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Adaptation au changement climatique La recherche s’organise

(02/03/2011)

A l’occasion du premier colloque scientifique organisé en France, en octobre 2010, sur l’adaptation au changement climatique de l’agriculture et des écosystèmes gérés ou affectés par les activités humaines, l’INRA France a annoncé le lancement d’un «métaprogramme » sur ce thème. Le but : faire travailler ensemble les chercheurs de diverses disciplines autour de grands enjeux et favoriser les partenariats à l’échelle nationale, européenne et internationale. Face au changement climatique, coexistent deux stratégies d’action: - l’atténuation, qui vise à limiter l’augmentation de l’effet de serre en réduisant les émissions de « gaz à effet de serre » en favorisant la séquestration de carbone - l’adaptation des écosystèmes agricoles au réchauffement global et à l’instabilité accrue du climat. L’agriculture et les forêts devront s’adapter Dans cette dualité atténuation/adaptation, les programmes nationaux ont jusqu’ici privilégié la première approche. En clôture du colloque, Wolfang Cramer, membre du GIEC, plaide pour l’adaptation : «Il est très important de faire comprendre que l’adaptation des écosystèmes et des agro-écosystèmes au changement climatique est d’ores et déjà inéluctable. L’avancée des connaissances nous indique que les impacts décrits par le GIEC, il y a cinq ans, étaient probablement sous-estimés. Pour les agroécosystèmes les plus vulnérables, la limite qui nous sépare de bouleversements majeurs n’est plus très loin. La sensibilité des rendements face au changement climatique dans certaines zones en Afrique, par exemple, est très inquiétante en termes de sécurité alimentaire. D’une manière générale, les populations qui vivent d’une agriculture de subsistance sont potentiellement plus exposées aux perturbations entraînées par le climat ». Ce qui pourrait apparaître comme du fatalisme requiert en fait volontarisme et anticipation. Les priorités de recherche définies pour le métaprogramme « Adaptation au changement climatique de l’agriculture et de la forêt» s’appuient sur un atelier de réflexion prospective ANR animé par l’Inra en 2009. Elles comprennent une phase d’analyse: - quels risques sont associés aux épisodes extrêmes ? - quels impacts régionaux ? - quels effets sur la biodiversité et les bioagresseurs ? - quelle capacité d’adaptation des filières ? Puis sont abordées les innovations nécessaires : adaptation génétique des espèces à de nouvelles conditions climatiques (sécheresse, présence accrue de CO2 dans l’atmosphère), évolution des systèmes de culture ou d’élevage, solutions de soutien aux filières (décisions d’investissements, politiques publiques de gestion des risques, systèmes d’alerte etc.). La démarche pluridisciplinaire, marque de fabrique des métaprogrammes, se justifie pleinement sur ce thème, par exemple pour concevoir des modèles de transformation des systèmes de production en combinant biologie, écologie, biophysique, agronomie, sciences économiques et sociales. Travailler à différentes échelles géographiques Il faut pouvoir raisonner aussi bien à l’échelle régionale qu’à des échelles plus larges. C’est pourquoi ce métaprogramme s’inscrit dans des niveaux de coordination nationaux, européens et internationaux, emboîtés à la manière de poupées gigognes. Jean-Marc Guehl, directeur du département Écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques de l’Inra, en charge du métaprogramme ACCAF en souligne l’enjeu: « Au-delà de la rationalisation des efforts de recherche entre États membres, la dimension européenne constitue souvent la bonne échelle d’analyse pour comprendre les phénomènes. Certaines dynamiques écologiques comme les flux de gènes, la migration des espèces ou la progression des bioagresseurs n’apparaissent bien qu’à l’échelle continentale. Les partenariats internationaux fournissent aussi une vision prédictive intéressante. On sait par exemple que le climat méditerranéen aura tendance à s’étendre vers le Nord et l’Ouest. Les études sur ce climat peuvent donc nous permettre d’anticiper les futures conditions de cultures et les capacités d’adaptation de certaines zones françaises. Il est donc indispensable d’intensifier nos partenariats afin notamment de valoriser tous les réseaux d’observatoires environnementaux sur le long terme présents en Europe et dans le monde ». INRA France

Source : Agriculture du Maghreb