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L’agriculture marocaine soumise à rude épreuve face au stress hydrique

(01/09/2022)

L’agriculture a été confrontée, pendant des décennies, à une raréfaction des ressources en eau sous les effets conjugués des sécheresses successives et prolongées et de l’augmentation de la demande en eau de différents secteurs économiques. D’ailleurs, la banque Mondiale a fait un focus sur la problématique de l’eau dans le Royaume, les économistes de la Banque considèrent que le pays est entré dans une phare très sensible, et que la rareté de l’eau qui va s’accentuer avec le changement climatique pèsera non seulement sur la croissance économique, très dépendante de la volatilité de la valeur ajoutée agricole, mais aussi sur la sécurité alimentaire du pays.

De ce fait, le gouvernement marocain a exhorté les gouverneurs de ses régions à activer les commissions de gestion rationnelle de l’eau afin de mettre en œuvre des mesures d’économie d’eau telles que l'interdiction d'irriguer les espaces verts avec de l'eau potable, des eaux de surface ou des eaux souterraines, ainsi que le nettoyage des routes et des espaces publics avec ce type d'eau. De même, l'application de restrictions sur les débits d'eau distribués aux utilisateurs et l'interdiction du prélèvement illégal d'eau dans les puits ou d'autres sources telles que les canaux d'irrigation. Aussi, la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation pour rationaliser l'utilisation de l'eau et la multiplication des efforts pour réduire les pertes dans les conduites d'eau.

Pour relever le défi de produire de manière durable et compétitive, l’agriculture irriguée est entrée depuis l’adoption du Plan Maroc Vert, dans une ère de rationalisation et de valorisation de l’eau d’irrigation. Ainsi, une politique volontariste de généralisation des techniques d’irrigation économes en eau et de valorisation de l’eau agricole a été adoptée et déclinée à travers quatre principaux programmes :

  • Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation (PNEEI) : concerne le développement de l’irrigation localisée sur une superficie totale de 550 000 ha ;
  • Programme d’Extension de l’Irrigation (PEI) à l’aval des barrages :  a pour périmètre d’action la création de nouveaux périmètres irrigués et le renforcement de l’irrigation des périmètres existants sur une superficie de 130 000 ha ;
  • Programme de réhabilitation et de sauvegarde des périmètres de Petite et Moyenne Hydraulique (PMH) : a été mis en place afin d’améliorer l’efficience de l’infrastructure d’irrigation traditionnelle au niveau des périmètres de PMH ;
  • Programme de Promotion du Partenariat Public-Privé : s’attèle à l’amélioration des conditions techniques, économiques et financières de la gestion du service de l’eau d’irrigation, à travers le développement de nouveaux projets d’irrigation dans le cadre de Partenariats Public-Privé.

La mise en œuvre de ces programmes a permis de réaliser des aménagements hydro-agricoles sur une superficie de près de 800 000 ha (dont 585 000 ha en irrigation localisée soit environ 50% de la superficie irriguée au niveau national) et ce, au profit de 235 000 exploitations agricoles et pour un effort d’investissement de près de 36 milliards de dirhams.

La nouvelle stratégie agricole « Génération Green 2020 – 2030 » entend poursuivre les efforts déployés en matière de maîtrise et de rationalisation de l’utilisation de l’eau en agriculture. L’ambition est de doubler l’efficacité hydrique et de développer un secteur agricole performant dans le respect de l’écosystème environnemental. En plus de l’achèvement de plusieurs projets en cours, il est question de mettre en œuvre le volet eau agricole du Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation 2020-2027. Celui-ci porte sur une superficie globale de 510 000 ha au profit de 160 000 bénéficiaires, pour un investissement de 14,7 milliards de dirhams.

Les efforts à mener porteront essentiellement sur :

  • L’achèvement des projets de modernisation des systèmes d’irrigation collectifs en cours sur 70 000 ha ;
  • L’achèvement des projets d’extension de l’irrigation en cours sur 44 000 ha ;
  • La poursuite des efforts d’économie d’eau et de modernisation des systèmes d’irrigation en vue d'équiper une superficie additionnelle de 350 000 ha pour atteindre à l’horizon 2027 une superficie globale, équipée en systèmes d’irrigation économes en eau de 940 000 ha, soit près de 60% de la superficie irriguée. Cela permettra une économie annuelle de plus de 2,5 milliards de m3 d’eau ;
  • La poursuite du projet d'aménagement hydro-agricole pour la sauvegarde de près de 30 000 ha de terres irriguées dans la plaine de Saïss, à travers l’adduction et la distribution d’eau mobilisée à partir du barrage M'dez ;
  • La préservation de la petite agriculture irriguée à travers la réhabilitation et la rénovation des périmètres de petites et moyennes hydrauliques sur 150 000 ha, notamment dans les secteurs précaires ;
  • L’aménagement hydro-agricole de la zone sud-est de la plaine du Gharb. Ce projet ambitieux vise à étendre l'irrigation sur une superficie de 30 000 hectares afin de valoriser les ressources en eau mobilisées par le barrage Al Wahda ;
  • L’achèvement des projets de PPP en cours sur 23 200 ha (Azemmour Bir Jdid, Chtouka, Dakhla) ;
  • Le développement de nouveaux projets PPP de dessalement de l’eau de mer ;
  • Le développement du pompage solaire en irrigation.

 

 

Sources : EFE, MAPMDREF, Banque Mondiale

Source : Crédit Agricole du Maroc