Actualitéfleche titre

L’acidification des océans aussi grave que le réchauffement climatique

(18/08/2011)

D’ici à 2050, il ne restera sûrement que quelques petites grappes de coraux tandis que la grande majorité aura disparu, ainsi que des millions d’espèces qui vivent dans leur environnement. Les côtes de la Sicile reçoivent chaque jour plusieurs tonnes de dioxyde de carbone de son volcan, comme les océans qui engloutissent quotidiennement des tonnes de CO2, un ennemi invisible qui imprègne l’eau et la rend de plus en plus acide. Face à cette menace mondiale, des millions d’espèces marines sont menacées d’extinction et les récifs coralliens qui protègent les zones côtières commencent à s’éroder. L’acidification des océans, due à l’activité humaine (installations industrielles, maisons, centrales électriques, voitures, avions...) est l’une des menaces les plus inquiétantes pour la planète, affirment les biologistes marins. Mort annoncée Le Dr Jason Hall-Spencer, biologiste marin à l’Université de Plymouth, explique : «Parmi les milliards de tonnes de dioxyde de carbone que nous émettons chaque année, environ 30% sont absorbés par les océans où ils se transforment en acide carbonique. Une acidification qui tue les récifs coralliens et les coquillages, mais qui menace aussi les poissons, dont très peu peuvent vivre dans une eau trop acide». Les scientifiques se sont tournés vers les volcans qui font bouillonner les fonds marins : «Leurs ouvertures vers les fonds marins et l’acide carbonique qu’ils produisent nous apportent beaucoup d’informations sur l’impact du dioxyde de carbone sur les océans et la vie marine» ajoute Jason Hall-Spencer. Les scientifiques estiment que les océans absorbent environ un million de tonnes de dioxyde de carbone par heure et on sait déjà que les mers sont 30% plus acides qu’elles ne l’étaient au siècle dernier. Cette hausse de l’acidité fait des ravages sur les niveaux de carbonate de calcium, à la base de la formation des coquilles et des squelettes de nombreuses créatures marines. Acidification Parmi les signes les plus visibles, le blanchissement des récifs coralliens (qui perdent également leur couleur à cause de la hausse des températures des eaux et finissent par mourir), la baisse notable des populations des ptéropodes - minuscules crustacés qui constituent l’aliment de base de poissons, de baleines et d’oiseaux marins. La directrice de l’US National Oceanic and Atmospheric Administration, le Dr Jane Lubchenco, a décrit l’acidification des océans comme le jumeau du réchauffement climatique, et dont les effets seront tout aussi catastrophiques. Changement trop rapide Les Caraïbes ont déjà perdu environ 80% de leurs récifs coralliens suite à leur blanchissement et à cause de la surpêche qui élimine des espèces aidant à la croissance des coraux. L’acidification risque bien d’avoir le même impact à un niveau mondial. «D’ici 2050, il n’y aura probablement que quelques petites poches de coraux. Des millions d’espèces de poissons, de crustacés et de micro-organismes seront anéantis». L’acidification des océans a déjà sévi par le passé, mais jamais avec une telle rapidité, explique le Dr Jerry Blackford du Plymouth Marine Laboratory. «Il faut environ 500 ans pour faire circuler les eaux du monde. «Si le dioxyde de carbone avait une progression plus lente, en termes de milliers d’années, la nature parviendrait à contrer l’acide carbonique, mais ici, ce n’est pas le cas, les niveaux de dioxyde de carbone augmentent beaucoup plus rapidement aujourd’hui. À la fin du siècle, l’eau de mer de surface sera 150% plus acide qu’elle ne l’était en 1800». «Il n’y a tout simplement pas assez de temps pour que l’impact puisse être contré par la nature elle-même» ajoute Blackford. «L’accumulation de l’acide est particulièrement importante dans les zones supérieures des océans, c’est-à-dire celles qui ont la plus grande importance pour les êtres humains.» Sans vie Sur la côte orientale de la baie principale de l’Etna, en Sicile, on trouve une longue étendue de sable noir. Près des côtes, à environ un mètre de profondeur, le flux de dioxyde de carbone produit des petites bulles comme dans un immense jacuzzi, l’acidité est particulièrement élevée et il n’y a plus de vie marine autour, même pas des algues. «Ici, l’acidité est beaucoup plus grande que dans le pire des scénarios pour les océans «, a déclaré le Dr Marco Milazzo, de l’Université de Palerme. Une chose est sûre : «Quand l’eau est peu acide, la flore est riche, explique Milazzo. Avec l’acidification, l’habitat devient de moins en moins varié».

Source : Agriculture du Maghreb