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Destruction des terres agricoles

(12/07/2011)

De grandes ponctions sont faites par des promoteurs immobiliers sur des surfaces irriguées auxquelles l’État a consenti beaucoup d’argent. Le Maroc possède peu de terres fertiles. En effet, la surface agricole propre à l’agriculture est relativement réduite et représente 12% (8,7 millions d’ha) seulement de la superficie totale du pays (71 millions d’ha). Parmi ces terres agricoles cultivables, 13% seulement sont mises en valeur sous irrigation, le reste (soit 87% du potentiel) est exploité en «bour» (non irrigué) et soumis à une dégradation par l’érosion hydrique ou éolienne, l’ensablement, la salinisation et d’autres phénomènes de désertification. De plus, une course sans précédent de destruction des terres à haut potentiel agricole est menée par les promoteurs immobiliers. Pire, ces ponctions s’opèrent sur des terres agricoles irriguées auxquelles l’État avait consenti beaucoup d’argent. Pour illustrer ce qui se passe, il suffit de traverser la route nationale reliant Rabat à Kénitra. Sur cet axe, toutes les anciennes fermes, qui dans le passé ravitaillaient les villes en production maraîchère ont été rasées. Pourtant, il existe une loi 12.90, relative à l’urbanisme qui, rappelons-le, préconise «le principe de la préservation des terres agricoles à haute productivité de l’urbanisation et des usages autres qu’agricoles. Actuellement, il existe une initiative pour remplacer cette loi par une autre intitulée «Code de l’urbanisme». Cette offensive contre les terres agricoles se déroule à un moment où l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’alarme. Selon elle, l’agriculture des pays en développement nécessite des investissements nets de l’ordre de 83 milliards de dollars par an pour être en mesure de nourrir 9,1 milliards de personnes en 2050. Toujours selon la FAO, à cette échéance, les besoins alimentaires seront le double de ce qu’ils sont aujourd’hui. Au Maroc, le problème des terres agricoles se pose avec gravité, mais il ne semble pas encore occuper sa place dans le débat national, a indiqué Mohamed Wakrim, ingénieur agronome et acteur associatif. «Nous souhaitons que ce débat puisse prendre la même importance que l’eau pour aboutir le plus vite possible à une décision sur la sécurisation du patrimoine foncier agricole productif. Le développement agricole et la sécurité alimentaire ont besoin de leurs deux ressources essentielles : l’eau et la terre. Ce sont les deux jambes sur lesquelles notre agriculture doit avancer», a conclu M. Wakrim. Urbanisation non maîtrisée L’extension non maîtrisée des villes se fait aux dépens des terres agricoles de bonne qualité. En 2004, selon le ministère de l’Agriculture, sur 63 projets d’extension urbaine autour des villes qui avaient prévu 65.518 ha, 36.264 ha de terres agricoles (dont une bonne partie est équipée pour l’irrigation dans les zones d’action des Offices régionaux de la mise en valeur du Tadla, de la Moulouya et du Gharb) et de forêts ont été incluses comme espace urbanisable. Au Maroc, les chiffres officiels indiquent que, sur une superficie totale de 71,085 millions d’ha, moins de 40 millions d’ha représentent des terres à vocations agricole, pastorale et forestière. La Superficie agricole utile (SAU) couvre 8,7 millions d’ha, les forêts 5,8 millions, les nappes alfatières 3,2 millions et les parcours aménageables 21 millions. Le Matin

Source : Agriculture du Maghreb