elles exercent une activité de transformation de matières premières collectées auprès de leurs membres adhérents. Sont également exonérées de l'IS, les coopératives transformant des intrants par le moyen d'équipement, matériel et autres moyens de production utilisés par les entreprises industrielles assujetties à l'IS.

Pour améliorer l'encadrement des coopératives, le gouvernement a introduit une mesure fiscale dans les lois de finances 2015 et 2018 en faveur des coopératives créées entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2021. Le dispositif porte sur l'exonération de l'IR sur le salaire mensuel brut plafonné à 10.0000 DH pour une durée de 24 mois à condition que le salarié soit recruté dans le cadre d'un CDI. Le recrutement doit avoir lieu au plus tard au cours des deux premières années à compter de la date du début d'exploitation de la coopérative.

Enfin, les coopératives peuvent dorénavant concurrencer les entreprises dans la mesure où le nouveau cadre leur permet de participer au marché public. Ce qui constitue une première au niveau national. De même, les petites coopératives peuvent également se contenter d'un gestionnaire si le nombre d'adhérents ne dépasse pas 50, plutôt que du Conseil d'Administration exigé par l'ancien texte de loi.

 

Source : Crédit Agricole du Maroc