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Céréales Bonnes pluies au bon moment

(04/04/2011)

En l’absence de données officielles, les chiffres recueillis auprès des agriculteurs indiquent des précipitations de mi-mars entre 70 et 80 mm selon les régions, avec un cumul dépassant 460 mm dans la Chaouia et 730 mm au Gharb, où les deux dernières années avaient atteint respectivement 950 et 880 mm. Ces précipitations ont eu un impact positif sur toutes les régions de production, même si certains céréaliculteurs du Gharb signalent un début de verse dans quelques champs semés début novembre suite à des précipitations sous forme d’averses. L’état végétatif des emblavements précoces et semi-précoces du mois de novembre est généralement bon et le stade végétatif dominant actuellement est la floraison. Quand aux semis tardifs effectués courant décembre (25-30% des superficies dans la Chaouia par exemple), leur état végétatif est médiocre, avec cependant un début d’amélioration suite au redoux et aux dernières pluies. A noter que les retards dans les semis sont dus à l’indisponibilité des semences puisque le disponible SONACOS n’a pas suffi à faire face à la demande et le fournisseur national a du s’approvisionner en bon à semer chez des producteurs. Autre raison, les blés de bonne qualité ont été achetés en masse par des minoteries de l’Oriental et de Fès, ce qui a réduit les stocks des producteurs en semences communes. Ce retard, ajouté aux fortes précipitations juste après la levée, a empêché le développement d’un système racinaire normal et entraîné un faible tallage. Par ailleurs, les producteurs agrégés dans le cadre du Plan Maroc Vert ont connu des problèmes de désherbage en raison d’un approvisionnement tardif par les agrégateurs et d’une faible efficacité des produits qu’ils leur ont fournis. Certains agriculteurs ont même du refaire le désherbage avec des produits qu’ils ont eux-mêmes achetés. Impact des intrants Autre facteurs impactant l’état des cultures, la faible utilisation des engrais de couverture en raison de la flambée habituelle des prix après les pluies. Ainsi, l’ammonitrate (33% N) a dépassé 350 dh/ql contre 300 dh juste avant (soit une hausse de 17%) et l’urée (46% N) a dépassé 430 dh/ql contre 350, (soit une hausse de 23%). En conséquence, les petits producteurs (qui représentent la grande majorité des superficies céréalières) ne peuvent apporter les besoins nécessaires ou réduisent les quantités appliquées. Dans le meilleur des cas, ils hésitent trop longtemps et laissent passer le moment le plus adéquat pour réaliser l’apport. Quand aux traitements fongicides, très peu d’agriculteurs y ont recours, même si leur nombre augmente chaque année au vu de l’impact qu’ils constatent sur les rendements et sur le poids spécifique de la récolte. Encore plus rares sont ceux qui procèdent à un programme à deux traitements. Dans les deux cas, les pulvérisations ont été interrompues en raison des précipitations ayant compliqué l’accessibilité aux champs et reprendront après ressuyage. Mais l’état végétatif n’est pas bon partout et dans certaines régions (Rhamna, Chichaoua, Sraghna, plateau des phosphates, …), il est même jugé médiocre. Les champs sont irréguliers avec un retard dans le stade végétatif (taille des cultures 30-40 cm). Concernant, l’élevage, le retard des précipitation a affecté les éleveurs de certaines régions qui étaient obligés (jusqu’à mi-mars) de recourir à l’aliment concentré en raison du manque de pâturage. Les prix ont donc considérablement grimpé en conséquence : la paille a dépassé 10 dh la botte et l’orge 350 dh/ql. Aujourd’hui ils espèrent la repousse des pâturages après les pluies bienfaitrices. Commercialisation Les producteurs s’inquiètent Au vu de la hausse des prix des intrants et du coût des importations en céréales, les agriculteurs commencent déjà à se poser des questions sur les conditions de commercialisation de la prochaine récolte. Quel sera le prix de référence cette année et quelles sont les mesures prévues pour assurer le respect de ce prix par les organismes stockeurs ? Certains pensent même réduire les livraisons en stockant une partie de leur production dans l’attente de la stabilisation des prix sur le marché, partant de l’idée que la demande internationale en céréales ne baissera pas et que les prix resteront aux mêmes niveaux de cette année.

Source : Agriculture du Maghreb