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Fête de l’Olivier : Les plus et les moins du secteur oléicole

(22/09/10)

Durant deux jours, les professionnels de l’oléiculture venus de différents pays ont eu l’occasion de discuter en profondeur des menaces qui guettent leur secteur mais aussi des opportunités qui s’offrent à eux. Une chose est sûre : l’huile d’olive a encore de beaux jours devant elle.

                                                                                                                                       Nabil TAOUFIK

Elle fait partie de ces évènements qui viennent ajouter de l’animation au charme naturel et tranquille de Meknès : la Fête de l’Olivier. Du 18 au 19 juin 2010, la ville en a accueilli la deuxième édition. Toutes les têtes d’affiche de la région étaient là : Brahim Zniber (groupe Celliers de Meknès), Mardochée Devico (groupe Les Conserves de Meknès, marque Aïcha), Abdellatif Bahous (groupe CHCI), sans oublier Noureddine Ouazzani, cheville ouvrière de la Fête et responsable de l’Agro-pôle olivier de Meknès (voir rubrique FOOD Mondain, page 65).
Deux jours de débat entre professionnels auront ainsi permis de passer en revue les expériences des uns et des autres et de discuter des opportunités et menaces qui pèsent sur le secteur oléicole. La participation internationale était notable. « Il y a eu beaucoup plus d’internationaux que de nationaux », estime un participant. Une situation déplorable bien que pour M. Ouazzani, « la forte participation internationale soit plutôt un indicateur de réussite. »
Pour ce qui est des opportunités, les participants ont mis l’accent sur le potentiel énorme que représentent les marchés non producteurs d’huile d’olive. Il s’agit de marchés comme les Etats Unis, le Japon, la Chine, la Corée ou encore la Russie. « Nous mettons à la disposition des pays membres près de trois millions d’Euros par an pour mener des campagnes de promotion de la consommation de l’huile d’olive au niveau local. Aussi, nous menons des campagnes collectives à destination d’un certain nombre de nouveaux marchés identifiés comme porteurs », affirme M. Mohamed Ouhmad Sbitri, Directeur exécutif du Conseil Oléicole International (COI). L’exemple des Etats-Unis est encourageant. Pays peu consommateur il y a quelques années, les States sont aujourd’hui les premiers importateurs d'huile d’olive dans le groupe des pays non-producteurs, avec plus de 260.000 tonnes pour 2010 alors que le niveau des importations atteignait à peine les 90.000 tonnes en 1990. Autre opportunité, l’utilisation des sous-produits de l’huile d’olive pour la production d’énergie. Des experts ont montré comment des piscines municipales, des hôtels et des spas en Espagne utilisaient des noyaux d’olives pour leurs chaudières. L’utilisation des résidus (margines notamment) comme fertilisant (liquide ou poudre) a également été détaillée.
Du côté des menaces, l’on identifie essentiellement la question de la sous-rémunération de la production agricole et de la transformation due à un déséquilibre du pouvoir de négociation entre les agriculteurs-transformateurs d’un côté et les enseignes de grande distribution de l’autre, à la faveur de ces dernières. En effet, pour améliorer leurs marges au maximum, celles-ci tirent vers le bas le prix à la tonne. Elles sont encouragées en cela par deux éléments. Le premier est qu’elles sont quelques enseignes face une pléthore de producteurs atomisés. Le deuxième élément qui renforce davantage leur position c’est le fait qu’autour de 70% des huiles d’olive dans un pays comme l’Espagne par exemple sont commercialisés sous des MDD. Les 30% restants font l’objet d’une concurrence acharnée entre plus de 2.500 marques.
Cette situation de sous-rémunération pousse les producteurs à abandonner une partie de leur récolte. « On a arraché des arbres », témoigne un participant espagnol.
Pour sortir de cette situation inconfortable, « l’on devrait éduquer le consommateur à l’appréciation de l’huile en insistant sur son caractère exceptionnel : un produit naturel, sain et bio », propose Luigi Caricato, directeur de la revue italienne Teatro Naturale. Parce que
« lorsqu’on vend une bouteille d'huile d’olive, c’est non seulement le jus qu’on commercialise mais aussi toute la culture, l’ambiance, l’accent, les couleurs et les saveurs du pays que l’on promeut », complète Juan Antonio Penamil Alba, directeur de la revue espagnole
Mercacei.

Source : FOOD magazine