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Des alliacées pour désinfecter les sols

(20/03/2012)

Des essais montrent l’efficacité de déchets ou d’extraits purs d’alliacées pour la désinfection des sols. Quand on brise une alliacée, certaines substances contenues dans la plante se réarrangent en composés soufrés très actifs et typiques des arômes d’Allium, les thiosulfinates. Ces composés étant instables, ils se dégradent assez rapidement en polysulfures, moins actifs mais plus stables dans le sol. Des travaux ont déjà montré l’effet de ces composés sur les insectes. Pour compléter ces données, des expérimentations ont été menées pour évaluer le potentiel fongicide et nématicide des alliacées. Les essais ont porté sur l’efficacité en désinfection de sol de l’incorporation d’écarts de tri et déchets d’oignon, de poireau et de différents principes actifs des alliacées (DMDS, DAPS, DPDS). Tous ces produits ont montré une certaine efficacité contre Pythium ultimum sur concombre. Parmi les composés soufrés, le DMDS (diméthyldisulfure) a été le plus efficace. A dose élevée, il a même eu un effet stimulant sur les concombres. Les écarts de tri d’oignons et de poireaux ont également montré un effet fongicide net, avec une supériorité des oignons. La dose d’apport de 240 t/ha est la plus intéressante avec, à un mois, 94% de plantes saines avec les oignons et 64% avec les poireaux. Quand l’apport est augmenté à 360 t/ha, l’efficacité diminue, ce qui pourrait s’expliquer par une phytotoxicité des broyats à une telle dose d’apport. Le DMDS à des doses de 0,5 à 1 ml/l de sol a également montré une efficacité contre les attaques de Sclerotinia sclerotiorum sur salade. Dans un essai, il a permis de réduire de deux tiers le nombre de plantules attaquées. Une autre expérimentation menée chez un maraîcher dans un tunnel présentant des problèmes récurrents de nématodes à galles a montré une forte efficacité du DMDS contre les attaques de Meloidogyne. Enfin, d’autres essais ont montré l’intérêt de l’incorporation d’oignons sur le rendement en asperge et sur le volume racinaire de fraisiers en pots. Si l’incorporation de 240 t/ha de déchets d’oignon ou de poireau s’avère peu réaliste, la piste du DMDS est très intéressante. La substance est utilisée aujourd’hui en tomate, melon, courgette, aubergine, fraise... contre les maladies du sol et les galles. En Europe, une demande d’homologation devrait être déposée en 2012. Une autre piste, utilisable en agriculture biologique, serait celle des alliacées sauvages dont certaines sont très riches en DMDS. Les insectes aussi... Des extraits d’ail perturbent la prise alimentaire de la coccinelle mexicaine du haricot et réduisent le taux de ponte du psylle du poirier. Des extraits d’oignon inhibent la ponte de la piéride du chou et de la piéride du navet. Et des extraits d’ail et d’oignon perturbent l’installation du puceron vert du pêcher et empêchent son alimentation. Enfin, les alliacées, en particulier les extraits d’ail, s’avèrent carrément toxiques pour divers insectes (puceron des céréales, criquet pèlerin, larves de doryphores et de piéride du chou, teigne de la pomme de terre,...). Source : Revue Fruits et Légumes

Source : Agriculture du Maghreb