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Lac Ksar Jdid : un site d’intérêt écologique non encore valorisé

(29/10/2012)

HROU ABOUCHRIF, Président APBOSEM hrou.abouchrif@gmail.com Peu connu, même par la population d’Errachidia, le lac Ksar Jdid est situé près du village du même nom, relevant de la commune d’El Kheng, province d’Errachidia. Il s’étend sur une superficie d’environ 60 hectares, avec une profondeur au milieu du lac pouvant dépasser les 4 mètres pendant les bonnes années. En fait, le volume d’eau est tributaire de la hauteur des pluies enregistrée dans la région, mais aussi du taux de remplissage du barrage Hassan Eddakhil, situé à environ 2 kilomètres, à vol d’oiseau, au nord de cette étendue d’eau. Ce lac, que l’on pourrait qualifier d’artificiel, a vu le jour au moment de la construction du Barrage Hassan Eddakhil inauguré en 1971. Le lieu avait fait l’objet de creusement, de défonçage et de transport de terres nécessaires pour combler et surélever la digue du barrage Hassan Eddakhil. Il constitue actuellement un vaste réservoir d’une diversité biologique que l’on commence à peine à inventorier. Cependant, cet écosystème renfermant une biocénose riche et diversifiée, fait malheureusement l’objet de plusieurs agressions de la part des populations non conscientes de l’importance de la préservation de la biodiversité. En effet, on assiste actuellement à une très forte pression sur ce lac de la part des braconniers qui lancent quotidiennement leurs cannes à la recherche du « Black bass », magnifique poisson de sport qui séduit des dizaines de pêcheurs d’Errachidia, sans aucun respect de sa période de reproduction. Les oiseaux aquatiques sont aussi chassés par des gamins et dérangés par des véhicules qui ne cessent de passer près de leurs habitats. La flore, très riche en espèces spécifiques à cette région oasienne et dominée par une phragmitaie assez dense, a subi à cause des fumeurs des incendies, à plusieurs reprises. A l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité (créée en 2000 par les Nations unies et fixée au 22 mai), l’Association de préservation de la biodiversité et de protection des oiseaux du Sud-Est du Maroc (APBOSEM) lance une campagne de sensibilisation sur l’importance de la préservation des ressources naturelles et du respect de l’équilibre écologique des écosystèmes dans les régions oasiennes. Une sortie effectuée sur les lieux le 20 mai 2012, par des membres de l’APBOSEM, amateurs d’ornithologie, a permis l’observation de plusieurs espèces d’oiseaux : une dizaine de foulques macroules (Fulica atra), quatre couples de tadorne casarca (Tadorna ferruginea), deux couple du héron cendré (Ardea cinerea) et plusieurs autres espèces non encore identifiées. En hiver, quatre couples de grand cormoran (Phalacrocorax carbo) ont été observés sur ce site. Le site accueille une panoplie d’oiseaux autochtones et migrateurs. Il se prête bien à une valorisation écotouristique, ce qui favoriserait la protection de la biodiversité et notamment les espèces locales d’oiseaux. La mise en œuvre des aménagements de ce site nécessitera la contribution du Haut Commissariat aux Eaux-et-forêts et à la lutte contre la désertification, les associations locales, la Commune rurale d’El Kheng, les habitants du village Ksar Jdid, des organismes de protection des oiseaux et les différents acteurs œuvrant dans la lutte contre la dégradation de la biodiversité.

Source : Agriculture du Maghreb