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Maroc-UE: D'un échange de concession à un libre échange
(04/01/2010)
Le Maroc et l’Union Européenne se sont enfin mis d’accord après 3 longues années et une dizaine de rounds de négociations. Les
nouveaux protocoles agricoles dans le cadre global d’association ont été finalement paraphés lundi 14 décembre. Le Maroc aurait
volontairement ralenti la cadence des pourparlers en vue de mieux cadrer le nouvel accord avec les objectifs du Plan Maroc vert.
M. Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture n’a pas caché sa satisfaction lors de la conférence de presse tenue le 17 décembre pour la
présentation des résultats de l’accord sur la libéralisation des échanges avec l’UE. Une meilleure visibilité est effectivement offerte aux
opérateurs pour se positionner sur les nouveaux créneaux ouverts au libre-échange. Avec ces nouvelles dispositions, l’accord permet la
libéralisation immédiate pour les exportations marocaines à hauteur de 67% pour les produits agricoles, 98% pour les produits agro-industriels
et pour les 100% des produits de la pêche. Ce résultat découle d’une part de l’augmentation conséquente des quotas des exportations, de
l’allongement de la liste des produits libres d’accès dans les pays de l’UE et, d’autre part, du renforcement du niveau de protection des filières
marocaines sensibles.
L’accord prévoit que tous les produits agricoles locaux entreront librement chez le partenaire européen, à l’exception d’une liste restreinte
de produits susceptibles de concurrencer la production européenne: tomate, ail, clémentine, fraise, concombre et courgette. Cependant, les
quotas d’exportation de ces produits seront considérablement augmentés (tableau).
Pour les produits libres, il n’existe aucun quota, calendrier d’exportation, droits de douane ou prix d’entrée: huile d’olive, haricots verts,
salade, fruits à noyau, melon,…Mais un prix d’entrée est maintenu pour une dizaine d’autres représentant environ 10% de la valeur des
exportations marocaines. D’après ce dispositif, les produits ne sont frappés d’aucun droit à l’entrée si leur prix effectif est supérieur ou égal
au prix d’entrée. En revanche, s’il est inférieur, un droit compensateur s’applique. Sont notamment concernés la pomme, la poire, le citron, le
raisin de table, la nectarine, l’abricot, la pêche et l’orange.
En tout, le gain fiscal estimé pour le Maroc est de l’ordre de 1,7 milliard contre 700 millions de DH en termes de concessions accordées à la
partie européenne. Des avancées qui n’ont pas été du goût des agriculteurs européens, notamment espagnols et français, qui ont considéré
cette nouvelle ouverture des frontières comme une provocation.
Une ouverture maîtrisée
« Le nouvel accord consacre une ouverture à la fois maîtrisée et asymétrique du marché marocain», a souligné M. Akhannouch. Comme une
négociation suppose un échange de bons procédés, des concessions ont été accordées à l’UE sans que le secteur agricole ne soit mis en
danger. En attendant la mise à niveau de certaines filières, la libéralisation du marché se fera en fonction des besoins socio-économiques
et du degré de préparation des opérateurs. Aucune concession supplémentaire n’a été offerte pour le blé tendre qui a une dimension
sociale importante. Les produits à libéraliser sur 5 ans sont des produits où le Maroc a un avantage comparatif clair, et ne représentent
pas de risque pour les producteurs nationaux, comme les légumes frais ou conserves de légumes. Les produits à libéraliser sur 10 as sont
principalement des produits nécessitant une longue période d’ajustement pour la production comme les produits laitiers, les oeufs, la
biscuiterie, la chocolaterie et la confiserie.
Cette ouverture vise aussi à satisfaire les besoins du consommateur marocain en termes de produits de qualité et de prix. Elle assure d’autre
part la compétitivité des agriculteurs et agro-industriels en permettant l’importation de tous les intrants en exonération des droits et taxes.
Source : Agriculture du Maghreb