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Oléiculture : Campagne moyenne en perspective

(16/12/2010)

Les professionnels du secteur prévoient une campagne oléicole moyenne. Selon ces estimations, la production d’olives devrait se situer entre 840.000 t et 1 Million de tonnes, alors que la campagne 2009-10 avait atteint le record de 1,5 Mt. Une baisse qui s’explique en partie par le phénomène d’alternance qui caractérise la variété picholine marocaine, représentant près de 90% de l’oliveraie nationale. Cette production est obtenue sur une superficie de 735.000 ha, indique le Ministère de l’Agriculture, dont il faudrait déduire, selon les professionnels, près de 55.000 ha qui ont été endommagés par les fortes précipitations qu’a connues la campagne. Selon le Dr. Noureddine Ouazzani, directeur de l’Agro-pôle Olivier de Meknès, la production d’olives cette année devrait générer près de 100.000 t d’huile, contre 160.000 t l’année dernière d’après le ministère (100 à 120.000 d’après les professionnels), dont 15.000 t ont été exportées. « Je pense que le tonnage exporté peut être amélioré, mais les prix ne sont malheureusement pas très encourageants » explique Mr Ouazzani. En effet, sur le marché international l’huile extra vierge marocaine, généralement vendue en vrac, vaut l’équivalent de 20 dh le kilo. Sachant qu’il faut au moins 5 kgs d’olives pour produire 1 kg d’huile et que le prix d’achat des olives par les industriels devrait tourner cette année atour de 3,50 dh/kg, auxquels s’ajoutent les frais de production (trituration, etc.). Cette année, de nombreux industriels qui se sont lancés dans la production, risquent de se limiter à triturer leurs propres olives ce qui laisserait opérer les maâsras traditionnelles réduisant ainsi la qualité et abaissant la proportion d’huile extra vierge. A noter que l’Espagne, 1er producteur mondial, s’attend cette année à une bonne production, ce qui n’augure rien de bon pour les prix à l’export. Concernant les olives de table, la production devrait être identique à la campagne précédente (90.000 t d’après le ministère), sachant que la fabrication et l’export ne dépendent pas de la production, mais essentiellement de la demande. Sans oublier l’autoconsommation d’olives estimée à près de 400.000 t. Diversification variétale Pour pallier les limites de la picholine marocaine, produisant des olives à double fin, les producteurs, ainsi que le plan Maroc vert, préconisent le recours à des variétés moins enclines à l’alternance et plus productives. Ainsi, les nouvelles plantations basées sur des variétés étrangères en haute densité sont en augmentation et atteignent environs 10 à 20.000 ha. De même, les variétés Menara et Haouzia, d’obtention marocaine, et dont les plantations ont débuté il y a 3 ans seulement au rythme de 20.000 ha environ par an, représentent 10 à 12% du total. Concernant les aides à la mise en place de nouvelles oliveraies, les subventions à la plantation ont doublé, passant de 3.000 à 6.000 dh. Cependant, malgré cette augmentation substantielle, elle reste limitée aux plantations avec une densité supérieure à 400 arbres/ha (haute densité). De ce fait, les producteurs qui ont opté pour une densité moindre, ne bénéficient pas de ce montant. Par ailleurs, les agriculteurs estiment le montant insuffisant au vu du coût de mise en place d’un hectare de haute densité. A signaler aussi que ce montant est inférieur de près de 50% à ce qui est accordé à d’autres spéculations comme les agrumes. Pour M Ouazzani les efforts du PMV ne pourront donner des résultats que si l’Etat intervient dans la commercialisation par des mesures pour aider les exportateurs. A l’instar de la Tunisie où l’office appui les producteurs d’huile d’olive dans l’exportation et le stockage (subvention/prime de compensation) surtout les années où le prix sur le marché international est très faible. Et la première action pour maintenir l’activité des industriels serait de liquider les stocks restant de l’année dernière, opération à laquelle les responsables devraient s’atteler de toute urgence afin de sauver la campagne oléicole 2010-11.

Source : Agriculture du Maghreb