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Journée mondiale de l’alimentation

(06/12/2011)

L’autosuffisance, par la subvention des prix et une approche solidaire Comme beaucoup de pays à travers le monde, le Maroc a célébré la journée mondiale de l’alimentation, dans un contexte mondial marqué par la plus grande augmentation depuis 30 ans des prix mondiaux des produits alimentaires de base. Cette année, le thème retenu était « Les prix des denrées alimentaires – de la crise à la stabilité ». Il s’agit d’attirer l’attention sur une évolution qui porte préjudice aux consommateurs pauvres, aux petits producteurs et à l’agriculture en général. Le Maroc s’est doté de plusieurs mécanismes capables de lui permettre de développer son agriculture et de prémunir sa population contre les fluctuations du marché international des denrées alimentaires. C’est d’ailleurs dans cette logique que le plan Maroc Vert a été adopté pour augmenter les investissements et l’organisation de la productivité agricole et garantir une autosuffisance alimentaire. Cette garantie passe par la mise en valeur d’une agriculture moderne et performante, adaptée aux règles du marché, grâce à une nouvelle vague d’investissements privés. Les populations fragiles sont aussi visées par une approche solidaire orientée vers la lutte contre la pauvreté, en augmentant de manière significative le revenu agricole des exploitants les plus fragiles. A noter que «le système de soutien des prix, par le biais de la Caisse de compensation, qui subventionne le sucre, et l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses pour les céréales, permet de ne pas répercuter la hausse des les prix sur les marchés intérieurs. Cela est visible sur le marché national qui a gardé le même niveau des prix et n’a pas connu de hausse significative, malgré la fluctuation des indices de denrées alimentaires au niveau mondial». Permettre à la population marocaine d’accéder à une alimentation saine et équilibrée passe nécessairement par des subventions directes à des denrées comme les céréales, le sucre et les denrées alimentaires de première nécessité et par des subventions indirectes qui concernent les hydrocarbures qui influencent la production de plusieurs aliments. Des chiffres qui sèment la crainte La hausse des cours mondiaux des denrées alimentaires menace la sécurité alimentaire dans les pays en développement et met en danger l’autosuffisance alimentaire. A titre d’exemple, au cours des 18 derniers mois le prix du maïs a connu une hausse de 74% alors que celui du riz a pratiquement triplé, enregistrant une augmentation de 166%, ce qui a plongé 20 pays dans des troubles liés à la faim. Après 2008 les prix ont connu une baisse provisoire qui a cédé la place à une hausse en 2010 des prix des céréales qui ont rebondi à 50% tout en maintenant le rythme de la hausse frénétique au début de 2011. La hausse des prix porte atteinte aux pays vulnérables et pauvres parce qu’elle alourdit la balance de leurs importations en denrées alimentaires pour subvenir aux besoins de la population. En 2010, les pays à faible revenu ont dépensé la somme record de 164 milliards de dollars pour les importations alimentaires. Et d’après les chiffres de la Banque mondiale, l’augmentation des prix des aliments, en 2010-2011, a provoqué la pauvreté de 70 millions de personnes. Les graines
de la fluctuation Les causes de la volatilité des prix des denrées alimentaires sont multiples et liées à plusieurs facteurs. On peut citer les chocs climatiques, comme ceux qu’ont connu la Russie et l’Ukraine, qui ont arrêté leurs exportations à cause de la sécheresse, l’explosion de la production des biocarburants, la croissance de la population mondiale (80 millions nouvelles personnes à nourrir chaque année) et la chute des stocks qui sont devenus difficiles à reconstituer à cause, entre autres, de la crise économique et financière mondiale. Ainsi, l’élasticité de l’allocation des terres pour la culture de maïs et de soja, utilisés dans la fabrication de biocarburants, réduit les superficies allouées aux autres denrées alimentaires. « Les causes de la volatilité des prix des aliments se conjuguent et vont au-delà du pouvoir d’un Etat » souligne un expert. Le labour de la FAO L’initiative de lutte contre la flambée des prix des produits agricoles a été lancée depuis 2007 et la FAO contribue activement à la distribution de semences et d’engrais pour aider les agriculteurs pauvres dans 90 pays touchés par le phénomène de la volatilité des prix. Dans ce sens, elle a aidé les Etats à programmer plus de 5 milliards de dollars d’investissement dans l’agriculture et en 2010, la FAO a alloué 800 millions de dollars à des projets d’urgence et de coopération technique dans plus de 70 pays dont le Maroc. Le représentant de la FAO au Maroc, M. Jean-Luc Bernard explique que la FAO «développe avec le Maroc une réflexion sur la manière de faire baisser les prix des denrées alimentaires et des matières agricoles, l’amélioration des rendements et comment arriver à une meilleure adaptation du développement agricole aux besoins des populations afin qu’elles puissent être en mesure d’obtenir les matières dont elles ont besoin à des prix raisonnables et qui soient en adéquation avec leur revenu». « Nous connaissons bien les causes de l’instabilité des prix des denrées alimentaires. Cependant, pour agir contre cette instabilité, il faut une volonté politique. Le marché mondial des denrées alimentaires est tendu: l’offre peine à suivre la demande et les stocks n’ont quasiment jamais été aussi bas. Les sécheresses et les inondations qui frappent les principales régions productrices exercent de nouvelles pressions sur les prix ». M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO Les agriculteurs sont eux aussi touchés car ils ont absolument besoin de savoir quel sera le prix de leur production au moment de la récolte, c’est-à-dire des mois plus tard. Si les prix ont des chances de monter, ils sèment davantage. Si au contraire, on prévoit des prix orientés à la baisse, ils sèment moins et réduisent leurs dépenses. La fluctuation rapide des prix rend ces calculs bien plus difficiles. Une meilleure coordination des politiques en matière de commerce international des produits alimentaires peut stabiliser les prix en contribuant à assurer une bonne circulation des marchandises. La FAO est favorable à l’élimination des subventions agricoles dans les pays riches qui ont des effets de distorsion sur le commerce

Source : Agriculture du Maghreb