drapeau Liban Liban : Le contexte économique

Les indicateurs économiques

Après des années de négligence, de corruption, de mauvaise gestion financière et de guerre en Syrie, l'économie libanaise est entrée dans une véritable crise en 2019, déclenchant des manifestations de masse qui ont exigé des réformes radicales. La crise économique s'est encore détériorée depuis, en raison de la pandémie de COVID-19, de l'augmentation de la dette publique, d'un défaut de paiement souverain, d'un effondrement de la monnaie et d'une explosion dans le port de Beyrouth. Les moteurs traditionnels de la croissance au Liban (l'immobilier, la construction et le tourisme) sont au point mort et le secteur bancaire, qui était jusqu'alors loué pour sa résilience, s'est effondré. Le PIB réel du Liban s'est contracté de 5,7 % en 2024, ce qui représente une perte de 4,2 milliards USD en termes de consommation et d'exportations nettes, en raison du conflit entre Israël et le Hezbollah. Selon la Banque mondiale, cela porte à plus de 38 % la baisse totale du PIB depuis 2019. Cette contraction reflète l'impact des déplacements, des destructions et de la réduction de la consommation privée après l'escalade du conflit à la mi-septembre. Sans le conflit, le PIB aurait pu augmenter de 0,9 % en 2024.

En 2024, la position budgétaire du Liban devait initialement s'améliorer, en s'appuyant sur les gains modestes de 2023. Le pays a estimé un excédent budgétaire de 0,5 % pour 2023, grâce à l'augmentation des recettes provenant des corrections du taux de change et des restrictions des dépenses. Le budget du gouvernement pour 2024, ratifié en février, prévoyait une situation budgétaire équilibrée. Cependant, avec l'escalade du conflit en septembre 2024, les projections budgétaires pour 2024 se sont aggravées. Avant le conflit, un léger excédent budgétaire de 0,2 % était prévu, mais il a diminué en raison de la réduction des recettes et de l'augmentation des dépenses d'urgence. Les recettes devraient atteindre 15 % du PIB, contre 13,7 % en 2023, tandis que les dépenses devraient s'élever à 14,8 % du PIB. L'impact du conflit sur les résultats budgétaires, en particulier au quatrième trimestre, a sensiblement modifié ces projections. Le ratio dette/PIB du Liban devait initialement baisser à 141,9 % en 2024, mais cette réduction ne reflète pas une amélioration de la dynamique de la dette. La baisse attendue du PIB nominal en raison de l'escalade du conflit a probablement augmenté le ratio dette/PIB du Liban. Avec la poursuite du défaut de paiement souverain, la dette du Liban reste insoutenable et la dynamique de la dette ne s'améliore pas. La restructuration de la dette est cruciale pour parvenir à une réduction significative de la dette, restaurer la marge de manœuvre budgétaire et retrouver l'accès aux marchés afin de faire face aux défis cumulés, en particulier ceux qui ont été aggravés par le conflit. En février 2025, le gouvernement libanais a annoncé son intention de négocier un nouveau programme avec le Fonds monétaire international pour remédier à la dette publique et à la défaillance financière. Cette initiative vise à mettre en œuvre les réformes nécessaires et à restructurer le secteur bancaire afin de revitaliser l'économie. Bien que le taux de change se soit stabilisé depuis août 2023, cette stabilité est fragile et non durable, car elle repose sur des restrictions budgétaires et des réductions de dépenses dans les institutions publiques plutôt que sur un cadre monétaire solide. Cette approche a permis de réduire temporairement la circulation des devises, mais a retardé les investissements essentiels à la reprise. L'augmentation des besoins de financement post-conflit pourrait épuiser les réserves de change ou augmenter l'offre de devises, ce qui compromettrait la stabilité des taux de change et alimenterait l'inflation, révélant ainsi la non-viabilité de la stratégie actuelle.

Le pays est confronté à de nombreux problèmes humanitaires et sociaux en plus des défis macroéconomiques et politiques. L'afflux massif de réfugiés syriens (25 % de la population du pays) a ébranlé l'équilibre démographique et le marché du travail du pays et exerce une pression sur les coûts des loyers, des infrastructures et de la fourniture de services publics tels que l'eau et l'électricité. L'escalade du conflit qui a débuté en septembre 2024 a fait des milliers de victimes, provoqué des déplacements massifs et des destructions sans précédent. À la mi-novembre 2024, le ministère de la santé publique faisait état de plus de 3 500 morts et 14 500 blessés. Plus de 1,2 million de personnes, soit un quart de la population libanaise, ont été déplacées, créant l'un des plus grands déplacements de l'histoire du pays et intensifiant les besoins humanitaires urgents. Depuis 2019, l'inflation élevée et la dépréciation de la monnaie ont considérablement réduit le pouvoir d'achat, augmentant l'insécurité alimentaire et modifiant les habitudes de consommation. Les inégalités de revenus se sont creusées, les ménages les plus riches étant souvent protégés par des revenus en dollars, tandis que les familles les plus pauvres réduisent leurs dépenses alimentaires et dépendent de l'épargne, de l'emprunt et de l'aide extérieure. L'évaluation de la pauvreté et de l'équité au Liban en 2024 a révélé que la pauvreté monétaire a triplé, passant de 11 % en 2012 à 33 % en 2022 dans des régions comme le Akkar, Beyrouth, la Bekaa, le Nord-Liban et la majeure partie du Mont-Liban.

 
Indicateurs de croissance 2023 (E)2024 (E)2025 (E)2026 (E)2027 (E)
PIB (milliards USD) 24,020,000,000,000,00
PIB (croissance annuelle en %, prix constant) -0,70,00,00,00,0
PIB par habitant (USD) 4.4870000
Solde des finances publiques (en % du PIB) -4,10,00,00,00,0
Endettement de l'Etat (en % du PIB) 195,20,00,00,00,0
Taux d'inflation (%) 221,30,00,00,00,0
Balance des transactions courantes (milliards USD) -5,650,000,000,000,00
Balance des transactions courantes (en % du PIB) -23,50,00,00,00,0

Source : FMI - World Economic Outlook Database - October 2021.

Note : (e) Donnée estimée


 
Indicateurs monétaires 20162017201820192020
Livre libanaise (LBP) - Taux de change annuel moyen pour 1 MAD 153,71155,54160,61157,03374,34

Source : Banque Mondiale - Dernières données disponibles.

 

Les principaux secteurs économiques

Le Liban possède des terres fertiles et bénéficie d'un climat tempéré et de ressources en eau abondantes. Toutefois, le secteur agricole est sous-développé et ne contribue que pour 1,2 % au PIB et 3,4 % à l'emploi (Banque mondiale, dernières données disponibles). Les principaux produits agricoles sont les fruits (principalement les pommes, les oranges, les bananes et les raisins, mais aussi les olives), qui représentent environ 30 % de la production agricole totale, et les légumes (tels que les pommes de terre, les tomates et le maïs), qui représentent plus de 60 % de la production totale, tandis que le café est le principal produit d'exportation. Selon les derniers chiffres de la FAO, la production de céréales d'hiver en 2024 a été estimée à 120 000 tonnes, soit environ 34 % de moins que la moyenne quinquennale en raison de conditions météorologiques défavorables. Les semis de céréales d'hiver 2025 ont été reportés à décembre 2024 en raison d'un conflit limitant l'accès aux champs. Les importations de blé pour 2024/25 (juillet/juin) devraient s'élever à 670 000 tonnes, soit 4 % de plus que la moyenne, et leur réalisation dépendra des disponibilités en devises. La crise économique actuelle continuera probablement à peser sur l'agriculture en 2025. Depuis l'effondrement financier de 2019, le crédit limité oblige les agriculteurs à payer leurs dépenses en espèces, principalement en USD. Les coûts des intrants pour les semences, les engrais, les pesticides et le carburant restent vulnérables aux taux de change et aux fluctuations des prix, car ils dépendent fortement des importations.

L'industrie, qui représentait 12,5 % du PIB en 2019, est tombée à 6,6 % en 2020 en raison de la crise liée au COVID et ne représentera plus que 2,4 % en 2022, l'un des ratios les plus faibles au monde. Elle emploie 20,3 % de la population active (Banque mondiale, dernières données disponibles) et est dominée par la fabrication de produits agricoles, de métaux, de minéraux, de meubles et d'autres produits manufacturés. Les sous-secteurs primaires de l'industrie manufacturière comprennent les industries alimentaires, qui représentent environ 19 % du nombre total d'entreprises, suivies par les plastiques et les produits chimiques (14 %), le papier et l'emballage ainsi que les minéraux (11 %) (Centre libanais d'études politiques).

Les services sont le secteur dominant de l'économie libanaise, représentant 88,6 % du PIB du pays et employant 76,2 % de la main-d'œuvre. Le secteur bancaire était traditionnellement le pilier de l'économie, mais il traverse une crise majeure. L'activité bancaire, même lorsqu'elle était soutenue et lucrative, ne constituait pas un réel soutien au secteur privé puisque la plupart des liquidités provenant des banques sont utilisées pour financer la dette publique. Le tourisme représente près de 20 % du PIB et emploie environ 18 % de la population active. Le secteur souffre actuellement de la grave crise économique et politique que traverse le pays : les arrivées de touristes étrangers ont fortement chuté en 2024 pour atteindre 1 131 100, soit une baisse de 32,1 % par rapport à 2023 et de 22,8 % par rapport à 2022, selon les données du ministère du Tourisme.

 
Répartition de l'activité économique par secteur Agriculture Industrie Services
Emploi par secteur (en % de l'emploi total) 3,4 20,3 76,2
Valeur ajoutée (en % du PIB) 1,2 2,4 88,6
Valeur ajoutée (croissance annuelle en %) -0,8 -0,6 -0,6

Source : Banque Mondiale - Dernières données disponibles.

 

La population active en chiffres

201820192020
Population active 2.387.6812.423.7122.317.840

Source : International Labour Organization, ILOSTAT database

 
201720182019
Taux d'activité total 50,31%50,60%51,07%
Taux d'activité des hommes 75,53%75,80%76,34%
Taux d'activité des femmes 25,04%25,31%25,63%

Source : International Labour Organization, ILOSTAT database

 

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Indicateur de liberté économique

Définition :

L'indicateur de liberté économique mesure dix composantes de la liberté économique, regroupées en quatre grandes catégories : la règle de droit (droits de propriété, niveau de corruption) ; Le rôle de l'Etat (la liberté fiscale, les dépenses du gouvernement) ; L'efficacité des réglementations (la liberté d'entreprise, la liberté du travail, la liberté monétaire) ; L'ouverture des marchés (la liberté commerciale, la liberté d'investissement et la liberté financière). Chacune de ces 10 composantes est notée sur une échelle de 0 à 100. La note globale du pays est une moyenne des notes des 10 composantes.

Note :
51,4/100
Rang mondial :
154
Rang régional :
12

Liberté économique dans le monde (carte interactive)
Source : Indice de liberté économique, Heritage Foundation

 
 

Risque pays

Consultez l'analyse risque pays proposée par Credimundi.

 

Indicateur de liberté politique

Définition :

L'indicateur de liberté politique fournit une évaluation annuelle de l'état de la liberté dans un pays, telle qu'elle est vécue par les individus. L'enquête mesure le degré de liberté à travers deux grandes catégories : la liberté politique et les libertés individuelles. Le processus de notation est basé sur une liste de 10 questions relatives aux droits politiques (sur le processus électoral, le pluralisme politique, la participation et le fonctionnement du gouvernement) et de 15 questions relatives aux libertés individuelles (sur la liberté d'expression, de croyance, le droit d'association, d'organisation et l’autonomie des individus). Des notes sont attribuées à chacune de ces questions sur une échelle de 0 à 4, où 0 représente le plus petit degré de liberté et 4 le plus grand degré de liberté. La note globale d’un pays est une moyenne des notes données à chaque question. Elle va de 1 à 7, 1 correspondant au plus haut degré de liberté et 7 au plus bas.

Classement :
Partiellement libre
Liberté politique :
5/7

Liberté politique dans le monde (carte interactive)
Source : Liberté dans le monde, Freedom House

 

Indicateur de la liberté de la presse :

Définition :

Le classement mondial, publié chaque année, permet de mesurer les violations de la liberté de la presse dans le monde. Il reflète le degré de liberté dont bénéficient les journalistes, les médias et les net-citoyens de chaque pays et les moyens mis en œuvre par les Etats pour respecter et faire respecter cette liberté. Au final, une note et une position sont attribuées à chaque pays. Afin d’établir ce classement, Reporters Sans Frontières a réalisé un questionnaire adressé aux organisations partenaires, aux 150 correspondant de RSF, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme, reprenant les principaux critères – 44 au total – permettant d’évaluer la situation de la liberté de la presse dans un pays donné. Ce questionnaire recense l’ensemble des atteintes directes contre des journalistes ou des net-citoyens (assassinats, emprisonnements, agressions, menaces, etc.) ou contre les médias (censures, saisies, perquisitions, pressions, etc.).

Rang mondial :
107/180

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Les sources d'information économique générale

Les principaux journaux on-line et autres portails
Naharnet
Al Jazeera Liban
Al Watan Al Arabi (en arabe)
Annabaa (en arabe)
Al-Aman (en arabe)
El Shark (en arabe)
Almassira (en arabe)
An-Nahar (en arabe)
Al Intiqad (en arabe)
Les ressources utiles
Ministère de l'economie et du commerce
Ministère de l’énergie et de l’eau
Banque Centrale du Liban
 
 

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