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Flambée des prix des céréales

(24/09/2012)

Année de toutes les calamités…
Induite par la spectaculaire progression qu’ont connue les différents cours des produits agricoles durant ces derniers mois, notamment les céréales et le sucre, l’indice FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) des prix des produits alimentaires s’en est vu fortement atteint. Avec plus 6% entre juin et juillet, cette flambée risque, d’après un grand nombre d’analystes, de perdurer et commence à s’installer dans le temps. Si l’indice proposé par la FAO mesure les fluctuations mensuelles des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires de base, il faudrait néanmoins rappeler que pendant que certains cours de matière première se sont envolés, d’autres sont restés pratiquement stables, spécialement ceux de la viande et du riz, qui ont enregistrés des fluctuations plus au moins modérées et qu’on pourrait qualifier d’acceptables.

Pour comprendre la chose, direction les grands fournisseurs de céréales, Etats-Unis et Russie entre autres. Ainsi, la sécheresse historique qui a sévit dans ces deux pays a augmenté considérablement l’effet de pénurie, au point que le Département américain de l’Agriculture a abaissé ses prévisions de production mondiale pour la campagne en cours pour le maïs, le soja et par la même occasion pour le blé, dont le cours est fortement lié à celui des autres céréales. Rappelons aussi que le maïs est très sollicité pour la filière « bioéthanol ». D’ailleurs, sur ce volet, les voix s’élèvent de plus en plus au sein de l’Union Européenne (à l’instar du syndicat Confédération Paysanne) pour une réorientation des aides de la Politique Agricole Commune en direction de éleveurs plutôt que des agro-carburants. En effet, dans ce climat morose de crise, les éleveurs observent impuissants leurs coûts de production augmenter de manière très soutenue, sans pouvoir répercuter cette hausse sur les prix de vente des produits.
Un phénomène mondial
Ce qui caractérise cette flambée des prix provient également de son caractère « universel ». Les stocks de soja sont ainsi à leur plus faible niveau depuis plus de trente ans et sont marqués d’une baisse de plus de 10% par rapport à la production escomptée. Aussi, les rudes sécheresses observées dans l’Est de l’Union Européenne, le faible tonnage enregistré en Inde pour ce qui est du blé (15% de moins que la moisson normale), les mauvaises récoltes en raison de la sécheresseen Russie (plus de 25% des exportations
mondiales de blé) et les inondations qu’a connues l’archipel des Philippines (zone de production de riz) font que pratiquement toutes les céréales sont touchées. Quant à celles qui le sont un peu moins, elles sont entraînées dans ce mécanisme infernal par un effet boule de neige.
Recours à l’importation pour le Maroc
Au niveau national, la campagne de collecte du blé tendre se poursuit et a atteint 13,9 millions de quintaux à la fin de la première semaine d’août. Au Maroc, où l’approvisionnement en blé dur et blé tendre est une affaire d’Etat, plusieurs avis d’appels d’offres pour l’importation du blé tendre ont d’ores et déjà été lancés par l’Office national Interprofessionnel des Céréales et Légumineuses (ONICL) pour subvenir aux besoins du pays. Signalons que le Canada et la France (principaux fournisseurs pour le Maroc en blé tendre et blé dur) n’ont pas connu de problèmes accentués. Le rationnement de la demande devra donc en principe, à lui seul, induire l’absence ou non de pénurie. Mais c’est sans compter sur l’effet de la spéculation et des dysfonctionnements qu’elle opère sur le schéma d’approvisionnement.

Source : FOOD magazine