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Pomme de terre: Production de plants indemnes de maladies

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Les pommes de terre sont sujettes à toute une série de maladies qui abaissent les rendements et la qualité des tubercules. Qui plus est, les agents pathogènes s’accumulent durant les clonages successifs de tubercules et dans le sol qui sert à les cultiver. C’est pourquoi la production durable de pomme de terre dépend d’un approvisionnement constamment renouvelé de matériel végétal indemne de maladies.

Une grande innovation pour le secteur de la pomme de terre dans les pays développés a été l’adoption généralisée dans les années 70 de la culture de tissus – ou micropropagation –comme méthode de multiplication de plants indemnes de maladies qui peuvent être utilisés par la suite pour produire des plants de pomme de terre sains pour les agriculteurs. Tout d’abord, les virus et autres agents pathogènes sont éliminés en cultivant les plants dans un environnement contrôlé à température élevée. Les pousses apicales des plants indemnes de maladie sont ensuite placées sur un milieu nutritif standard dans des récipients en verre (in vitro) et dans un environnement de laboratoire complètement stérile. Les pousses deviennent des plantules qui sont ensuite transférées soit en serre, soit dans un champ à l’abri des insectes nuisibles, où elles poussent au même rythme que les plants de pomme de terre normaux en produisant des tubercules plus petits appelés des «minitubercules».

Après la récolte, les minitubercules doivent être stockés à basse température. Au bout de 45 jours environ – et pour une période pouvant aller jusqu’à sept mois – ils peuvent être transférés dans un environnement plus chaud pour induire la germination. Une fois plantés, ils se mettent à produire des plants de pomme de terre de taille normale, indemnes de maladies, prêts à être livrés aux agriculteurs. Pendant la croissance, les plants doivent être protégés des insectes nuisibles pour éviter toute nouvelle infection.

 

Petites boutures : Alternative à faible coût

Si le procédé ci-dessus donne des plants sains, la micropropagation de plantules est coûteuse et requiert des technologies sophistiquées et un personnel bien formé. Dans de nombreux pays en développement, des moyens plus simples et moins onéreux de propagation sont nécessaires. La FAO encourage une alternative prometteuse à faible coût: l’utilisation de très petites boutures, c’est-à-dire des boutures de bourgeon feuillé à un seul nœud ou tout autre type de bouture d’environ 1,5 cm, qui peuvent servir à la production de plantules à l’échelle commerciale. Le matériel végétal de départ donne un petit nombre de plantules obtenues par micropropagation et exemptes de maladies, qui, dans des régions comme l’Afrique subsaharienne, sont souvent importées des pays développés. Néanmoins, elles sont multipliées non pas in vitro mais in vivo (c’est-à-dire dans des conditions naturelles non stériles).

Les boutures sont multipliées dans une chambre de culture ou une serre ombragée sur substrat mixte de tourbe et de sable (ou tout autre milieu d’enracinement) dans des bacs plastique placés sur des tréteaux en métal.

La technique des boutures est favorisée par l’étiolement – c’est-à-dire dans des conditions de faible intensité lumineuse. Les plants étiolés conservent leurs caractéristiques juvéniles en produisant de nouvelles pousses qui donnent d’autres boutures qui prennent racine sans difficulté. En outre, les plantes restent de petite taille, de sorte que l’on peut en cultiver un grand nombre sur un espace limité (chaque bac peut contenir 500 boutures au m2).

Les boutures deviennent de nouvelles plantules en l’espace de trois semaines, lesquelles donnent de nouvelles boutures. En l’espace de six mois, une seule bouture peut donner jusqu’à 100.000 descendances. Une fois la quantité nécessaire obtenue, les plantules peuvent être transférées dans un environnement libre d’insectes nuisibles (en serre ou en plein champ à l’ombre). Plantées en profondeur, les plantules s’enracinent en une semaine, deviennent des plants de pomme de terre classiques et produisent des minitubercules.

La technique produit des plantules au même rythme que la propagation in vitro à une fraction du coût. Cependant, il est essentiel de conserver le matériel végétal de départ exempt de maladies in vitro et d’appliquer toutes les mesures phytosanitaires standard durant le processus de propagation.

Source : Agriculture du Maghreb