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L’aménagement de parcelles pour limiter la pression des ravageurs
(20/03/2012)
En France, des aménagements de parcelles sont testés depuis 2008, pour évaluer leur intérêt dans la protection contre les ravageurs des cultures légumières. Les connaissances concernant la biodiversité fonctionnelle progressent peu à peu. Attirer, maintenir et amplifier les populations d’auxiliaires en créant en bord des parcelles agricoles des infrastructures agro-écologiques comme des haies, mélanges fleuris ou bandes enherbées. C’est le principe de la biodiversité fonctionnelle qui vise à obtenir une régulation naturelle des ravageurs par leurs prédateurs et parasitoïdes. L’objectif n’est pas d’éliminer les ravageurs mais de les stabiliser à des niveaux gérables par des moyens alternatifs. Depuis trois ans, le Ctifl de Carquefou teste par ailleurs en laitue l’effet de haies, bandes fleuries et bandes de légumineuses sur les populations de pucerons et de leurs principaux ennemis (syrphes, coccinelles, chrysopes, staphylins et certaines espèces de Carabidés). Les résultats montrent que les principaux auxiliaires retrouvés à l’intérieur des laitues sont les larves de syrphes (50-60 % des effectifs), suivies des staphylins (20-30 %), des coccinelles (15-20 %) et des chrysopes (moins de 5 %). Les Carabidés, qui ne restent pas dans la salade, n’ont pu être comptabilisés. Dans la parcelle «non aménagée» suivie en 2010, le nombre de pucerons augmente rapidement à partir du 15 juin, culmine le 30 juin puis diminue rapidement. La cinétique des auxiliaires suit celle des pucerons avec un léger retard. Sur la parcelle aménagée, l’intensité d’infestation des cultures est similaire mais la durée d’infestation est un peu plus courte, avec un nombre de pucerons en forte diminution dès le 25 juin. De même, l’intensité de la colonisation des laitues par les auxiliaires est similaire dans les deux types de parcelles, mais l’accroissement des populations est plus rapide dans la parcelle aménagée. Des infrastructures agro-écologiques au bord des parcelles de laitues réduiraient donc la durée d’infestation des cultures par les pucerons. Les recherches devraient se poursuivre pour confirmer ou non cette hypothèse. Et d’autres résultats sont attendus sur le thrips sur poireau, également suivi à Carquefou en 2011. Toutes ces recherches se font dans un objectif de production, insiste un chercheur. Et comme pour l’homologation d’un produit phytosanitaire, elles demandent du temps. Dans les années à venir, l’accent devrait être mis sur des solutions très concrètes, notamment sur des pratiques pouvant favoriser les flux d’auxiliaires des abords vers la culture, telles que les plantes relais, les cultures associées, le travail du sol... Choisir des espèces locales Les essais réalisés à Carquefou (44) ont permis de mieux connaître les populations d’auxiliaires dans différentes infrastructures : une haie de charme ancienne, une haie composite récente, une bande fleurie et une bande de légumineuses. Globalement, les haies abritent beaucoup de carabidés et de staphylins qui y trouvent refuge et nourriture. Les bandes fleuries attirent les syrphes, chrysopes, coccinelles et parasitoïdes qui s’y nourrissent à la floraison et y trouvent refuge. Et les légumineuses servent de refuge aux carabidés et staphylins et attirent les parasitoïdes lors de la floraison. Pour protéger les cultures, le mieux est donc d’associer plusieurs types d’infrastructures. Les espèces choisies doivent être riches en nectar et pollen et il est conseillé d’associer des espèces qui fleurissent tôt (saule...) et d’autres qui fleurissent tard (lierre,..). Les essences locales sont à privilégier pour créer un corridor écologique avec l’environnement. Enfin, certaines espèces sont particulièrement attractives pour les auxiliaires: vesce, sarrasin, ombellifères, ortie, chanvre... Attention, en revanche, aux espèces pouvant attirer des ravageurs (légumineuses jaunes et blanches attirant altises et méligètes..). Source : Revue Fruits et Légumes
Source : Agriculture du Maghreb