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ABRICOTS Menaces sur la production Un loupé pour le plan Maroc vert

(29/10/2012)

M. Hassan Debbagh, Président de la FICOPAM (Fédération des industries de la conserve des produits agricoles et de la mer) rappelle que ‘‘l’abricot a été repéré comme une des filières prioritaires pour le plan Maroc Vert, mais visiblement son tour n’est pas encore arrivé ! Bien avant le PMV, le plan Emergence en 2009 avait érigé le secteur agroalimentaire en priorité. Aucune mesure n’a été mise en place et on assiste depuis cinq ans, à une baisse continue des volumes exportés au niveau de tous les produits à base d’abricot. Ainsi, depuis 5 ans, les baisses à l’export de la conserve de ce fruit sont énormes. D’après les statistiques de l’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) arrêtées à fin 2011, les exportations de l’abricot en boite connaissent un recul de 37% en 6 ans, avec 3.080 tonnes de boites exportées contre 4.869 tonnes en 2006. La pulpe d’abricot en boite connaît elle aussi une chute de 25% soit 6.153 tonnes en 2011 contre plus de 8.000 tonnes en 2006. Pourtant, l’abricot est l’un des fruits qui se prêtent le mieux au processus de valorisation. Les fruits de bons calibre et texture sont transformés en oreillons au sirop et au naturel. Ceux de petit calibre vont à la fabrication des pulpes. Alors que les fruits abîmés servent à la fabrication des confitures et autres marmelades. Même les noyaux peuvent être valorisés par l’industrie des cosmétiques. Rappelons que l’industrie de transformation s’accapare une grande partie de la production industrielle en conserve, destinée à l’export, essentiellement vers la France, d’autant plus que le faible pouvoir d’achat pousse les Marocains à consommer un produit non transformé. Du reste, les industriels sont assujettis à une TVA pour le même produit qui, lorsqu’il est vendu en vrac, est exonéré. Aujourd’hui, c’est du coté des industriels de la transformation que la situation est au plus mal. « Il y a quelques années, les problèmes de l’abricot étaient plus liés à l’approvisionnement et aujourd’hui le vrai défi se situe au niveau de la production agricole et ses coûts ! » indique M. Hassan Debbagh. Même si le surgelé s’en sort plutôt bien (près de 4.800 t exportées), cette exception n’a pu malheureusement influer sur le volume global des exportations de l’abricot qui a chuté de 22% passant de 18.533 tonnes en 2006 à 14.378 tonnes réalisées en 2011. «Et ce n’est pas fini, prédit M. Debbagh, les prix des matières premières ne permettent pas des niveaux de compétitivité pour aller sur d’autres pays et d’autres continents». En réalité, les industriels nationaux n’arrivent pas à faire face à la montée en puissance de la Chine et dans une moindre mesure la Grèce. Au mieux, l’industrie marocaine de transformation de ce fruit à caractère hautement périssable, transforme 20.000 tonnes par an. Et c’est exclusivement la variété Canino qui fait l’objet du traitement industriel car, c’est la seule que les industriels arrivent à écouler à l’export. Une variété, assez acide qui ne permet pas en revanche à l’industrie de transformation de se tourner vers le séchage et qui aurait pu offrir une valorisation beaucoup plus importante. Des efforts de diversification du profil variétal sont toujours au stade de la recherche. «L’idéal est d’arriver à produire trois variétés: précoce, semi précoce et tardive. Cela permettrait d’étaler la production sur deux mois et donc offrir aux industriels une plus grande disponibilité de la matière première», souligne Mohamed Kharrazi, chef du service des filières de la production végétale à la direction régionale de l’agriculture Marrakech Tensift Al Haouz. A signaler que, sur une production nationale pouvant atteindre 120 000 t/an, le Haouz assure 60% avec une superficie de 6.000 ha et un rendement moyen de 12t/ha, alors que le PMV prévoit une moyenne de 20t/ha pour 2020. Aujourd’hui, confie M. Hassan Debbagh, les conserveurs redoutent aussi un déficit en main-d’œuvre saisonnière, de plus en plus difficile à trouver, sans parler des besoins pour la cueillette. A titre d’exemple, une industrie agroalimentaire de taille moyenne multiplie par 4 le nombre de ses ouvriers durant la saison.

Source : Agriculture du Maghreb