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Mobilisation générale contre la Tristeza et le Feu bactérien

(04/10/2010)

Le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, par l’intermédiaire de l’ONSSA (Office national de sécurité sanitaire et alimentaire) a lancé un programme d’urgence visant l’intensification de la lutte contre deux dangereux fléaux qui risquent de mettre en danger l’arboriculture marocaine, à savoir la tristeza des agrumes et le feu bactérien des rosacées. A ce jour les superficies concernées par la tristeza, connue au Maroc depuis les années 1960, sont localisées essentiellement dans la région de Larache et concernent 730 ha sur les 1.522 contrôlés dans la région du Loukos. Le feu bactérien pour sa part, détecté pour la première fois au Maroc en 2006, a été diagnostiqué dans le Moyen Atlas (province d’Ifrane.) Prés de 1264 ha sont fortement touchés. Ils représentent 90% de la superficie cultivée de poirier et 100% de cognassier. Mais d’autres foyers ont été découverts cette année à Beni Méllal, Larache et Midelt. Auquels s’ajoutent les foyers découverts à Meknès, à El Hajeb, à Sefrou, à Khénifra et à Taounate. La tristeza est causée par un virus, le Citrus Tristeza Virus (CTV), et le feu bactérien par une bactérie (Erwinia amylovora). Dans les deux cas aucun traitement classique ne permet de les éradiquer. La seule solution est donc l’arrachage des vergers contaminés. Les arbres arrachés devront être incinérés sur place pour éviter la propagation des agents pathogènes à d’autres vergers. Les producteurs concernés, qui ont l’obligation légale de respecter les directives, pourront replanter les superficies déplantées avec des plants certifiés, indemnes et éventuellement à procéder à une reconversion (remplacer le poirier par une autre espèce résistante, afin d’éviter la réinfestation des nouveaux arbres plantés). Pour aider les agriculteurs à faire face à ces charges imprévues (opérations coûteuses), des mesures d’urgence ont été annoncées par le ministre de l’agriculture lors d’une réunion avec les représentants des agriculteurs sinistrés. Ainsi, l’état a consacré des aides d’un montant de 35.000 dh/ha d’agrumes (7.000 pour l’arrachage et l’incinération et 28.000 pour la replantation) et 18.000 dh/ha de rosacées (3.000 + 15.000), couvrant l’arrachage, l’incinération et la replantation des superficies contaminées recensées. Cependant les agriculteurs estiment le coût à plus du double de cette aide sans parler du manque à gagner, vu que l’entrée en production ne commence que plusieurs années après la replantation. D’autres mesures prophylactiques ont été prévues pour éviter la propagation de ces fléaux à d’autres vergers et d’autres régions. Il s’agit surtout du renforcement des contrôles pour éviter l’entrée illégale de matériel végétal à travers les frontières, de l’interdiction du déplacement de plants à partir des régions infestées et une lutte contre les pucerons qui sont les vecteurs naturels de dissémination du CTV. Au niveau de l’exploitation, il est impératif de désinfecter les équipements et outils de travail, de contrôler la transhumance des insectes pollinisateurs, d’éviter les pépinières non agréées, etc. En tout cas il est nécessaire de rester vigilants. La tristeza est une des maladies les plus dangereuses pour les agrumes et l’origine de son introduction au Maroc est inconnue, mais on soupçonne l’importation illégale de plants d’agrumes de l’étranger par certains producteurs. Durant le siècle dernier la tristeza a détruit près de 70 millions d’arbres greffés sur bigaradier à travers le monde (Argentine, Brésil, Espagne, Etats-Unis, Venezuela, …), d’où la nécessité d’utiliser des porte-greffes autres que le bigaradier. C’est ainsi que, depuis les années 1990, des recherches sont menées visant à tester le comportement au Maroc d’un certain nombre de portegreffes combinés avec les principales variétés commerciales. Pour ce qui est du feu bactérien, les attaques de l’agent pathogène ont lieu surtout en été (évoluant peu en hiver) sur les fleurs et l’extrémité des jeunes pousses provoquant des nécroses progressant rapidement sur les ramifications plus âgées jusqu’à la mort de l’arbre. Chez les variétés sensibles la propagation est rapide et les conséquences dévastatrices surviennent en une seule saison. L’emploi des produits chimiques connus ne donne pas de résultats.

Source : Agriculture du Maghreb