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La faim dans le monde C’est aussi une question de politique
(04/05/2011)
La facture alimentaire de nombreux pays pauvres a été multipliée par 5 ou 6 depuis le début des années 90. En cause, la croissance démographique, mais aussi l’orientation sur une agriculture d’exportation, au détriment d’une production destinée à nourrir les populations locales et entrainant une vulnérabilité aux chocs des prix internationaux. A titre d’exemple, le Mozambique importe 60% de sa consommation de blé et l’Egypte 50% de ses besoins alimentaires. La hausse des prix affecte directement la capacité de ces pays à se nourrir à un coût acceptable. Une tendance qui doit être inversée. Il faut organiser les réserves alimentaires afin de constituer un moyen efficace pour lutter contre la spéculation des négociants. De même qu’en fonction des risques d’une baisse soudaine des revenus d’exportation, il faut également aider les pays en développement à mettre en place des programmes solides de protection sociale. Par ailleurs, les pays qui souffrent de la faim sont souvent ceux qui dépendent directement d’une agriculture à petite échelle, ce qui implique de mettre en place une meilleure organisation. La création de coopératives dans ces pays peut les aider à constituer un poids politique suffisant et s’impliquer dans les décisions prises à leur sujet. De toute évidence, il faut mieux protéger l’accès à la terre. Chaque année, des régions plus vastes que l’ensemble des terres agricoles françaises, sont cédées à des investisseurs ou des gouvernements étrangers. Et les gains obtenus par les productions agricoles bénéficient à ces pays et non aux communautés locales. « Enfin, il faut défendre le droit à l’alimentation. Les populations ont faim non pas par manque de production de denrées alimentaires, mais parce que leurs droits sont violés en toute impunité » martèle le directeur général de la FAO. Ce qui porte à dire que la faim dans le monde n’est pas seulement une question technique mais aussi politique. Le système alimentaire mondial a besoin d’architectes capables de construire des modes de fonctionnement efficaces et capables de finaliser la transition vers une agriculture durable plus résistante au changement climatique et même de contribuer à le réduire.
Source : Agriculture du Maghreb