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Campagne agricole 2009/2010 : Etat d'avancement

(05/04/2010)

Les fortes pluies de 2008-09, puis celles de l’hiver 2010 ont rempli les barrages de toutes les régions du Maroc. A fin février, le taux de remplissage des barrages à usage agricole était de 96%, avec un volume total de la retenue de 13 Milliards m3, soit +23% par rapport à 2008/09 à la même date. Dans certaines régions, on déplore d’importants dégâts, surtout dans le Gharb où de violentes crues ont coupé les routes et arraché quelques ponts. Certaines régions comme le Souss ont vu tomber en deux mois plus de pluies qu’au cours de toute une année normale.

Agrumes
Au 7 mars 2010, 369 mille tonnes d’agrumes ont été exportées, soit une diminution de 2% par rapport à 2009. La campagned’exportation des petits fruits est bouclée sur une augmentation des volumes exportés de 9%. Une performance qui peut être qualifiée de bonne au vu du contexte de crise qui continue de frapper le pouvoir d’achat sur nos marchés d’exportation
et des intempéries qu’a connues la région de Souss Massa, grande pourvoyeuse d’agrumes. Le volume exporté de petits fruits a atteint 316 mille tonnes contre 290.000t lors de la campagne précédente. En ce qui concerne les oranges, les prévisions des exportations seront revues à la baisse à cause des inondations du Gharb. Autrefois leader des xportations agrumicoles, cette région se retrouve actuellement une terre de vente sur pieds par excellence, le conditionnement et l’exportation se faisant à partir de Casablanca.
A noter que les intempéries ont poussé les producteurs de certains fruits comme la clémentine à en accélérer la cueillette.
Pour y arriver, ils ont dû doubler les effectifs de la main-d’oeuvre, qui exigeait une rémunération plus importante compte tenu des conditions difficiles de cueillette et de manutention (boue, inondations…). Conséquence : le coût de la production augmente de même que le prix de vente final. Par ailleurs, l’existence de plusieurs intermédiaires contribue aussi au renchérissement des produits.
Par marché, et par rapport à l’année dernière, le marché des PECO a connu un recul de 13% (41%) par contre celui de l’UE enregistre une augmentation de 20% (39%). L’AENA absorbe 18% et la France 2%.


Tomate
A début mars, 239.000 t ont été exportées contre 295.000 t lors de la campagne précédente à la même date, soit une
diminution de 19%. C’est d’autant plus regrettable que la conjoncture actuelle sur le marché de l’UE est plutôt favorable
et offre de bonnes perspectives aux exportations marocaines. Cependant la baisse de l’offre (intempéries) a tiré l’export à
la baisse par rapport à la campagne précédente. Les intempéries ont également été à l’origine de l’apparition de maladiestelles que le mildiou et le botrytis, champignons très virulents (Voir page 10). Sur le marché local, le prix de la tomate affiche une hausse de 200%, une flambée qui anime toutes les conversations.

Céréales
La campagne n’avait pas bien démarré puisque les précipitations généralisées n’ont commencé qu’à la mi-décembre.
Ce retard a eu pour conséquence une baisse de 8,2% des emblavements par rapport à la campagne précédente, avec 4,74 millions Ha contre 5,1 en 2008/09. Rappelons que cette superficie englobe les céréales inondées dans la région du Gharb (70.000 Ha). Par espèces, le blé dur occupe 918 mille Ha (-5%), le blé tendre 1,9 million d’ha (-5%) et l’orge
1,91 million Ha (-13%). La superficie consacrée à la betterave à sucre est de 52.000 ha, en recul de 10% par rapport à la campagne précédente. Les emblavements ont nécessité plus d’ 1 million de quintaux de semences certifiées vendues par la SONACOS (90% du disponible), en hausse de 60% par rapport à 2008/09. Cependant, dans la plupart des régions on a
noté, à cause de l’excès d’eau, un arrêt de croissance, un faible tallage, des jaunissements et même des champs entiers qui ont subi des dégâts irréversibles. « Pour l’instant, compte tenu de la difficulté d’accès aux parcelles, on ne peut même pas penser à des cultures de remplacement », explique un producteur démoralisé. L’inaccessibilité au terrain a également
entravé les opérations de désherbage, fertilisation de couverture et traitements fongicides.
25 millions de quintaux de blé tendre ont été collectés jusqu’à fin Février 2010. Les importations s’élèvent à 6,8 millions Qx, en diminution de 71% par rapport à 2009. A noter que les cours mondiaux du blé dur du Canada, du blé tendre et de l’orge français affichent une baisse par rapport à 2009 à la même période.

Intrants agricoles
L’estimation des ventes cumulées des engrais à fin février 2010 fait état d’un volume de 630.000 t en augmentation de 10% par rapport à 2008/09 à la même période. Ceci malgré le fait que beaucoup de céréaliculteurs ont fait l’impasse sur la fertilisation de fond, par manque de temps ou par économie, comptant se rattraper par l’apport d’engrais de couverture. A
noter que les prix des engrais azotés sont passés de 180-200 dh/ql d’ammonitrate 33%, par exemple, début janvier, à plus de 300-350 dh en février. Certains revendeurs ont en même profité pour écouler les stocks invendus de l’année précédente qui avaient durci dans les sacs suite au stockage prolongé. Signalons que sur le marché international, les prix du DAP continuent d’augmenter sous l’effet de la forte demande des industriels européens des engrais composés. Les cours de l’Urée ont affiché une tendance à la baisse depuis début de février. 

Aides financières
Au 26 février, le montant global de l’aide financière dont les décisions d’octroi ont été transmises aux CRCA pour règlement étaient de 683 millions de DH. Près de 16% du montant (117 MDH) est déjà réglé par les CRCA pour 2160 dossiers. Par nature d’investissement, l’équipement de l’exploitation vient au premier rang avec 55%, soit 374 MDH. L’aménagement des propriétés agricoles vient en 2e position avec 32%, soit 203 MDH. La région Marrakech-Tansift-Haouz vient en tête avec 111 MDH de subventions soit 16%, suivi de Tadla-Azilal avec 14%, Doukkala-Abda 10% et Tanger-Tetouan 9%.

Le Souss, sérieusement atteint
Si la région du Gharb a déjà été déclarée zone sinistrée,
celle du Souss n’est pas mieux lotie. Des pluies diluviennes sont tombées sur la région alors qu’habituellement, la moyenne varie de 150 à 250 mm. Les associations de la région exigent un plan de soutien en faveur des
professionnels. Plusieurs exploitations ont été inondées, ce qui a entraîné de gros dégâts dans les plantations d’agrumes. La stagnation des eaux dans les vergers d’agrumes entraîne l’asphyxie racinaire. Il faudrait donc
les arracher et en replanter d’autres, qui ne donneront leurs premiers fruits que dans plusieurs années. Autant de facteurs qui vont contribuer à la diminution de la production au titre de la campagne 2009-2010. Les
producteurs parlent d’un recul d’environ 30 à 40% par rapport à l’année précédente.

Source : Agriculture du Maghreb