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Des plants de maïs pour piéger les mouches des légumes

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Supprimer tout traitement insecticide sur les cultures de légumes, tel est le pari tenu par une équipe du CIRAD à la Réunion. Grâce à des plants de maïs installés tout autour des parcelles maraîchères, il n’est plus nécessaire de les traiter contre les mouches des légumes, leurs principaux ravageurs. Cette réussite est le résultat de plusieurs années de recherche sur la gestion agroécologique des cultures horticoles réunionnaises, avec à la clé des pertes limitées, des coûts réduits et surtout des productions plus saines.

A la Réunion, les mouches des légumes sont considérées comme les principaux ravageurs des cultures horticoles. Trois espèces de la famille des Tephritidae y sévissent : Bactrocera cucurbitae, Dacus ciliatus et D. demmerezi. Leurs femelles pondent à l’intérieur des courgettes, chouchous, concombres, citrouilles, melons et autres cucurbitacées, et les larves, en se développant dans la pulpe du légume, provoquent sa destruction.

La lutte chimique, qui a été la règle pendant des années avec un usage massif d’insecticides, a montré ses limites : inefficacité, coût élevé, risques pour l’environnement et la santé. Depuis plusieurs années, une équipe du Cirad explore, avec ses partenaires réunionnais, les possibilités d’une gestion agroécologique des populations de mouches, en particulier l’utilisation de plantes capables d’attirer et de piéger les mouches en dehors des champs.

 

Des bordures de maïs pièges

La technique des plantes pièges repose sur l’observation du comportement des mouches : celles-ci passent en effet 90 % de leur temps sur la végétation environnante, pour se reproduire, s’abriter et se nourrir, et seulement 10 % sur la culture de légume, en ce qui concerne les femelles, pour pondre. Il s’agit donc d’installer en bordure des champs des plantes qui attirent les mouches et de les y piéger.

Les plants de maïs se sont révélés tout à fait efficaces dans ce rôle de plante piège : les mouches s’y concentrent et il suffit alors de les éliminer à l’aide d’un appât alimentaire mélangé à une quantité infinitésimale de bio-insecticide. Il n’est dès lors plus nécessaire d’épandre l’insecticide sur les légumes cultivés et la production maraîchère est préservée.

 

Retrouver la biodiversité des agroécosystèmes

L’utilisation de plants de maïs en tant que pièges à mouches est maintenant adoptée par les producteurs réunionnais, qui peuvent ainsi reprendre des cultures qu’ils avaient presque abandonnées car les pertes y étaient trop importantes. Couplée à d’autres techniques telles que la surveillance des populations de mouches et le ramassage des fruits tombés au sol, l’utilisation de plantes pièges garantit une gestion agroécologique des ravageurs. Et les résultats sont probants : des pertes minimes, des coûts réduits et des productions plus saines et, pour certaines, déjà labellisées Bio.

Mais cette technique a aussi d’autres retombées intéressantes. Les plants de maïs ne se contentent pas d’attirer des mouches nuisibles aux cultures. Ils hébergent aussi d’autres insectes, utiles ceux-là, comme les syrphes. Pollinisateurs et prédateurs, ces insectes sont aussi les indicateurs d’un agroécosystème mieux équilibré.

En supprimant les traitements insecticides, la technique des bordures de maïs permet aussi aux insectes utiles de revenir dans les champs, en particulier les prédateurs des mouches des légumes, complétant ainsi l’arsenal de contrôle des pullulations. Mais il ne s’agit pas de baisser la garde. A tout moment, si les mesures de gestion agroécologique ne sont pas suivies scrupuleusement, les mouches peuvent de nouveau envahir les champs.

Source : Agriculture du Maghreb