Le tournesol

Fleur de tournesol

Introduction

Le secteur des oléagineux est stratégique pour le Maroc. Avec la libéralisation de la filière des oléagineux, initiée en Mai 1996, l'ASPOT (Association Nationale des Producteurs de Plantes Oléagineuses et Textiles) est appelée à jouer un rôle important pour les questions d'ordre social, technique et économique se rapportant à ce secteur. Ceci, dans le cadre d'une démarche collective et concertée avec tous les partenaires impliqués dans la filière (Organismes de recherche, de formation et de développement, semenciers, collecteurs, firmes phytosanitaires...).

Parallèlement aux efforts pour la fixation d'un prix rémunérateur des graines nationales et l'amélioration de la collecte, l'ASPOT considère que l'amélioration de la productivité des cultures oléagineuses, grâce à l'intensification des programmes de vulgarisation et de formation est prioritaire. Cette fiche technique, fruit d'une collaboration exemplaire entre l'INRA, le CETIO et l'ASPOT, doit contribuer à faire évoluer sensiblement les techniques de production du tournesol sur nos exploitations dans les prochaines années.

Elle constitue une première action d'un programme de relance des cultures oléagineuses qui débute pour la campagne 1997-98 en collaboration avec les DPA/ ORMVA et les Chambres d'Agriculture qui sont invitées à soutenir les producteurs d'oléagineux pour améliorer leur productivité et faire face au nouveau contexte de production créé par la libéralisation de la filière.

Contexte de production: une culture prometteuse

Un déficit en huiles alimentaires de 80%

Les besoins du Maroc en huiles alimentaires s'établissent actuellement à 350 000 tonnes par an (moyenne 92-96), dont 20% sont couvert par la production nationale issue pour 60% de l'huile d'olive et 40% des graines oléagineuses, particulièrement le tournesol.
En plus de l'huile brute, les importations de graines oléagineuses sont de l'ordre de 160 000 tonnes/an (moyenne 1992-96).
A l'horizon 2020, les prévisions des besoins de consommation en huiles alimentaires se situeraient à 600 000 tonnes dont 400 000 tonnes à couvrir par les graines oléagineuses.

La production du tournesol peut rapidement doubler

Le potentiel de surface de production peut atteindre 400 000 ha.
Un niveau moyen de productivité de 15 à 20 qx/ha est réalisable.

Une culture rentable avec des débouchés assurés

Un niveau de charges moins élevé par rapport à d'autres cultures.
Un débouché assuré avec un prix garanti, fixé en début de campagne.

Un bon précédent

Le tournesol laisse derrière lui un sol bien ameubli et nettoyé des mauvaises herbes. Les résidus de récolte, s'ils sont broyés et incorporés au sol, apportent une grande quantité d'éléments minéraux au profit des cultures suivantes.

Phase 1 Phase 2 Phase 3
Objectif:
Favoriser l'enracinement
Travail du sol adéquat
3-4 passages maximum
Semis précoce
Maîtrise de l'installation
Semis en ligne
Levée régulière 
Objectif:
Favoriser la croissance pré-florale
Binages
Contrôle de mauvaises herbes
Démarrage de la culture
Démariage
Maîtrise du peuplement
(40 à 60 000 pieds/ha)
Objectif:
Mise en place du nombre de grains et leur replissage
Irrigation d'appoint à partir du début floraison
 (1 à 3 tours d'eau maximum)
Date de semis précoce
Eviter le déficit hydrique
Eviter les fortes chaleurs

Travail du sol: Réduire le nombre de passages

Le tournesol a une racine pivotante se caractérisant par une sensibilité aux obstacles (semelle de labour, tassement, obstacles ...). En sol profond et bien travaillé, le pivot racinaire exploite une grande profondeur de sol (jusqu'à 2 m) ce qui lui permet d'améliorer son alimentation en eau et en éléments nutritifs et de mieux résister à la verse.
Le semis direct ou le non labour peut être envisagé en vue de réduire les charges de travail du sol et d'économiser l'eau de pluie.
Le semis direct qui est adapté uniquement aux sol bien structurés (plus de 25% d'argile et à structure stable), est réalisé avec un semoir spécial.

Travail du sol

Après 
récolte du précédent
Après 
retour des pluies 
Avant 
semis (même en sec)
Labour 
(en juin sur 25 à 30 cm)
 Charrue à disques ou à socs
ou
 Chisel (2 passages croisés et en conditions sèches)
Emiettement grossier du sol 
(sur 10 cm) et incorporation d'engrais
 Cover crop ou cultivateur
 (1 seul passage)
Préparation du lit de semences
(sur 6 cm)
 Cover Crop
ou
 Herse ou vibroculteur 
(1 à 2 passages)

Semences - Variétés: Semences certifiées, un investissement rentable

Faire le bon choix de la semence: l'utilisation des semences communes est à proscrire

Les semences certifiées présentent les avantages de:

  • l'authenticité de la variété: pureté variétale garantie
  • la faculté de germination assurée au minimum à 85 %
  • la prévention contre les maladies et insectes du sol: semences traitées
  • la propreté (minimum d'impuretés) et l'homogénéité du calibre des graines
  • la garantie d'une bonne productivité

Le choix de la variété est lié à la zone de culture et à la date de précocité du semis.

Les hybrides: un potentiel de production supérieur aux variétés populations

Les hybrides du tournesol présentent les atouts suivants:

  • supériorité moyenne de 15 à 25 % en rendement par rapport aux variétés populations
  • une meilleure vigueur au démarrage de la culture
  • une résistance aux principales maladies, notamment le mildiou
  • une homogénéité des stades de la culture

Le semis précoce: premier facteur de production

La date de semis détermine la période de floraison-maturité du tournesol, phase sensible à la sécheresse.
Le semis précoce, qui permet d'éviter les déficits hydriques intenses et les hautes températures durant la phase reproductrice, est une voie efficace pour concrétiser le potentiel de la culture.

Rendement moyens sur trois ans selon la date de semis

Zone Décembre Janvier Février Mars Avril
GHARB 26 qx/ha 26 qx/ha 25 qx/ha 18 qx/ha 13 qx/ha
SAIS 20 qx/ha 22 qx/ha 20 qx/ha 15 qx/ha 11 qx/ha

Le semis d'automne: possible avec une variété adaptée

Le semis d'automne en toutes régions (octobre-novembre) permet d'augmenter fortement le potentiel du tournesol: des rendements supérieurs à 28 qx/ha ont été obtenus en démonstration chez les agriculteurs.

Néanmoins, cela nécessite l'emploi d'une variété résistante au froid en début de cycle: la variété "Nora" qui présente ces caractéristiques sera disponible prochainement.

Le semis en dérodé: le plus tôt possible

Afin d'éviter les risques de retour des pluies au moment de la récolte, il est conseillé de semer le tournesol en culture dérobée avant le 15 juin.

Mode de semis: Le semis à la volée est à proscrire

Le semis en ligne est la technique conseillée. ce mode de semis permet:

  • d'économiser de la semence, soit au moins 100 Dh/ha d'économie pour la semence certifiée (c'est l'équivalent de la location d'un semoir à céréales)
  • de faciliter l'entretien de la culture: binage et démariage
  • une meilleure exploitation du sol par la culture et donc un meilleur rendement

Semoir à céréales

Semer en ouvrant 1 rang sur 4, soit 60 à 70 cm d'écartement entre lignes.

  • Profondeur de semis: 3 à 5 cm maximum, éviter de semer trop profond pour obtenir une levée rapide et regroupée.
  • Vitesse de semis: ne pas dépasser 5 km/heure pour obtenir une levée régulière.

Semoir de précision

Viser une dose de semis de 80 000 graines par hectare.

L'intérêt de l'utilisation du semoir de précision réside dans la maîtrise de la profondeur de semis (3-5 cm), la régularité de la levée et l'économie des semences. Le démariage est une opération facultative.

Fertilisation: La fertilisation raisonnée

Fertilisation azotée: au maximum 60 unités d'azote/ha

Un tournesol bien enraciné valorise mieux l'azote des couches profondes du sol. Les besoins totaux de la culture en azote pour un rendement de 25 qx/ha sont 115 unités/ha. Les recherches ont montré que la dose maximale que peut valoriser la culture du tournesol est de 60 unités/ha avec un gain de rendement de 3 qx/ha au plus par rapport à l'absence de la fertilisation azotée.

L'apport de l'azote est préconisé, au semis ou avant, sous forme d'engrais de fond sauf en irrigué où le fractionnement est justifié.

Fertilisation phospho-potassique

Objectif: viser à compenser les exportations par la culture qui sont de 20 unités en P2O5 et 40 unités en K2O sur des besoins de 30 et 40 unités/ha respectivement pour P et K et pour un rendement de 25 qx/ha.

Bore

Des carences en bore sont observées sur des sols peu profonds et riches en calcaire. Dans des situations à risques, il est conseillé d'incorporer au sol 400 g de bore/ha avant le semis.

Entretien de la culture

Démariage et binage: des opérations indispensables

Le démariage: viser 40 000 à 60 000 plantes /ha bien réparties Un peuplement régulier sera obtenu avec une levée réussie complétée si nécessaire avec le démariage.

  • le démariage doit se faire au stade 4-6 feuilles
  • l'espacement entre plantes sur la ligne à viser pour obtenir un peuplement régulier doit se situer entre 15 et 30 cm.

Binage: une pratique indispensable

La pratique du binage procure au moins un gain de rendement de 6 qx/ha quand il est associé au désherbage chimique par rapport à une parcelle non binée et non désherbée. Un gain de 4 à 5 qx/ha est assuré par le binage en l'absence de désherbage chimique.

Deux binages peuvent être réalisés:

  • prévoir un premier binage au stade 2 feuilles si la culture manque de vigueur et/ou s'il y a une forte infestation en mauvaises herbes
  • le binage au moment de démariage (4-6 feuilles) est obligatoire dans tous les cas (même en cas de désherbage chimique). Il permet d'éliminer les mauvaises herbes, d'aérer le sol, et de limiter les pertes d'eau par évaporation.

Désherbage chimique

Sur les parcelles très infestées d'adventices en semis précoce, le désherbage chimique trouve tout son intérêt en association avec le binage.
Produits commerciaux utilisables

  • Treflan (2,5 l/ha) en pré-semis incorporé: peu cher avec une efficacité moyenne.
  • Racer (3 l/ha) en pré-levée: programme coûteux mais très efficace sur dicotylédonnes.
  • Prowl (4 l/ha) plus cher que le treflan mais intéressant sur amarante.

Irrigation

L'irrigation: une pratique intéressante

Irrigation d'appoint: pas avant le début floraison

Plus le développement végétatif du tournesol à la floraison est modéré, plus l'eau d'irrigation est valorisée. Prévoir 1 à 3 tours d'eau (30 à 50 mm par irrigation) à positionner à partir du stade bouton floral (3 cm). En cas d'un seul tour d'eau, il faut le faire en début floraison .

En tournesol dérobé: des apports en eau bien positionnés permettent une meilleure efficacité de l'eau d'irrigation.
Des rendements de 35 à 40 qx/ha sont réalisables. Pour cela: Avant floraison, prévoir 2 à 3 tours d'eau de 40 à 50 mm et ne pas faire des tournesols exubérants. A partir floraison, prévoir 4 à 5 tours d'eau de 50 à 70 mm. Le rendement grain est directement lié à la durée du fonctionnement du feuillage en post-floraison.

Maladies

Reconnaissez les symptômes

Mildiou: une maladie redoutable à prendre en compte
Le mildiou est présent sur l'ensemble des régions de production du tournesol. La nuisibilité de la maladie est très forte: lorsque la plante est atteinte, la production des graines sur le capitule est nulle. La présence sur feuilles se manifeste à la face inférieure par un duvet blanc le long des nervures. En attaque primaire, la plante est nanifiée avec le capitule dressé et stérile.

La lutte par les semences. Les seuls moyens de lutte actuellement sont:

  • soit l'utilisation de variétés hybrides qui résistent à la maladie par voie génétique (contre la race européenne) et par traitement des semences (contre les autres races)
  • soit l'utilisation de semences populations, traitées au métalaxyl (Apron 35 SD) à raison de 6 grammes de produit commercial par kilogramme de semence.

Ravageurs

Les fontes de semis et les attaques de l'hypocotyle causées par les insectes du sol sont parfois nuisibles aux stades très jeunes de la culture.

Sur les parcelle à risque (attaque sévère par le passé), il est conseillé de traiter préventivement le sol avec un produit de pré-semis incorporé à base de Lindane (1350 g/ha de m.a).
A partir de la floraison, des dégâts de pyrale du tournesol et de cétones sont parfois occasionnées sur graines mais sans nuisibilité.

Oiseaux

Les dégâts les plus importants sont rencontrés à la maturité sur champs isolés ou à maturité décalée.
Au sein d'une même zone de culture, il y a intérêt à regrouper les semis afin de diluer les attaques des oiseaux.

Récolte

Ne pas perdre des quintaux de graines en récoltant sur-maturité

Pour limiter les pertes par égrenage ou par dégâts d'oiseaux, il ne faut pas retarder la récolte.
Le stade optimum de récolte est atteint lorsque l'humidité des graines est de 9 à 12 %. Ce stade peut être repéré visuellement à travers:

  • le dos du capitule qui vire du jaune au brun
  • les fleurons qui tombent d'eux mêmes

Respecter les réglages de la moissonneuse-batteuse

  • Rechercher un égrenage complet avec des capitules découpés en 2 ou 3 morceaux au maximum derrière la machine
  • vitesse du batteur: 300 à 500 tours/mn
  • ouverture entre batteur et contre-batteur: 25 à 30 mm
  • ventilation: réduire de 10 % par rapport au blé (position moyenne)
  • grille supérieure: si la grille est réglable, l'ouverture doit être de 15 mm. Dans le cas de grilles à trous ronds: 14 mm de diamètre
  • grille inférieure: si la grille utilisée est à trous ronds: 10 à 12 mm de diamètre

Dans tous les cas, il est conseillé de consulter le catalogue d'utilisation de la moissonneuse-batteuse.

Une règle à respecter: incorporer au sol les résidus de la récolte

Les résidus de récolte de tournesol contiennent une grande partie des éléments minéraux absorbés par la culture, soit 87 % de K2O, 4 % en N et 15 % en P2O5.

La restitution au sol des débris de récolte permet d'entretenir la fertilité du sol contrairement aux pratiques chez la majorité des agriculteurs qui exportent les résidus pour des fins domestiques.

Pour avoir une meilleure décomposition des résidus (tiges et capitules), il est conseillé de les broyer et les incorporer au sol au moment du labour. A défaut de broyeur, l'utilisation d'un cover crop fermé peut être recommandé pour fragmenter les tiges.

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Source : www.vulgarisation.net - www.legume-fruit-maroc.com