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Les biocarburants: Conséquences sur l’environnement

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Appelés également agrocarburants, voire même «nécrocarburants» par leurs détracteurs, les biocarburants représentent une nouvelle forme d’énergie complémentaire aux combustibles fossiles notamment dans les déplacements motorisés.

Les biocarburants sont des carburants d’origine agricole. Ils sont obtenus à partir de matières organiques végétales ou animales, appelées encore biomasse et sont utilisés dans les moteurs. Il existe trois grands types de biocarburants selon la matière végétale ou animale utilisée :

• les biocarburants issus des plantes contenant de l'huile comme le colza ou le tournesol (Diester ou biodiesel)

• les biocarburants obtenus à partir d'alcool produit avec des plantes contenant du sucre ou de l'amidon (bioéthanol).

• Les biocarburants produits, sous forme gazeuse, par fermentation sans oxygène de déchets alimentaire, végétaux (biogaz).

 

A noter qu’il existe trois générations de biocarburants :

1. première génération : issus exclusivement des cultures alimentaires ;

2. deuxième génération : issus majoritairement des arbres et arbustes (bois, feuilles, paille, etc.) ;

3. troisième génération : issus des algues, ils sont dits algocarburants.

 

Les biocarburants de première génération

Les biocarburants de première génération sont produits à partir des réserves des végétaux. A titre d’exemple, le bioéthanol est un alcool produit par la fermentation des sucres contenus dans les plantes riches en sucre (betteraves, topinambours, canne à sucre...) ou en amidon (pomme de terre, céréales) ou dans les plantes ligneuses (bois, paille...).

Par rapport à la filière essence, la filière éthanol (de la production à l’utilisation) produit 2,5 fois moins de gaz à effet de serre (60 %) et a un rendement énergétique 2,3 fois supérieur.Mais ce rendement peut encore s’améliorer. On peut aussi produire un éther dérivé de l’éthanol l’ETBE qui est issu de la betterave et du blé, et réservé aux moteurs à essence.Au Brésil, depuis les années 70, une grande partie du parc automobile (plusieurs millions de véhicules) est alimentée avec de l’éthanol extrait de la canne à sucre.

 

La production d’éthanol

Au niveau mondial, la production d’éthanol, soit 76,2 milliards de litres en 2009, a triplé entre 2000 et 2007 et devrait atteindre 127 milliards de litres en 2017. Les États-Unis (taux d’incorporation de 5,3% qui devrait passer à 8,5% en 2020) et le Brésil (taux d’incorporation de 48% qui devrait passer à 70% en 2020) produisent la plus grande quantité d’éthanol, soit environ 41 milliards et 26,3 milliards de litres respectivement, ce qui représente 88 % de la production mondiale. Les autres pays producteurs sont la Chine, le Canada, la France et l’Allemagne, mais aucun ne produit plus de 3 % de la production américaine d’éthanol.

En 2007, 23% de la production de maïs des Etats-Unis et 54% de la récolte de canne à sucre au Brésil étaient utilisés pour produire de l’éthanol. Mais depuis 25 ans, c’est le Brésil qui est le leader des biocarburants. Toute l’essence vendue doit être mélangée à de l’éthanol et toutes les stations services doivent aussi bien vendre de l’éthanol pur, que des mélanges à base d’éthanol. A l’instar du Brésil, l’autorisation de combiner les biocarburants et les carburants automobiles a été votée dans au moins 20 états et provinces du monde ainsi que dans deux pays : la Chine et l’Inde.

Toutefois, malgré l’augmentation des surfaces consacrées à la production de biocarburants, la part de ces derniers dans l’utilisation des carburants reste faible. En 2008, la part de l’éthanol dans les carburants utilisés dans les transports est estimée à 4,5% aux Etats-Unis, 40% au Brésil et 2,2% dans l’Union européenne.

 

Les conséquences sur l’environnement

S’ils permettent de réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, les biocarburants, compte-tenu de la technologie déployée pour leur production, peuvent avoir un impact disproportionné sur l’environnement et la biodiversité parce que leurs cultures nécessitent l’utilisation de grandes quantités d’engrais et de beaucoup d’eau. Entre 1000 et 4000 litres d’eau sont en effet nécessaires pour produire un seul litre de biocarburant.

Au final, après bien des années d’incertitudes et alors que de nombreux pays se sont maintenant massivement engagés dans la production de biocarburants pour le transport routier, une étude finale, de l’ADEME, sur l’analyse du cycle de vie des biocarburants de 1ère génération montre que le bilan demeure plus que mitigé.

 

Les conséquences sur l’automobile

Les biocarburants contiennent davantage d’eau et d’oxygène que les carburants classiques, ce qui entraîne la corrosion des moteurs qui les utilisent. Les carburants qui contiennent davantage d’éthanol augmentent la consommation de carburant et ont donc un rendement moindre que ceux qui en ont moins ou pas du tout.

 

Les biocarburants de deuxième génération

Ces biocarburants valorisent les parties non alimentaires des plantes. Ils sont issus de la transformation de la lignocellulose contenue dans les résidus agricoles (paille, pulpe de betterave) et forestiers (bois), dans des plantes provenant de cultures dédiées (taillis à croissance rapide comme miscanthus, switchgrass, sorgho fibre...) et même grâce aux déchets verts.

Deux voies sont développées pour transformer la lignocellulose des plantes : la voie biochimique pour obtenir de l’éthanol et la voie thermochimique pour obtenir du biogazole de synthèse. Ces technologies sont encore au stade de la recherche et une production industrielle n’est pas attendue avant 2020.

Source : Agriculture du Maghreb