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Une politique agricole commune au sud de la Méditerranée?

(11/12/2012)

Alors que dans l’Union européenne, la Politique agricole commune est progressivement battue en brèche, l’idée d’une PAC pour les pays du sud de la Méditerranée, est présentée comme une solution aux problèmes alimentaires, du Maroc à la Syrie. Le défi, aujourd’hui, de l’Afrique du Nord aux pays du Levant, est comparable à celui qu’a dû relever l’Europe, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale : nourrir correctement sa population. Une population qui a doublé en 30 ans, sur les rives sud et est de la Méditerranée. Les investissements dans l’agriculture ont été très ralentis dans les années 80, sur les injonctions, à l’époque, du FMI et de la Banque mondiale. Difficile, malgré les efforts redoublés, de rattraper le retard : aujourd’hui, ces pays se retrouvent à régler une facture de blé, de viande et de lait, sur le marché mondial, de près de cinquante milliards de dollars par an, du fait de la hausse des cours mondiaux. Epargner le choc au consommateur par des subventions est de moins en moins tenable. Alors, comment doper la production agricole, du Maroc à la Syrie, malgré le manque de plus en plus cruel de terres arables et d’eau. Comment permettre aux populations rurales d’en vivre mieux ? L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED) prône la recette qui a réussi en son temps à l’Europe : des prix stables aux agriculteurs par la régulation aux frontières. Il juge que l’Union européenne, à défaut d’intégrer ses voisins méditerranéens, doit les aider à créer, à leur tour, «leur» politique alimentaire et agricole commune. En matière de droit foncier, de statut de l’agriculteur, d’organisation des filières, de logistique, l’Europe peut apporter son expérience... et un peu de son argent : la moitié des 4,5 milliards d’euros qui seraient nécessaires, selon ces experts, à cette PAC du sud et de l’est de la Méditerranée. Sans aller jusque-là, Sébastien Abis, Analyste politique, Conseiller au Secrétariat Général du CIHEAM, appelle lui aussi dans son dernier ouvrage à une véritable coopération euro-méditerranéenne, enfin, en matière d’agriculture. Les deux rives de la Méditerranée auraient tout à y gagner : ceux du sud et de l’est pourraient se regrouper pour commercialiser leurs agrumes, et «ne pas être seuls à la table du commerce international», lorsqu’il s’agit d’acheter du blé. Les Européens pourraient consolider leur position d’exportateur fiable de céréales dans ces pays, face aux concurrents américains, russes et brésiliens. Et espérer plus de stabilité à leur porte. Source : IPEMED

Source : Agriculture du Maghreb