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MAROC-UE désaccord agricole sous haute tension !
(06/12/2011)
Les demandes insistantes de José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, auprès du Président du Parlement européen pour faire ratifier l’accord agricole Maroc-UE avant la fin 2011, se sont finalement avérées vaines. Le débat programmé pour octobre en séance plénière au Parlement européen a été reporté en janvier 2012. Si l’on considère clairement la réalité, précise un opérateur, les 160.000 t d’agrumes expédiés vers l’UE ne représentent que 3,2% de leur consommation globale. Ajoutant pour confirmer la qualité de nos exportations, que nos fruits et légumes sont soumis au Maroc à des contrôles sanitaires très stricts, sans oublier les contrôles draconiens à l’entrée des marchés européens. Une remarque à laquelle on pourrait ajouter, concernant l’équilibre des échanges, la part des équipements agricoles, céréales et aussi bétail achetés chez les européens, pour conclure sur une balance commerciale agricole entre le Maroc et l’UE qui fait état d’un déficit de 1,6 milliards de dirhams pour le Maroc. A noter dans ce débat, une intervention de José Bové nommé « agitateur politique », et qui bien sûr argumente contre cette libéralisation des échanges qui ne profite qu’aux grandes multinationales européennes, au détriment des producteurs européens et prenant même la défense des petits producteurs marocains. Etonnement au Maroc Selon Ahmed Ouayach, Président de la Comader, l’accord traine en raison de positions politiques hostiles au Maroc : « avec une petite part de 0,05% de ce marché, nous ne représentons pas une véritable menace pour les produits européens et, en plus, en saison alternée. Cela ne fait que confirmer la mauvaise foi de ces groupes de pression » ajoute le Président de la Comader. Devenant plus menaçant, Younes Zrikem, Président de l’ASMEX, réagit nettement au regard des autres accords en négociation avec l’UE : « si cet accord est refusé, affirme Younes Zrikem, il n’y aura pas d’autres accords avec l’UE. Ni pour la libéralisation des services ni pour celui de la pêche ». Hassan Lyoussi, Président de l’ASPAM, prend l’exemple de la tomate, produit phare de nos exportations avec les agrumes, et souligne que les 350.000 t de nos exportations de tomates sur l’UE ne représentent que 2% de la production européenne. Mais la défense vient aussi du côté de l’Europe. John Clark, Directeur Général agriculture de la commission européenne, a souligné qu’en termes d’échanges Maroc-UE, l’effort côté Maroc est bien plus important que celui consenti par les européens. Ajoutant à propos des normes phytosanitaires, que les inspecteurs européens qui se sont rendu récemment au Maroc, lui ont accordé un « satisfecit ». Schizophrénie européenne Cristiana Muscardini, députée PPE (Italie) s’est élevée contre « la schizophrénie de certains euro-députés ». Elle s’est demandée pourquoi les européens sont prêts à signer un important accord de libre-échange avec la Corée du Sud ou qu’ils acceptent sans broncher des millions de produits chinois qui inondent le marché européen tandis que s’il s’agit d’un accord avec le Maroc, tout le monde monte aux barricades. Elle a rappelé que le Royaume fait parvtie de cette Méditerranée qui connaît actuellement des transformations importantes et qu’il faudrait l’aider à se développer en signant cet accord. « Le développement des pays méditerranéens du nord, a-t-elle souligné, sera toujours plus fort si l’UE donne la possibilité aux partenaires du sud de se développer ».
Source : Agriculture du Maghreb