La verveine
La plante et importance de la culture au Maroc
La verveine (Verbena triphylla) est originaire du Pérou, du Chili et de l’Argentine. La plante est un arbuste pluriannuel qui peut être âgé de plus de 20 ans. Elle s’est répartie un peu partout et en particulier dans le bassin méditerranéen, en Algérie et en Tunisie où elle est utilisée dans l’industrie. On la trouve aussi dans le Sud de la France, en Espagne et en Italie. Au Maroc, la culture est très ancienne, on la rencontre disséminée autour des villes telles que Casa, Rabat, Salé, Meknès, Fès, Ouarzzane, Khemisset. Jusqu’en 1960, la culture de la verveine n’occupait qu’une faible superficie. Au cours de ces dernières années, cette culture a bénéficié d’une conjoncture économique favorable. Elle a pu occuper de ce fait le premier rang dans l’exploitation agricole des régions de Ghmat et Sidi Ghiat (région de Marrakech) où elle est étroitement localisée. La verveine est utilisée dans un grand nombre de préparations: savon, extraits et sachets parfumés. En pharmacologie on lui connaît les utilisations suivantes: (1) l’huile essentielle contient du citral (30 à 35 %), du géraniol et du limonène. (2) Dans les soins et la prophylaxie de la carie dentaire. (3) En ontologie conservatrice. (4) Les infusions stomatiques digestives.
Exigences édapho-climatiques
Le froid bloque toute croissance de la plante et la contraint à entrer en repos végétatif réduisant ainsi son cycle de production dans le temps et limite aussi son extension dans l’espace. La chaleur provoque le fanage et l’enroulement des feuilles, ce qui fait appel à de fortes doses d’irrigation. Toutefois, il faut signaler que la verveine est une culture d’été. Elle végète en émettant de jeunes pousses sur le vieux bois dès que la température commence à dépasser 15°C. Son optimum de croissance est atteint entre 20 et 35°C. La verveine semble s’accommoder à tous les types de sol, mais elle préfère avec un sol argileux, riche en matière organique, profond et frais; les sols siliceux et calcaires sont à éviter.
Variétés, semis et travail de sol
Il existe deux espèces de verveines utilisées en herboristerie qui font aujourd’hui partie de deux genres différents (1) La verveine commune (Verbena officinalis) plante inodore à feuilles opposées par deux et (2) La verveine odorante (Verbena triphylla ou Lippia citrodora) encore appelée verveine citronnelle, un petit arbrisseau balsamique à feuilles sans dents verticillées par 3 et 4 et semblables à des feuilles du pêcher; elle est cultivée souvent dans les jardins du midi et de l’ouest de la France; ses feuilles sont vendues comme infusion digestive et c’est cette dernière qui est cultivée au Maroc. Dans la région de Marrakech, la verveine est multipliée exclusivement par bouturage; les boutures sont prélevées lors de l’opération de taille qui s’effectue en période de repos végétatif. D’une longueur de 20 cm et d’une grosseur variable, la bouture est un morceau de tige aoûtée. Elle est enterrée en pépinière pour une année entière avant sa transplantation en parcelle de culture. Le dépérissement de la verveine dont l’origine est encore sujette à controverse et que menace l’existence même de la culture a poussé certains organismes à multiplier cette culture in vitro; ce qui offre une certaine garantie. On commence d’abord par un labour profond au brabant-double ou à la charrue à 3 disques; ensuite on pratique l’épandage de 30 à 50 T de fumier bien décomposé par hectare qu’on enfouit avec un cover- cropage croisé; vient ensuite le traçage de la parcelle puis l’épandage de l’engrais de fond. Ensuite on procède à la plantation proprement dite: (1) Plants à racines nues: plantation en Février-Mars : le plant subit un habillage des racines. (2) Plants en motte: on peut étendre la période de plantation à d’autres mois de l’année. (3) Plantation sur billon ou en planche. La plantation se fait à: 0,30 m x 0,60 m; 0,50; m x 0,60 m ; 0,40 m x 0,80 m et 0,5 m x 1 m si on envisage la mécanisation du désherbage et du binage. Le peuplement en usage varie de 20 à 50 mille pieds/ha.
Irrigation
La verveine est avide d’eau. La quantité apportée varie dans la région de Ghmat de 8000 à 15000 m3/ha , répartis en 25 à 32 irrigations ( 60 % entre Juin et Août). Généralement le mode d’apport est l’irrigation gravitaire (région de Ghmat); l’irrigation se fait en planches; l’eau est apportée par une seguia non bétonnée jusqu’en tête de la parcelle. Actuellement on note l’apparition de l’irrigation au goutte-à-goutte dans les parcelles modernes. Il faut irriguer immédiatement après la plantation mais avec un faible débit pour éviter de submerger les boutures. La taille d’entretien est une opération déterminante dans la précocité du débourrement. Elle est entreprise en Janvier et exécutée exclusivement au sécateur. Elle consiste on un élagage avec élimination des tiges cassées lors de la dernière récolte. On coupe pratiquement toutes les tiges à une hauteur de 20 à 40 cm du sol selon l’âge de la plante. Les plantes âgées subissent une taille de rajeunissement permanent; c’est un rabattement qui favorise l’émission d’une nouvelle charpente. Le repos végétatif a lieu en Janvier-Février. Le désherbage est une opération manuelle nécessaire du moins jusqu'à ce que la verveine arrive à étouffer d’elle même les mauvaises herbes. Si un désherbage semble suffisant pour nettoyer le champ des liserons et d’autres adventives annuelles, le chiendent nécessite plusieurs passages au risque de tisser une véritable pelouse concurrentielle. Le piochage a pour but de “retourner” le sol tassé depuis la dernière récolte (Septembre); le sol est travaillé sur une profondeur allant jusqu'à 25 cm. Ce retournement est manuel (pioche) et a lieu en 2 époques: (1) en hiver (Janvier- Février), c’est le plus important car il prépare le sol à emmagasiner l’eau des dernières pluies d’hiver. (2) en Eté (Juin) juste après la 1ère coupe. Le binage a lieu après le ressuyage du sol. Il est effectué avec le même outil que le piochage mais à une profondeur beaucoup plus faible (7-10 cm) en deux époques (1) Fin Mars - Avril et (2) Début Juillet.
Fertilisation
La fumure de fond comprend l’apport de fumier en Janvier-Févier à raison de 30 à 50 T/ha + 3,5 qx/ha du superphosphate triple 45 % et 1,5 qx/ha de sulfate de potasse 48 %. Celle de couverture comprend 100 -200 kg/ha de N+ 95 à 130 kg/ha de P2O5 + 100 à 200 kg/ha de K2O régulièrement fournis le long du printemps.
Protection phytosanitaire
La protection phytosanitaire vise essentiellement la protection du feuillage de la plante contre certaines noctuelles telles que Spodoptora littoralis (Lepidoptère noctridae). Dans la région de Ghamt, les agriculteurs utilisent le D.D.T ou le Perfekthion.
Récolte et séchage
La récolte est effectuée à la faucille et consiste à couper à 10-15 cm à partir du départ des pousses de l’année. Il y a en général 2 époques de coupe: (1) Mai- Juin (quand 50 % des plants ont fleuri) et (2) Fin Juillet - Août. Une troisième récolte peut avoir lieu 1 à 2 mois après la 2ème récolte. Le rendement varie de 1,5 à 3 T/ ha en verveine sèche (cas de la zone de Ghmat) pour les 2 coupes. Une fois la récolte est effectuée, on procède au séchage des feuilles et à leur séparation des tiges.
Source : www.vulgarisation.net - www.legume-fruit-maroc.com