L’année 2020 a été charnière à bien des égards, pour notre Fondation comme pour le reste du
monde. La survenue de la pandémie de la Covid-19 et la crise inédite qu’elle a provoquée ont
encore plus mis en exergue l’importance d’un système agricole résilient, diversifié, autonome
et local, qui fonctionne en toutes circonstances et est capable de satisfaire les besoins des
générations actuelles et futures.
L’action avant-gardiste de notre Fondation pour promouvoir une transition agro-écologique a
ainsi pu être appréciée en ces temps incertains qui ont démontré la nécessité et l’urgence de
changer de paradigme.
Aujourd’hui plus que jamais, nous réaffirmons notre engagement pour l’émergence de
modèles de production agricole préservant nos ressources naturelles et nos écosystèmes
tout en permettant une juste rémunération et une reconnaissance sociale du travail des
Fellahs si essentiel à nos vies.
Pour la Fondation, les crises sanitaire et économique dans lesquelles nous
a plongé la Covid-19 est un signal d’alerte rappelant à tous l’urgence de
la transition écologique et la nécessité de repenser nos modes de vie
et de consommation de telle sorte à permettre une transition vers des
économies régénératives. Il n’est pas forcément nécessaire de produire
plus mais de produire mieux avec moins de ressources naturelles. Les
maladies transmises de l’animal sauvage ou domestique à l’homme ou
zoonoses ont toujours existé et ponctué d’épidémies notre Histoire. Si la
santé animale et la santé humaine sont de plus en plus interdépendantes,
c’est en grande partie du fait de l’état de nos écosystèmes et de l’érosion
de la biodiversité. En effet, l’utilisation des terres par l’agriculture, l’élevage
intensif et l’urbanisation augmentent les contacts de la faune sauvage avec
la faune domestique et l’être humain, accroissant le risque de zoonoses et
d’épidémies.
Au cœur du nouveau modèle économique qui devrait émerger de la
situation inédite que nous vivons figure donc la transition écologique et
sociale de nos systèmes agricole et alimentaire. En effet, notre système
alimentaire est en grande partie responsable des menaces qui pèsent
sur notre planète : déforestation, usage intensif des pesticides et engrais
chimiques, appauvrissement des sols, perte de biodiversité, épuisement
des nappes phréatiques, etc.
C’est par conséquent, dans notre assiette que se trouve la solution. Ainsi,
notre fourchette est un des leviers les plus puissants de la transition vers
une agriculture régénérative qui n’épuise ni nos sols, ni nos ressources
hydriques, ni notre biodiversité et qui valorise en même temps les
agriculteurs et contribue à l’émergence d’une classe rurale moyenne.
Comment ? Changer notre régime alimentaire en consommant moins de
viande mais plus de légumineuses et de céréales ainsi que des fruits
et légumes de saison, sains et locaux en recourant le plus possible
aux circuits courts qui permettent une juste rémunération et une
reconnaissance sociale du travail ô combien noble de nos agriculteurs.
Engagée depuis 2011 pour une transition agro-écologique, l’action de la Fondation CAM pour le Développement Durable vise à apporter un soutien et un appui effectifs aux territoires ruraux et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs dans le respect de l’environnement tout en consolidant la solidarité villes-campagnes, et ce, en conduisant des projets alliant préservation des ressources naturelles, équité sociale et croissance économique.
En 2020, la Fondation a clôturé le projet d’appui à la commercialisation
des fermes agro-écologiques, porté par le Réseau des Initiatives
Agroécologiques au Maroc (RIAM), visant le renforcement des
marchés paysans, à travers la mise en place pour la première fois au
Maroc d’un Système Participatif de Garantie (SPG), label de confiance
reconnu par la FAO et moins onéreux que la certification bio par tierce
partie.
Aujourd’hui, plus d’une trentaine de fermes approvisionnant le marché
paysan de Rabat sont certifiées « SPG Agro-écologie Maroc », car
conformes à la charte, au cahier des charges et au règlement intérieur
élaborés par les consommateurs et les producteurs de ce marché
avec l’assistance technique du Centre de Coopération Internationale
en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), sur la
base des principes de la Fédération Internationale des Mouvements
d’Agriculture Biologique (IFOAM).
Parmi les propriétaires de ces fermes figurent des jeunes ruraux,
moins tentés de rejoindre la ville et ses emplois précaires grâce à
cette labellisation qui permet une rémunération juste et équitable de
leur travail de la terre.
La crise sanitaire du coronavirus, qui a conduit au confinement de plus de la moitié de la population mondiale, a également placé sous les projecteurs les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, notamment une filière qui intéresse particulièrement la Fondation CAM pour le Développement Durable, à savoir la filière bio et ses circuits courts de commercialisation.
Un engouement pour les produits issus de l’agriculture durable a été constaté. Cette tendance a été confirmée par les producteurs d’agriculture durable (bio, agro-écologie, permaculture) et les points de vente spécialisés que l’équipe de la Fondation a interviewés pendant le confinement. D’après ces acteurs, la crise sanitaire de la COVID-19 a poussé les ménages marocains à vouloir manger sain et renforcer leur système immunitaire en consommant davantage de produits frais, locaux, moins transformés dont ils connaissent la provenance. Aussi, la crise sanitaire a accéléré la mise en place d’une coopération entre un groupe d’agriculteurs labélisés SPG Agro-écologie Maroc avec une Grande et Moyenne Surface à travers la création d’un espace dédié aux produits agroécologiques « le Corner Agro-écologie » au niveau de l’un de ses supermarchés.
En 2020, la Fondation a lancé une deuxième campagne de plantation
de 12 000 amandiers et noyers, après en avoir planté 8 000 en 2019
au profit des petits agriculteurs de la commune du Toubkal. En offrant
les meilleures conditions pour la culture biologique des noyers et des
amandiers, ladite commune produit un type d’amande qui ne pousse
que dans six pays du monde.
Outre la plantation des arbres fruitiers, les agriculteurs ont bénéficié de
séances de formation théorique et pratique à la conduite biologique
de leur verger : techniques de plantation, paillage, greffage, taille et
de rajeunissement des arbres, lutte intégrée. Certains agriculteurs ont
commencé à être accompagnés dans le processus de certification bio
de leur production. A travers ce projet, la Fondation entend d’ailleurs
développer le matériel pédagogique et le produit de financement qui
permettront une mise à l’échelle de la certification bio collective, encore
peu développée au Maroc.
Nos agro-écosystèmes sont de plus en plus impactés par les effets du changement climatique avec des répercussions tangibles dans les zones d’élevage où les systèmes de production fourragère et laitière ont déjà des conséquences négatives sur l’environnement en termes d’émission de gaz à effet de serre, de pression sur les ressources en eau limitée, de pollution des sols et de l’eau, etc.
Dans un tel contexte, l’adoption d’un système d’élevage laitier durable
s’avère incontournable pour assurer la pérennité de ce secteur. C’est
pourquoi notre Fondation a sollicité l’Ambassade des Pays-Bas pour
accompagner des éleveurs laitiers vers une conduite durable de leur
activité à partir de l’expertise des Pays-Bas, référence en la matière.
En 2020, le projet a été lancé dans le bassin du Tadla, l’une des
principales zones de production laitière du Maroc, auprès d’une
vingtaine d’éleveurs clients du CAM qui seront accompagnés pendant
2 ans par un groupement de bureaux d’études maroco-néerlandais
dans l’aménagement et la conduite durables de leur élevage. La
crise sanitaire a retardé la première phase de l’accompagnement en
interdisant tout déplacement au Maroc des experts néerlandais mais
une nouvelle répartition des tâches entre experts des deux rives a
permis d’établir un diagnostic approfondi des élevages participants et
de maintenir la mobilisation des éleveurs.
La participation au débat public constitue, pour la Fondation, une occasion privilégiée pour réaffirmer son engagement et celui du CAM pour un développement agricole et rural durable, ainsi que mettre en avant son expertise auprès des différents acteurs du secteur.
La Fondation a partagé l’approche du CAM et l’impact positif de ses offres de financement lors de la conférence sur le rôle des institutions de la finance participative en matière de financement des Objectifs du Développement Durable, organisée en début d’année 2020 par Al Akhdar Bank.
La Fondation a également partagé son expertise lors d’un webinaire organisé par la FIMABIO sur le développement l’agriculture biologique au Maroc et aux principales perspectives de cette filière dans le cadre du plan stratégique « Génération Green 2020-2030».
Toujours en 2020, la Fondation a été sollicitée par le Département de l’Environnement pour participer à l’atelier dédié au secteur de l’agriculture dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie de Développement Bas Carbone à Long Terme intitulée « Vision Maroc 2050 », présentée par le Maroc au Sommet sur le Climat co-organisé par l’ONU et le Royaume-Uni en décembre 2020.
L’action de la Fondation a fait l’objet de diverses reconnaissances au niveau international, son engagement pour une
transition agro-écologique a pu être réaffirmé sur la plateforme internationale de l’Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l’Agriculture (FAO) dédiée à l’agriculture familiale « Family Farming Knowledge Platform ». En effet, la
Fondation a pu y partager le matériel pédagogique qu’elle a développé depuis 10 ans.
Pionnière dans la promotion de l’agroécologie et de l’agriculture bio au Maroc, la Fondation a aussi été identifiée comme
partenaire du projet de coopération entre les Ministères marocain et allemand de l’Agriculture « Dialogue Technique Agricole
et Forestier » (DIAF) dans sa composante « promotion de l’agriculture biologique ». Ce projet vise l’utilisation durable des
ressources naturelles dans les secteurs agricole et forestier à travers une intensification de l’assistance technique et des
échanges d’expertises avec l’Allemagne.
Son expérience dans la promotion des circuits courts d’agroécologie a été également retenue par l’Alliance pour la
Souveraineté Alimentaire en Afrique (AFSA) dans le cadre de son initiative « Façonner l'avenir des marchés agroécologiques
en Afrique ». L’action de la Fondation pour promouvoir les marchés paysans éco-solidaires a ainsi été diffusée lors de la
conférence biennale panafricaine sur les systèmes alimentaires ainsi que sur les réseaux sociaux de l’organisateur.