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Alimentation bovine

(28/11/2012)

Impact de la hausse des prix sur la filière lait
Depuis 2006, le marché international des aliments de bétail connait une forte volatilité. Cette année encore et comparativement à 2011, les producteurs marocains ne sont pas épargnés par la hausse des prix des matières premières qui aura indéniablement un impact sur la filière laitière.
Le maïs, le soja et l’orge sont les principales matières dont le prix a considérablement augmenté ces dernières années et ce pour plusieurs raisons : la baisse de l’offre causée par une sécheresse prolongée dans les principales régions productrices (Etats-Unis et Europe), l’augmentation de la demande des pays émergents notamment la Chine, la concurrence avec les biocarburants et la spéculation sur les produits agricoles qui s’est accentuée suite à la crise financière de 2008.
Etat des lieux
« Au niveau national, les coûts à la production du maïs et du soja restent trop élevés par rapport aux prix chez les pays exportateurs », affirme Abderrahmane Tarabi, Directeur de la Fédération Interprofessionnelle Marocainedu Lait (FIMALAIT). En effet, le Royaume n’étant producteur ni de maïs ni de soja, le marché intérieur demeure fortement dépendant du marché
international. Notons par ailleurs que le Maroc bénéficie d’un taux de douane préférentiel à l’importation avec les Etats-Unis. «Toutefois, les droits de douane restent élevés pour certains intrants qui pourraient contribuer à réduire la part du maïs dans l’aliment composé, ce qui accentue la dépendance au maïs », souligne M. Tarabi.
Des prix revus à la hausse
Bien entendu, les élevages dont l’alimentation est basée sur les concentrés seront les plus impactés par cette hausse de prix. Un fait qui risque d’inciter les producteurs à réduire la quantité en aliments composés dans l’aliment de bétail. « Ceci peut conduire à la baisse de la productivité du cheptel en deçà du seuil du potentiel génétique des vaches laitières », indique
M. Tarabi. Par ailleurs, l’augmentation dépend fortement de la formulation de l’aliment. « Du moment où le maïs et le tourteau de soja représentent respectivement 20 et 15% des formules des aliments composés de bovins, le prix final de la gamme ruminant est affecté au moins de 15%, soit 49 centimes/kg (à titre indicatif, car le calcul de l’effet réel dépend de variantes telles que l’état des stocks, le prix d’achat des matières premières…) », explique Othmane Berrada, Chef de Service Agricole chez Nestlé Maroc. En effet, le prix réel observé sur le terrain a été
de 3,70 DH/ kg, soit une augmentation de 40 centimes/kg en 2012.
Les ambitions de la filière lait
Ressenties en novembre 2012 en raison d’une importante chute de la production laitière comparativement à l’année passée, les répercussions de la hausse des prix des aliments
composés pour bovins sur la filière laitière n’ont été visibles qu’après la fin du programme de l’Etat visant la sauvegarde du cheptel par le subventionnement de l’aliment de bétail. Dans ce contexte, la FIMALAIT se fixe comme objectif de sensibiliser les pouvoirs publics aux effets négatifs induits par ces augmentations sur la rentabilité des élevages et sur la filière dans son ensemble. Elle vise également l’organisation de rencontres entre éleveurs et industriels en vue de maintenir et de développer le potentiel de production du secteur. Pour sa part, Nestlé Maroc a mis à la disposition de ses éleveurs des solutions, à savoir : encadrement technique dans le but d’optimiser le coût de production, octroi de prêts pour la constitution de stocks de fourrage, octroi de prime à la qualité du lait. « Nos objectifs en termes de collecte de lait frais seront probablement atteints, surtout que la campagne agricole 2013 connait un bon démarrage vu l’importance des précipitations qu’a connu notre pays ces dernières semaines », conclut M. Berrada sur une note positive.

Source : FOOD magazine