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Irrigation et eau potable Deux années de réserve

(04/10/2010)

C’est une bonne nouvelle pour le monde agricole, mais également pour le consommateur. La pluviométrie favorable des deux dernières saisons, a permis une bonne reconstitution des nappes phréatiques, et un stockage record des réserves dans les 128 barrages que compte le pays. Les barrages affichaient effectivement à la mi-juillet un taux de remplissage de 84%, soit près de 14 milliards de m3 d’eau sur une capacité totale de 16 milliards. Il apparaît cependant évident de gérer ce stock en tenant compte des contraintes qui sont l’espérance des apports à venir, les réserves de sécurité et la marge d’eau potable. Mais ce n’est pas tant le problème de l’eau potable qui se pose que celui de l’agriculture qui consomme en moyenne 4 fois plus d’eau que celle nécessaire aux habitants. Cette campagne, ce sont près de 4 milliards de m3 qui ont été utilisés pour l’irrigation, avec des superficies en constante augmentation. Les chiffres fournis par le Ministère de l’Agriculture indiquent effectivement une augmentation des surfaces qui sont passées de 618.512 ha l’année dernière à plus de 640.000 ha cette année. Par ailleurs dans le cadre du Plan Maroc Vert, il est prévu d’ici 10 ans de porter ces superficies à 1,57 millions d’hectares. Il convient donc d’accompagner la concrétisation de ce programme et de tenir compte des pertes. L’eau stockée dans les barrages est en effets sujette à évaporation avec plus de 1,5 milliards de m3 qui s’envolent chaque année. Il est d’ailleurs regrettable que nombre d’agriculteurs continuent de recourir à l’eau des puits au risque d’épuiser la nappe phréatique alors que l’eau stockée est disponible, et les stations pas toujours utilisées. Mais l’évaporation n’est pas le seul facteur de perte, puisqu’à ces millions de m3 perdus, s’ajoutent en vrai, 800 millions de m3 inutilisables en raison de l’envasement des barrages. Il faut noter également que sur les 30 dernières années, le Maroc a perdu quelque 25% de sa pluviométrie avec 2 remarques essentielles : le Nord est mieux arrosé avec une moyenne de 2.000 mm, alors que le sud ne bénéficie que de 100 mm. Et le phénomène va probablement s’aggraver avec le réchauffement climatique. D’où l’importance du stockage et d’une nécessaire économie. Et malgré la manne d’eau dont dispose le pays actuellement, il faut considérer que le Maroc est en plein stress hydrique avec moins de 750 m3 d’apport pluviométrique par an et par habitant. Après l’effort remarquable pour augmenter la capacité de mobilisation de l’eau – 128 grands barrages dont 55 construits entre 2000 et 2009- c’est du coté de l’optimisation qu’il va falloir diriger les efforts.

Source : Agriculture du Maghreb