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Les mirages du Jatropha, biocarburant « miracle »

(04/05/2011)

La culture industrielle de cet arbuste, censé prospérer sur les terres arides inutilisées, multiplie les déconvenues. Il était une fois, dans les pays tropicaux, un arbuste nommé jatropha, utilisé par les paysans en guise de haie vive pour protéger leurs champs. Au milieu des années 2000, l’industrie des biocarburants décida d’en faire pousser des milliers d’hectares. Aujourd’hui, la culture de jatropha est accusée de provoquer les pires catastrophes dans les pays en développement, sans même procurer les revenus qui en étaient attendus. Les promesses étaient pourtant alléchantes. Voilà un arbuste qui devait permettre de faire couler à flot les agro-carburants sans entrer en compétition avec les cultures alimentaires. En effet, le jatropha est non comestible, toxique des feuilles à la racine et réputé s’épanouir sur terres arides, impropres aux autres cultures. En Asie, en Afrique en Amérique latine, les investisseurs se sont rués sur cet ‘’or vert‘’ promettant des taux de rentabilité mirobolants, tout en vantant les mérites d’un placement éthique, susceptible de sortir le tiers monde de la pauvreté en faisant fructifier des terres jusqu’alors à l’abandon. De nombreux gouvernements se sont laissé séduire. En 2009, la plante couvrait un million d’hectare. Combien aujourd’hui ? Personne ne le sait avec certitude. Et les prospectus qui promettaient une production annuelle de 2 à 3 tonnes à l’hectare en atteignant péniblement le quart. Mais surtout l’adaptation du jatropha aux terres déshéritées s’est vite révélée un mirage. Comme n’importe quelle plante, le jatropha a besoin d’eau. Sur une terre aride, il survit mais ne produit rien. Pour un agronome du CIRAD France, cet arbuste a un réel intérêt « comme ressource locale, base d’un circuit économique vertueux pour le développement rural. Au Mali, à Madagascar, au Vietnam, l’huile le jatropha produite en culture d’appoint par des communautés de paysans, sert non seulement à fabriquer du savon et des bougies, mais aussi à apporter de l’électricité dans les campagnes en alimentant les groupes électrogènes en carburant propre ».

Source : Agriculture du Maghreb