Erythrée : Le contexte économique

Les indicateurs économiques

L'Érythrée est l'un des pays les plus fermés au monde. Elle était déjà confrontée à une situation économique très difficile en raison de sécheresses chroniques, d'une forte diminution des envois de fonds de la diaspora, de politiques autarciques et de tensions passées avec l'Éthiopie, lorsqu'elle a été frappée par la pandémie de COVID-19 et par une invasion de criquets. En 2022, l'Érythrée a connu un ralentissement de la croissance du PIB réel, estimée à 2,3 % contre 2,5 % en 2021. Cette décélération a été partiellement attribuée aux répercussions de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en particulier sur les prix de l'énergie, des engrais et des denrées alimentaires. Notamment, la Russie et l'Ukraine fournissent collectivement près de 100 % des importations de blé de l'Érythrée, tandis que le pétrole représente 71 % de la consommation d'énergie du pays. Malgré cela, la croissance en 2022 a été principalement tirée par les secteurs de l'industrie et des services du côté de l'offre, associée à la consommation privée et à l'investissement du côté de la demande (données de la Banque africaine de développement). La croissance du PIB réel en 2023 est estimée être restée relativement stable à 2,6 %, soutenue par l'avancement de la construction du projet de potasse Colluli. La Banque mondiale prévoit une croissance de 2,8 % en 2024.

Malgré une baisse de 24 % des prix mondiaux du zinc en 2023, l'Érythrée a enregistré une hausse de ses recettes d'exportation en raison des prix relativement élevés de l'or et du cuivre. En outre, la réduction des importations de carburant et de nourriture a soutenu cette tendance. En conséquence, l'excédent de la balance courante est resté supérieur à 14 % du PIB. Entre-temps, les recettes d'exportation minières robustes ont également soutenu les revenus du gouvernement. À la fin de 2023, la dette publique était estimée à environ 219 % du PIB, dont près de 80 % étaient imputables aux banques nationales. L'Érythrée est actuellement en situation de surendettement et, en janvier 2023, elle avait atteint un point de pré-décision sur la liste des pays pauvres très endettés (PPTE). Un assainissement budgétaire progressif, associé à des recettes minières toujours robustes, devrait contribuer à réduire le déficit budgétaire à 4 % du PIB d'ici à 2024. Cette tendance à l'assainissement budgétaire devrait se poursuivre à moyen terme. La reprise économique en cours devrait faciliter la diminution du ratio de la dette publique au PIB, de 211 % du PIB en 2024 à 189 % du PIB en 2026 (Banque mondiale). En 2023, l'inflation a diminué pour atteindre un peu plus de 6 %, principalement en raison de la baisse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l'énergie. Cette modération a apporté un certain soulagement aux ménages, avec une baisse attendue à 5 % cette année. Des risques notables pèsent sur les perspectives, notamment une baisse potentielle de la demande mondiale ou chinoise pour les exportations érythréennes de produits de base, ainsi que des fluctuations des prix des métaux et des minerais. Les retards de production à la mine de Colluli, les retombées du conflit au Soudan et les tensions accrues au Moyen-Orient constituent des préoccupations supplémentaires. En outre, les graves vulnérabilités climatiques pourraient s'aggraver à l'avenir, ce qui constituerait une menace importante pour la sécurité alimentaire de l'Érythrée.

L'Érythrée, qui n'a pas organisé d'élections depuis 1993, est l'un des dix pays les plus pauvres du monde. Elle souffre de famines récurrentes qui touchent une grande partie de la population et les ONG ont été interdites d'accès au pays. Le marché du travail est quasiment inexistant, ce qui pousse de nombreux Erythréens à travailler dans le secteur informel. Selon la Banque mondiale (estimation modélisée par l'OIT), le taux de chômage en Érythrée s'élevait à 5,9 % de la population active totale en 2023. La pauvreté est largement reconnue comme prévalente en Érythrée, bien que les comptes nationaux officiels et les statistiques sur la pauvreté n'aient pas été compilés depuis plus d'une décennie.

Indicateurs monétaires	2014	2017	2018	2019	2020
Nafka érythréen (ERN) - Taux de change annuel moyen pour 1 MAD	1,83	1,59	1,61	1,57	1,59

Source : Banque Mondiale - Dernières données disponibles.

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