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Mécanisation :Moteur de la modernisation de l’agriculture

(19/01/2011)

Ce n’est un secret pour personne, tous les indicateurs et tous les opérateurs sont unanimes : notre secteur agricole demeure faiblement mécanisé. Il est donc nécessaire d’encourager encore plus l’acquisition de matériel neuf (et si possible sa fabrication locale), la modernisation de notre agriculture est à ce prix. Le parc de tracteurs agricoles a progressé de manière continue depuis l’opération labour menée dans les années 1957-61 par les Centres de Travaux du ministère de l’agriculture (à l’aide de matériel soviétique) et qui a été le déclencheur du réflexe de mécanisation chez les agriculteurs d’après l’indépendance. Cependant, le Recensement Général Agricole de 1996 indique que l’effectif total des tracteurs recensés au niveau national s’élève à 43.226 unités, soit 1 tracteur pour 202 ha et que le nombre des exploitations qui ont recours à la mécanisation des travaux du sol est de 47% de l’effectif total. De son côté, le rapport du cinquantenaire (2006) souligne, à titre de comparaison, qu’on compte un tracteur pour 92 ha dans les pays voisins de la Méditerranée du Sud et un pour 57ha en tant que moyenne mondiale et qu’en 2001 on comptait un tracteur pour 88 ha en Algérie, 1 pour 140 ha en Tunisie, 1 pour 37 ha en Egypte. Au Nord, on comptait un tracteur pour 20 ha en Espagne et un pour 15 ha en France. Il est évident que notre parc de tracteurs reste très nettement inférieur aux besoins du pays avec 0,27-0,30 chevaux/ha, alors que la F.A.O estime à 0,5 cv/ha la norme minimale de mécanisation. A quand le prochain recensement ? Dans le domaine de la mécanisation, les dernières statistiques disponibles (sur lesquelles sont basées la plupart des études et réflexions) viennent du RGA de 1996 et tous les intéressés pensent qu’il est temps de procéder à un nouveau recensement l’ancien étant vieux de 15 ans, alors que dans d’autres pays pareille opération est effectuée tous les 5 ans avec mise à jour annuelles. Entre autres, les observations par satellites sont aujourd’hui à la portée de tous les états et sont un outil pratique permettant des avancées considérables. Le nombre de moissonneuses batteuses recensées s’élève à 3.763 unités, soit 1 seule moissonneuse pour 1.600 ha et, parallèlement, le sous-équipement en tracteurs s’accompagne d’un faible effectif de matériel d’accompagnement. Ainsi, les semoirs en ligne sont peu ou mal utilisés, le semis direct quasi inconnu, le matériel de traitement reste exceptionnel et le matériel de labour très peu diversifié (plus de 70% des travaux du sol sont effectués à l’aide de matériel à disques, essentiellement des cover-crops). Ce matériel à disques tend, ces dernières années, à être progressivement complété par des outils à dents qui sont de plus en plus appréciés par de nombreux agriculteurs. A signaler aussi le matériel d’accompagnement de fabrication artisanale dans les villages des zones de production (charrues à socs, cover crop, stubble plow, remorques, broyeurs, …). A ce propos, il faut saluer le rôle capital de manifestations comme le SIAM pour les agriculteurs qui découvrent les nouveautés dans leurs filières respectives en matière d’équipement, de diversification des outils, etc. Les fournisseurs de matériel aussi, dont la plupart font une grande part de leur chiffre d’affaires à cette occasion (voir tableau, mois de mai), en profitent pour proposer des kits, des promotions, des remises conséquentes, du matériel d’accompagnement offert,… afin de permettre aux visiteurs de s’équiper avantageusement et de s’assurer un retour sur leurs investissements de participation au salon. Subventions et impact sur les ventes (voir tableau) Durant la campagne précédente, on a assisté, conséquemment à des subventions encourageantes, à une affluence sans précédent sur l’acquisition de matériel neuf (+40% des ventes de tracteurs, principal indicateur du taux de mécanisation). Au contraire, la campagne en cours a connu une baisse de 51% de ces ventes. Cette chute est la conséquence de la conjonction de deux facteurs : d’une part la baisse de 20% de la subvention pour les particuliers et d’autre part, les difficultés des procédures mises en place pour l’octroi des aides à l’acquisition du matériel agricole. Devant les blocages occasionnés par les démarches compliquées, des modifications viennent d’être apportées au niveau des DPA concernant la procédure de contrôle préalable et les normes de superficie pour bénéficier du nombre de tracteurs adéquat. Cependant, ces mesures d’assouplissement arrivent trop tard pour cette campagne (les ventes sont les plus importantes entre septembre et décembre sauf pour 2010, voir tableau), d’autant plus que les montants des subventions ont été maintenus au niveau annoncé initialement. Freins à la mécanisation En plus des aides publiques, d’autres facteurs structurels et conjoncturels freinent le développement de la mécanisation : - Structure foncière et faiblesse des superficies - Difficultés résultant de la succession des années de sécheresse et endettement des agriculteurs - La plupart des outils utilisés par les petits agriculteurs sont achetés d’occasion ou de fabrication artisanale - Difficultés de financement et conditions pour l’obtention des crédits - Prix élevés du neuf : un tracteur de puissance moyenne (80-90 cv) coûte 230 à 300.000 dh (-72.000 de subventions) une moissonneuse batteuse culmine à 850.000-1.100.000 dhs (-220.000 de subvention) Concurrence du matériel d’occasion Elle est d’autant plus poussée que les aides à l’achat du neuf baissent et les conditions de financement se compliquent. Ainsi, l’importation des tracteurs, moissonneuses batteuses, presses à paille, ensileuses etc, de l’Union Européenne en exonération de droits d’importation et de TVA, a connu une fluctuation liée essentiellement à la variation des aides au neuf. Mais son importance a considérablement baissé avec les subventions de 2009 et, malgré une nouvelle reprise cette année, les normes plus contraignantes imposées pour son import en limitent l’impact. Matériel chinois Au cours des dernières années on a assisté à l’apparition progressive de nombreuses sociétés importatrices de matériel agricole d’origine chinoise, proposant des offres de prix battant tous les records (deux tracteurs pour le prix d’un) en assurant les clients éventuels sur le SAV (service après vente) à proximité, la disponibilité de la pièce détachée … Cependant, en l’absence de statistiques précises (ces sociétés ne sont pas encore membres de l’AMIMA), des controverses subsistent sur le degré de satisfaction du client quant à la qualité du matériel et des services, alimentées par les doutes pesant sur les produits provenant de l’empire du milieu.

Source : Agriculture du Maghreb