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L’oasis d’Errachidia menacée par la surexploitation de l’eau

(06/08/2012)

Considérée parmi les plus belles oasis du sud marocain, la vaste oasis d’Errachidia est aujourd’hui menacée par l’exploitation irraisonnée des points d’eau qui lui donnent vie depuis des millénaires. Elle illustre la question de la gestion de l’eau dans le monde, l’un des thèmes abordés lors du Sommet sur le développement durable Rio+20, qui s’est tenu du 20 au 22 juin à Rio de Janeiro, au Brésil. A quelques encablures d’une route goudronnée qui sillonne l’oasis de Goulmima, près d’Errachidia, un puits jalousement gardé par la famille M’barek alimente en eau le petit champ de maïs via une pompe à eau. «L’eau a beaucoup baissé. Dieu seul sait pourquoi», regrette sur un ton amer Moha M’barek, un octogénaire né dans l’oasis où il possède un petit terrain agricole. «J’ai creusé quatre puits avant de trouver l’eau. Autour de moi, les voisins n’ont pas d’eau, alors qu’avant, il y en avait partout», ajoute-t-il, les yeux fixés sur un ruisseau qui conduit l’eau du puits vers le champ de maïs.La répartition de l’eau dans l’immense oasis aujourd’hui menacée d’assèchement se faisait via les khattaras, un système d’irrigation séculaire assuré par la pratique des tours d’eau, et géré par les habitants selon des rites berbères ancestraux. Ce système permettait de maintenir un débit d’eau régulier tout au long de l’année. Mais à partir des années 70, l’utilisation des pompes à eau par les agriculteurs a conduit à l’assèchement progressif de la nappe phréatique. Et les champs, naguère régulièrement cultivés et verdoyants, ne sont plus que des terrains vagues abandonnés par les habitants de l’oasis. «Les agriculteurs ont peu à peu opté pour des puits individuels, qu’ils ont équipés de pompes à eau... des milliers de forages creusés, et en quelques années la nappe s’est vidée», explique Lahcen Kabiri, professeur en géosciences de l’environnement à la faculté d’Errachidia, en montrant un immense terrain entouré de quelques palmiers à moitié desséchés. ‘’Cette situation pourrait évoluer vers une véritable catastrophe écologique compte tenu du rôle des oasis dans la lutte contre la désertification. Si la nappe s’épuise, alors tout ce qui est en aval va être dans une situation dramatique. On va se retrouver avec un désastre écologique jamais vu», s’inquiète-t-il. Habitants et autorités locales prennent de plus en plus conscience des menaces qui pèsent sur cette oasis, parmi les plus vastes du Maroc. Dans la petite palmeraie d’Izilf au cœur de l’oasis, quelques agriculteurs décident de faire face collectivement à ce problème. «Nous avons créé une coopérative pour gérer l’eau collectivement. Sinon, tout ce que vous voyez autour de vous n’existerait plus», prévient Moha Bousseta, le président de la coopérative d’eau d’Izilf. Pour les habitants de la région d’Errachidia, la gestion de l’eau est «non seulement un enjeu écologique majeur, mais c’est une question de vie ou de mort», conclut M. Kabiri. Source : AFP 2012

Source : Agriculture du Maghreb