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Alimentation durable Quelles pistes pour aujourd’hui et demain ?

(10/05/2012)

La durabilité de l’alimentation est aujourd’hui en question, au regard de ses effets sur l’environnement, la santé, l’équité sociale et l’économie. En particulier, assurer à la population mondiale une alimentation répondant à ses besoins qualitatifs et quantitatifs, dans un contexte de pression sur les ressources et de changement climatique, constitue un défi majeur. Des experts se sont mobilisés pour dresser l’état des lieux des systèmes alimentaires à l’échelle de la planète, en étudiant spécifiquement la transformation, la distribution et la consommation. C omment nourrir le monde aujourd’hui et dans la perspective démographique du XXIe siècle tout en intégrant la notion de « durabilité » dans cette réflexion ? L’étude qui a mobilisé 125 experts académiques, institutionnels et privés, a permis de dresser un état des lieux des déterminants majeurs qui ont présidé aux évolutions passées des systèmes alimentaires, d’identifier les points critiques de ces systèmes, et enfin, de dégager des questions à la recherche pour de futurs programmes. Etudier l’aval des systèmes alimentaires La réflexion menée couvre les systèmes alimentaires depuis la sortie de la ferme jusqu’à la consommation et l’élimination des déchets. De nombreuses questions ont été examinées : la consommation alimentaire avec l’augmentation des calories d’origine animale et ses conséquences, l’organisation des systèmes alimentaires en liaison avec les productions de chimie et d’énergie renouvelables, les pertes et gaspillages, l’impact des marchés internationaux sur la consommation, les insuffisances des méthodes d’évaluation et de leurs critères d’appréciation de la durabilité. Trois sujets originaux apportent un éclairage neuf sur certaines controverses : 1-Evaluer l’impact carbone des consommations alimentaires des Français selon leur qualité nutritionnelle La question de la relation entre la qualité nutritionnelle de l’alimentation et son impact carbone** s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. A partir d’une enquête sur les consommations alimentaires des français, les experts ont observé que plus les quantités d’aliments ingérées chaque jour par un individu sont importantes, plus l’impact carbone associé à ces consommations est élevé. C’est ainsi que l’impact carbone de l’alimentation des hommes (4725 eqCO2/jour) est significativement supérieur à celui des femmes (3658 eqCO2/j). En revanche, les experts ont noté une faible relation entre la qualité nutritionnelle de l’alimentation et son impact carbone. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à l’alimentation, une baisse des quantités totales ingérées pourrait donc être plus efficace qu’une modification du type d’aliments consommés. Ces premiers résultats, qui vont à l’encontre de bien des idées reçues, se doivent d’être vérifiés par des recherches approfondies. 2-Repenser les filières industrielles alimentaires Le système alimentaire dominant des pays industrialisés a reposé sur une réduction de la gamme des matières premières agricoles produites et sur une spécialisation des opérateurs des filières sur deux étapes successives : le fractionnement de cette matière première, puis une reformulation pour aboutir à une grande diversité d’aliments. Cette évolution butte aujourd’hui sur de nouvelles contraintes, dans un contexte de marges de manœuvre réduites au niveau industriel. Par ailleurs, les aléas auxquels la production agricole fait face se traduisent par une plus grande variabilité des prix qui va conduire les filières à développer des systèmes de production plus flexibles et plus robustes. Enfin, l’intégration des exigences environnementales rend nécessaire des évolutions profondes, tant au niveau des procédés industriels qu’au niveau de l’organisation des filières et des relations entre les différents opérateurs des chaines alimentaires. 3-Alimenter les villes Quels enjeux pour le développement durable ? Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui en ville. Selon la FAO, nourrir une agglomération de 10 millions d’habitants nécessite environ 6000 tonnes de nourriture chaque jour, correspondant à 3 millions d’hectares de terre agricole. Il existe ainsi une véritable logique de localisation des productions agricoles à proximité des lieux de consommation. Pourtant, faut-il favoriser l’agriculture à proximité des grandes villes ? La réponse, d’un point de vue énergétique et environnemental, est loin d’être évidente. Sur le plan de la distribution, ce qui se joue dans les 5 derniers kilomètres est ce qui pèse le plus en matière d’impact sur l’environnement, ce qui, de ce point de vue, remet en question les avantages des circuits courts. Emission de gaz à effet de serre, processus d’intensification des terres agricoles près de villes, pollutions des nappes phréatiques, autant d’exemples qui mettent en question le déplacement de la production agricole vers le lieu de consommation et la possibilité d’un développement local durable.
 *Pour une alimentation durable. Réflexion stratégique duALIne. * L’estimation de l’impact carbone des aliments désigne, en équivalent CO2, la quantité de gaz à effet de serre émis par la production, la transformation et le transport des produits.

Source : Agriculture du Maghreb