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Commercialisation des dattes

(27/06/2012)

Potentialités encore sous-exploitées

Le Maroc est un pays présentant de grandes potentialités en matière de palmier dattier. Le grand atout est que la demande est au rendez-vous et les perspectives prometteuses. Cependant, les potentialités de cette filière sont largement sous-exploitées. Les efforts de tous les acteurs de la filière se conjuguent pour changer beaucoup d’habitudes, surtout au niveau de la commercialisation des dattes. Les différentes phases du processus (de la production à la commercialisation) sont ainsi appelées à connaître une mise à niveau exceptionnelle.

La participation aux salons nationaux et aux foires internationales, ainsi que les échanges avec des clients potentiels pour les dattes marocaines ont confirmé une fois de plus qu’il existe des opportunités commerciales très importantes à saisir pour ce produit tant apprécié. « Le marché international est clairement demandeur », annonce Bernd Pöeschk, Adjoint du Chef d’équipe/ Expert en Marketing et Commercialisation du Programme MCA*/Maroc, Projet Arboriculture Fruitière/ TC-5B. « Ceci a été confirmé lors de la participation des représentants de la filière aux foires Fancy Food, Anuga et Fruit Logistica. Une multitude de demande concrètes ont été formulées par des clients potentiels », poursuit-t-il. Les personnes intéressées sont surtout des professionnels d’Europe et des pays du Golfe. Néanmoins les dattes marocaines ne sont pas encore bien connues à l’échelle internationale et même nationale. Ainsi, la grande distribution installée au Maroc est intéressée par la datte marocaine mais encore hésitante quant aux partenaires commerciaux avec lesquels elle pourrait établir des contrats de livraison régulière.

Un marché demandeur mais…
En effet, l’offre ne répond pas encore aux exigences des clients et des consommateurs. La non disponibilité des dattes en quantité et en qualité suffisantes (homogénéité des dattes, salubrité, présentation, emballage, étiquetage, etc.) déprécie considérablement sa commercialisation. Conséquence : la balance commerciale extérieure demeure déficitaire. Les importations irakiennes et tunisiennes sont appelées à la rescousse. Le Maroc exporte de petites quantités de dattes et importe une quantité annuelle de l’ordre de 40.000 tonnes en provenance principalement de l’Irak (40%) et de la Tunisie (35%), le reste étant réparti entre l’Arabie saoudite, la Syrie, les Emirats Arabes Unis et l’Algérie. Un peu plus chers que la production locale, les produits importés se démarquent par un conditionnement plus attractif. Ils sont de plus en plus demandés par un consommateur devenu particulièrement regardant
quant à la qualité des produits alimentaires.

Des efforts qui se conjuguent
Au-delà des salons, c’est au niveau des choix du gouvernement et des outils utilisés pour encourager le secteur dattier qu’il faut s’arrêter. Les palmeraies bénéficient d’un intérêt grandissant de la part du gouvernement marocain et des bailleurs de fonds internationaux, avec l’initiation de nombreux programmes de développement et de mesures structurantes visant la préservation du patrimoine phoenicicole. L’intégration des palmeraies dans le cadre du Projet Arboriculture Fruitière (PAF) du programme MCA 2008-2013 a ainsi été mise en oeuvre. L’activité du projet porte sur plusieurs points : soutien des unités de conditionnement et de celles en cours de construction, amélioration des pratiques culturales, appui à la commercialisation, formation et assistance technique des opérateurs de la filière du palmier dattier, conseil et développement des plans d’affaires pour le conditionnement des dattes, équipements d’emballage et entreposage au froid au niveau des coopératives secondaires. Plusieurs expériences ont d’ores et déjà été initiées par les acteurs du PAF. Résultats : beaucoup de changements ont pu être réalisés, entres autres la possibilité de traiter les dattes après la récolte contre l’infestation par les pyrales, qui peut affecter jusqu’à 30% de la
production. D’autres projets sont en cours d’exécution. Ainsi, le PAF a organisé un atelier « business to business » réunissant la grande distribution et les producteurs des dattes en vue de l’établissement de contrats réguliers avec des partenaires commerciaux et de tests consistant à vendre des échantillons de dattes pour analyser les préférences des consommateurs quant à la présentation du produit, les quantités quantités idéales par paquets (0,5 Kg, 1 Kg…), les variétés de dattes les plus appréciées, les prix envisageables, etc. Ces tests sont planifiés pour le mois de Ramadan 2012. Leurs résultats seront analysés à la fin de cette opération. Au final, il est attendu que la datte marocaine fasse son entrée dans la grande distribution au courant de cette année. De plus, il est prévu de concrétiser des relations commerciales au niveau de la grande distribution avec les entreprises ayant montré le plus grand intérêt et d’honorer quelques demandes présentées au niveau international
notamment aux niveaux d’opérateurs situés en Europe ou dans les pays du Golfe.

 Une filière qui se dynamise
Afin de répondre aux exigences des clients et de parvenir à intégrer un marché organisé et éventuellement de concurrencer les dattes provenant de l’étranger sur le marché marocain,
il semble logique de mettre en place des actions pour renforcer les liens commerciaux entre les différents maillons de la filière. En effet, l’absence de normes commerciales rend la commercialisation des dattes difficile au niveau des circuits modernes comme au niveau des marchés internationaux. Sans normes, il est également très difficile de mettre en place un système d’information sur les prix des dattes qui répondrait aux besoins des opérateurs de la filière. Un nouvel entrant fera son apparition à la fin de cette année : l’élaboration d’une norme marocaine pour les variétés de dattes ayant le plus de potentialités commerciales et dont
les travaux ont déjà commencé. Cette norme sera utilisable au plus tôt durant la campagne 2012. Elle consiste à donner aux consommateurs et intermédiaires du commerce des indications fiables sur la qualité offerte. Elle offre également aux opérateurs de la filière une référence leur permettant d’assurer des niveaux de qualité reconnue. L’élaboration de cette norme a affronté quelques difficultés, entre autres la diversité aussi bien des variétés des
dattes que des oasis où elles sont produites. Sur le plan catégorisation commerciale, « un grand effort a été déployé pour rapprocher les méthodes et les critères de définition des catégories de dattes », révèle M. Pöeschk. Autre aspect incontournable pour valoriser les dattes : le traitement des dattes après la récolte. L’utilisation de la phosphine sur les dattes, avant conditionnement et stockage, est devenue actuellement indispensable afin de conserver la datte en bon état et de répondre aux besoins des consommateurs et des commerçants
en mettant à leur disposition un produit de bonne qualité. La dérogation ministérielle existante en ce qui concerne l’utilisation de la phosphine au Maroc a finalement été élargie au courant du mois de mai 2011. Comme il s’agit d’une toute nouvelle pratique dans le secteur des dattes, il est fort probable que cela prenne des années avant que la fumigation ne soit pratiquée à grande échelle. Il est entre autres important d’analyser au fur et à mesure l’efficacité de cette pratique sur les différentes variétés de dattes marocaines.

Source : FOOD magazine