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Journée mondiale de l’alimentation Unis contre la faim
(16/12/2010)
« Nelson Mandela, Martin Luther King, Mahatma Gandhi avaient tous le même rêve: supprimer les inégalités entre les Hommes. Il est temps pour nous aussi de rêver en grand et de déclencher un mouvement incoercible de lutte contre la faim, car ce fléau continue à condamner des centaines de millions d’enfants à des vies inaccomplies, simplement parce qu’ils n’ont pas eu accès à une alimentation nutritive» a proclamé la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Josette Sheeran à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation. La FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont récemment publié les nouveaux chiffres sur la faim, qui font apparaître que 925 millions de personnes souffrent aujourd’hui de faim et de malnutrition chroniques. On peut certes se réjouir que ce chiffre ait diminué par rapport à 2009, mais il n’en demeure pas moins inacceptable. «Pour affronter le problème de la faim, il faut que tous les acteurs pertinents soient résolus à déployer d’urgence des efforts concertés, et à tous les niveaux. Il faut que nous soyons unis», a affirmé M. Jacques Diouf, directeur général de la FAO. « Il n’incombe pas à une seule partie d’assurer la sécurité alimentaire, mais à chacun d’entre nous». Atteindre l’autosuffisance de la production vivrière ne peut être dissocié d’une bonne gouvernance. Dans la plupart des pays en développement, il appartient aux gouvernements de créer un environnement propice pour les agriculteurs, en particulier les petits exploitants et les entreprises agroalimentaires qui s’y rattachent. Au bout du compte, c’est dans un cadre plus global d’éradication de la pauvreté que nous atteindrons la sécurité alimentaire durable. L’agriculture et l’Aide publique M. Diouf a esquissé un certain nombre de mesures à prendre pour parvenir à un recul rapide du nombre d’affamés. «Nous devons être résolus à inverser la tendance négative à long terme de la part de l’agriculture dans l’aide publique au développement, qui est tombée de 19% en 1980 à 3% en 2006, et s’établit aujourd’hui à environ 6%» a-t-il précisé. «Les gouvernements des pays à faible revenu et à déficit vivrier devraient aussi accroître la part de l’agriculture dans leurs budgets nationaux, qui devrait passer du niveau moyen actuel de 5% à 10% au moins». Au nombre des mesures requises pour amplifier la sécurité alimentaire figure la stabilisation des marchés alimentaires mondiaux. Kanayo F. Nwanze, le Président du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a déclaré: «Abordons les choses sous l’angle des opportunités. Le monde dénonce que 6% seulement des terres sont irriguées en Afrique et que l’utilisation d’engrais correspond en moyenne à un dixième de la moyenne mondiale. Pourtant, nous savons que 60% des terres arables incultes de la planète se trouvent sur ce continent. Imaginez le potentiel formidable - si on sait l’exploiter - des près de 2,5 milliards d’habitants des zones rurales travaillant dans le secteur agricole». L’agriculture négligée La persistance de la faim dans de telles proportions, malgré une offre alimentaire abondante au plan mondial, de meilleures perspectives économiques et une baisse relative des prix des denrées alimentaires, est le signe d’un problème plus profond. En effet, si nous en sommes arrivés aujourd’hui à cette situation dramatique, c’est que, au lieu de s’attaquer aux causes structurelles de l’insécurité alimentaire, le monde a négligé l’agriculture dans les politiques de développement, occasionnant dans les pays en développement en particulier un investissement insuffisant dans ce secteur. La production agroalimentaire devra non seulement assurer la sécurité alimentaire des populations aujourd’hui affamées, mais encore augmenter de 70% à l’échelle mondiale et même doubler dans les pays en développement pour nourrir convenablement une population mondiale qui devrait atteindre 9,1 milliards de personnes en 2050. La croissance démographique concernera exclusivement les pays en développement, où vit la quasi-totalité des personnes sous-alimentées. Il est impératif d’inverser la tendance, depuis longtemps en baisse, de l’aide publique au développement consacrée à l’agriculture. Celle-ci est en effet passée de 19 à 3% entre 1980 et 2006, et elle est aujourd’hui d’environ 6%. Relever les défis Il faudra parvenir à améliorer la production vivrière en relevant plusieurs nouveaux défis. Les populations urbaines augmenteront de 82%, soit d’environ 3 milliards de personnes, alors que la population rurale se réduira de 20%. Cela signifie une baisse de la main d’oeuvre rurale. Il faut ajouter à ceci la demande accrue de cultures pour la production des biocarburants, qui a plus que triplé entre 2000 et 2008. Ce secteur détourne chaque année environ 100 millions de tonnes de céréales au détriment de la consommation alimentaire. Il y a aussi l’impact du changement climatique sur la production, avec des événements météorologiques plus fréquents et plus violents qu’auparavant. Une autre menace à la sécurité alimentaire, qui exige une attention particulière, est l’instabilité croissante des marchés des denrées alimentaires. Les fortes fluctuations des prix ont une incidence directe sur les flux et les décisions d’investissement et frappent de plein fouet les consommateurs pauvres, qui consacrent de 50 à 60% de leurs revenus à l’alimentation. Elles menacent aussi la stabilité politique et sociale. Les décisions prises unilatéralement par certains gouvernements en vue de limiter les exportations ont tendance à aggraver la situation et, éventuellement, d’accentuer la spéculation. Les choix politiques doivent être plus cohérents et mieux coordonnés pour assurer un accès sans obstacle à l’offre mondiale et améliorer la confiance dans les marchés et la transparence de leur fonctionnement. Vers plus de productivité Le travail accompli par la FAO montre que la planète peut produire suffisamment pour nourrir sa population, à condition que des mesures concrètes et ciblées soient prises aujourd’hui pour remédier aux causes profondes et multiples de la faim. Les revenus générés par quelque 500 millions de petits exploitants cultivant des superficies de moins de deux hectares chacun assurent la subsistance d’environ deux tiers des 3 milliards de ruraux dans le monde. Pour améliorer la productivité des petits exploitants, il faut que les infrastructures rurales soient renforcées, que des routes soient construites, que l’accès à des intrants de qualité et à des technologies modernes d’exploitation des ressources foncières et hydriques soit amélioré, que des formules de crédit plus adaptées et de meilleurs services de vulgarisation soient proposés, que les exploitants soient mieux équipés en machines et en outils et que les agriculteurs soient mieux préparés et formés. Nous disposons des ressources mondiales, de la technologie et du savoir-faire nécessaires pour garantir à chaque être humain le droit à l’alimentation. L’accroissement des rendements agricoles mondiaux obtenu entre 1965 et 2000 est dû pour moitié aux progrès réalisés dans le domaine phytogénétique. L’autre moitié est le résultat des améliorations concernant l’approvisionnement en eau, les engrais et les pratiques de gestion des cultures de plein champ. On peut augmenter la production agricole de façon durable en ayant recours aux bonnes politiques, en assurant aux agriculteurs des incitations et des revenus suffisants, mais aussi en adoptant les technologies et les approches les plus adaptées. Le Maroc a entendu l’appel. C’est en grande partie l’essentiel du Plan Maroc Vert.
Source : Agriculture du Maghreb