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La morelle jaune arrive au Proche Orient

(12/07/2011)

La morelle jaune (Solanum elaeagnifolium) est une espèce végétale de la famille des Solanaceae. Originaire du continent nord-américain, cette plante herbacée pérenne à fleurs violettes ou mauves a colonisé tous les continents. Elle fait l’objet de campagnes de surveillance et d’éradication aussi bien en Europe, en Afrique du Nord, en Australie et en Afrique du Sud, et dans certaines régions des États-Unis. Cette plante, dont les baies sont un véritable poison pour le bétail, est toxique, possède des épines qui rendent son extraction à la main assez problématique pour les paysans, et constitue un réservoir à organismes ravageurs. Autre inconvénient de cette plante invasive, la réduction de la biodiversité dans les zones infestées. Pour Gualbert Gbèhounou, expert en mauvaises herbes de la FAO : « Ce type particulier de mauvaise herbe livre aux cultures une concurrence farouche en s’accaparant les nutriments, tandis que ses racines profondes retirent au sol toute son humidité ». Alors que dans son habitat natif d’Amérique subtropicale, cet adventice a de nombreux ennemis naturels, il n’en va pas de même dans les régions qu’elle a envahies au Proche-Orient. La mauvaise herbe de la mondialisation L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) apporte son aide à l’Irak et à la Syrie pour lutter contre la morelle jaune, probablement arrivée au Proche-Orient à la faveur de la mondialisation des échanges commerciaux, quelques semences ayant pu se trouver par hasard dans un conteneur ou dans des sacs de produits agricoles. Elle se répand au Proche-Orient empruntant des voies diverses, notamment les camions ou les animaux de transport ou encore dans des sacs de semences de grains n’ayant pas fait l’objet d’un contrôle de qualité. En Syrie, plus de 60% des terres cultivées et plantées principalement de blé et de cotonniers sont aujourd’hui infestées. La morelle jaune infeste aussi les oliveraies et risque de s’étendre prochainement à d’autres terres. Dans le nord-ouest de l’Irak, on signale une infestation massive similaire tandis qu’au Liban et en Jordanie, la morelle jaune, apparue en plusieurs endroits, pourrait se répandre si rien n’est entrepris dans de brefs délais. Empêcher son extension A la demande des gouvernements concernés, la FAO met en oeuvre un projet qui aide les agriculteurs à gérer la situation afin d’empêcher la morelle jaune de se répandre davantage dans les quatre pays précités. « Nous voulons introduire une approche de gestion intégrée, c’est-à-dire une méthode qui ne se focalise pas sur les herbicides bien que nous puissions y avoir recours le cas échéant. Nous testons plutôt des moyens de gestion alternative durable et les agriculteurs sont encouragés à effectuer des rotations de cultures en plantant notamment une culture de fourrage, l’alfalfa. Celle-ci couvre bien le sol et fait concurrence à la morelle jaune. Cette méthode de lutte empêche la mauvaise herbe de produire de nouvelles semences tout en réduisant les concentrations de ses semences déjà présentes dans le sol », précise M. Gbèhounou.

Source : Agriculture du Maghreb