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Gestion de l'Eau : Un défi majeur au Maroc
(04/09/2023)
Au carrefour de la géographie et du climat, le Maroc est intrinsèquement exposé à des conditions arides et semi-arides, une situation exacerbée par les effets du changement climatique, induisant une réduction des précipitations et une augmentation des températures. Les disponibilités en eau par habitant ont connu une baisse significative, passant de 2500 m3 en 1960 à moins de 700 m3 en 2019. Aujourd’hui, le Maroc figure parmi les pays les plus vulnérables à la pénurie d'eau.
L'agriculture demeure un pilier essentiel de l'économie marocaine et consomme plus de 87 % des ressources hydriques annuelles du pays. Il est donc primordial d’adopter une approche durable afin de relever les défis qui mettent en péril la sécurité alimentaire.
En effet, la sensibilisation et une pratique agricole responsable émergent comme des axes essentiels de la solution. La préservation des ressources, l'utilisation judicieuse de l'eau et la prise de conscience de son rôle crucial forment un équilibre nécessaire pour établir une approche durable et résiliente dans le secteur agricole marocain.
Le Maroc a su développer des réponses novatrices et entreprendre des projets audacieux en vue d'édifier un avenir plus résilient. Le pays a ainsi investi dans le dessalement de l'eau de mer, une stratégie prometteuse en dépit de ses défis financiers et énergétiques, offrant une source d'eau alternative et stable, indépendante des fluctuations climatiques. De plus, un autre projet a été lancé, sur Instructions de SM le Roi Mohammed VI, et concerne l'interconnexion des bassins hydrauliques afin de détourner l'eau des bassins excédentaires vers les bassins déficitaires.
Dessalement de l'eau de mer
Le Maroc a reconnu les avantages du dessalement en tant que solution pour surmonter les pénuries d'eau. Les installations de dessalement utilisent des technologies avancées pour purifier l'eau de mer, éliminant ainsi le sel et autres impuretés pour la rendre potable. Cette approche est devenue populaire en offrant une source d'eau alternative et fiable, indépendante des variations de précipitations. Bien que le dessalement implique des coûts d'infrastructure élevés et une consommation d'énergie considérable, il s'est avéré essentiel pour répondre à la demande croissante en eau, en particulier dans des secteurs comme l'agriculture.
Conformément aux orientations Royales, une attention particulière est accordée à l’édification des stations de dessalement, dans l’objectif d’assurer 50% des besoins en eau potable, au minimum, grâce au dessalement. Le Maroc vise à disposer d'une vingtaine de stations de dessalement d'ici 2030.
Le ministre de l’Équipement et de l’Eau a annoncé que la capacité globale installée de 12 stations existantes de dessalement de l’eau de mer s’élève à l’heure actuelle à 179 millions m3 par an, auxquels s’ajoutent quelque 37 millions de m3 issus du dessalement des eaux saumâtres.
Il a également déclaré que cette capacité de production avait été renforcée de 110 millions de m3 grâce à l’achèvement de deux stations à Safi et Jorf Lasfar, réalisées par l’Office Chérifien des Phosphates. Cette capacité se développera avec des projets en cours de lancement ou de mise en service, notamment à Sidi Ifni, Tafaya, Dakhla et Casablanca.
Interconnexion des bassins hydrauliques
Projet structurel mis en place grâce aux efforts considérables entrepris par le gouvernement, sur instructions de SM le Roi Mohammed VI, l'interconnexion des bassins hydrauliques se présente comme une stratégie innovante adoptée par le Maroc pour atténuer les conséquences du stress hydrique.
Cette approche astucieuse cherche à optimiser la répartition des ressources en eau sur l'ensemble du territoire, assurant un accès équitable aux régions déficitaires tout en réduisant les pertes dues à l'évaporation et aux fuites. Un exemple éloquent de cette initiative est le projet d'Interconnexion des Bassins Hydrauliques de l'Atlas (PIBHA), reliant les bassins de Haouz, Tensift, Oum Rbia et Souss-Massa. Ce projet facilite le transfert d'eau entre ces zones grâce à un réseau complexe de canaux, de réservoirs et de stations de pompage. Ainsi, l'excédent d'eau des bassins de Haouz et Tensift est redistribué aux régions en déficit, à savoir Oum Rbia et Souss-Massa, renforçant ainsi la résilience des zones agricoles.
Un autre projet d’envergure a été lancé, il s’agit de l’interconnexion des bassins de Sebou et de Bouregreg, dont les premiers mètres cubes d’eau sont déjà arrivés à Rabat. L’objectif est d’atteindre un million de M3 par jour, soit un volume de 360 millions de M3 par an.
En conclusion, la situation géographique et climatique du Maroc le place au cœur d'un défi majeur : la gestion de l'eau dans un contexte de stress hydrique accru par les effets du changement climatique. Face à cette réalité, le pays a développé une approche multidimensionnelle, combinant des mesures d'irrigation efficiente, la promotion du dessalement, la préservation des ressources hydriques et l'interconnexion des bassins. Cette stratégie globale, reposant sur l'équilibre entre développement économique et durabilité environnementale, démontre la volonté du Maroc de garantir un approvisionnement en eau sécurisé pour les générations futures, tout en préservant ses écosystèmes fragiles.
Sources : MAPMDREF, ABH, MAP, Le360, MEME, Banque Mondiale
Source : Crédit Agricole du Maroc